Publié le 24 Oct 2016 - 11:03
ANNEE AFRICAINE DES DROITS HUMAINS

Les ONG dénoncent le choix de la Gambie pour abriter les célébrations

 

Le choix de la Gambie pour abriter en octobre et novembre 2016 les célébrations de l'Année africaine des droits humains est une impertinence dénoncée par les organisations de défense des droits humains ce week-end en Gambie. 

 

C’est une révolution dont les contours continuent encore de créer une onde de choc en Gambie où règne en maître le président Jammeh depuis 22 ans. En marge des célébrations de l’année africaine des droits de l’Homme démarrées vendredi à Banjul, des organisations de défense des droits humains ont organisé un événement parallèle pour dénoncer ce qu’elles ont appelé le ‘’paradoxe de l’année’’.  

Sur initiative de l’organisation pour la liberté d’expression Article 19, plus de 50 organisations dont Human rights watch, la Société internationale des droits de l’Homme (SIDH), Amnesty international, se sont retrouvées pour regretter le choix porté sur la Gambie pour célébrer les droits humains en Afrique avec un accent particulier mis sur les droits des femmes. ‘’Faire un tel honneur à un pays dont les dirigeants ne cessent d’envoyer à la face du monde un visage hideux des droits humains est un paradoxe’’, tonne la directrice bureau Afrique de l’ouest de l’organisation pour la liberté d’expression, Article 19, Fatou Jagne Senghor.

Debout au milieu de tous dans une salle archi-comble de l’hôtel Kaïraba qui abrite les manifestations, elle poursuit sa diatribe : ‘’La célébration de l’année africaine des droits humains met un accent particulier sur les droits des femmes alors que lors des manifestations pacifiques de l’opposition gambienne en avril et mai 2016, plusieurs femmes ont été arrêtées et violées par les forces de l’ordre’’. Une information confirmée par la représentante d’Amnesty international qui est longuement revenue sur les dérives du régime de Banjul.    

Les organisations ont estimé que l’année des droits humains est d'une telle importance pour les citoyens d'Afrique qu’elle ‘’devrait se tenir dans un lieu où la vie et la dignité sont respectées et où les parties prenantes bénéficient amplement de la liberté d'apporter une contribution significative à cet événement historique, sans crainte ni risque de récrimination, encore moins, de persécution de la part des autorités étatiques’’.

Au cours des dernières années, la Gambie s’est révélée comme une championne de la violation des droits humains en Afrique. Des points de non-retour ont été atteints avec l’assassinat de l’opposant, secrétaire national à l’organisation du United democratic party (UDP), Ebrima Solo Sandeng, l’emprisonnement les 20 et 21 juillet 2016 du leader de l’opposition Usainou Darboe à 3 années ainsi que 29 de ses militants pour cause de manifestions non autorisées.

‘’C’est surtout par manque de moyens et des défaillances dans la coordination que la Commission de l’Union africaine a organisé l’année africaine des droits humains en Gambie’’, confie Ibrahima Kane chargé de plaidoyer d’Open society for West africa à l’Union africaine. Il s’est félicité de l’initiative d’Article 19 qui, selon lui, est une marque de solidarité avec la société civile gambienne.

Mame Talla Diaw (envoyé spécial)

 

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