Publié le 7 Feb 2012 - 18:30
APRES L’AUGMENTATION DE SALAIRE DE 5 MILLIONS

L’autre cadeau… mobilier à Cheikh Tidiane Diakhaté

 

Le président Wade n’a pas seulement augmenté le salaire de Cheikh Tidiane Diakhaté, président du Conseil constitutionnel. Il lui a aussi fait un cadeau… mobilier de presque 10 millions de francs Cfa au mois de décembre dernier, soit un mois avant la publication de la liste des candidats à l’élection présidentielle de février 2012. En effet, la ‘’Situation des marchés passés durant le 4e trimestre 2011’’ de la Direction centrale des marchés publics (DCMP) révèle que le juge du contentieux politique a bénéficié d’une enveloppe de 9 994 600 francs Cfa de la Direction du matériel et du transit administratif (DMTA) du ministère de l’Économie et des Finances. Ce, pour ‘’la fourniture de divers mobiliers et matériels d’appartement’’.

 

 

Une gratification faite le 23 décembre qui s’ajoute à celle du mois d’août de l’année dernière. En effet, un décret avait été pris à cette date pour amener les salaires des chefs de juridiction supérieure à 5 millions de francs Cfa. Étaient concernés par cette mesure, le président du Conseil constitutionnel, Cheikh Tidiane Diakhaté ; le premier président de la Cour suprême, Pape Omar Sakho ; le Procureur général près la Cour suprême, Abdoulaye Gaye ; le président de la Cour des comptes, Abdou Bame Guèye ; le Commissaire du droit à la Cour des comptes Fara Mbodji et la Vérificatrice générale de l’Inspection générale d’État (IGE), Nafy Ngom Ndour.

 

 

Au sujet de cette dernière, comme Cheikh Tidiane Diakhaté, elle a aussi bénéficié de cette faveur. En effet, la Vérificatrice générale de l’IGE a eu droit à 10 millions de francs Cfa pour refaire la décoration intérieure de son salon. La même somme, son… mari Sidy Mohamed Ndour en a aussi bénéficié et pour les mêmes raisons.

 

 

Ces avantages en numéraire et mobilier ont-ils influé sur la décision prise par Cheikh Tidiane Diakhaté et ses collègues du Conseil constitutionnel ? Toujours est-il que la candidature controversée du président de la République pour un troisième mandat a été validée par cette institution contre l’avis de la presque totalité les spécialistes en droit constitutionnel, y compris les rédacteurs de la Charte fondamentale.

 

Le Takkal rime avec gré à gré

 

Même s’il a réaffirmé avant-hier à Touba, en marge du lancement de sa campagne électorale, qu’il n’a pas de ‘’dauphin’’, le président Wade continuer d’encenser son fils, Karim Wade ‘’qui a une formation particulière qu’on trouve rarement’’ et à qui il a confié ‘’des choses où plusieurs ministres avaient échoué : la question de l’électricité, des infrastructures’’. Mais pour la question de l’électricité, il ne pouvait en être autrement à la lecture de la ‘’Situation des marchés passés durant le 4e trimestre 2011’’ faite par la Direction centrale des marchés publics (DCMP). En effet, ce document montre que la presque totalité des marchés passés par la Société nationale d’électricité (SENELEC) dans le cadre du Plan Takkal n’ont pas fait l’objet d’un appel à la candidature ; tout s’est fait de gré à gré. Et c’est un montant de 77,475 milliards de francs Cfa qui ont été dépensés.

 

 

Dans ce lot, il y a un marché de 65 milliards de francs Cfa passé à la Société africaine de raffinage (SAR) pour la ‘’fourniture de produits finis (Diesel, Gasoil, Fuel) dans le cadre du plan Takkal’’. Comme les 7,046 milliards payés à la société Wartsila (dont Samuel Sarr a été par le passé agent commercial avec d’être le Directeur général de la SENELEC) pour la ‘’fourniture, l’installation d’équipements et la réhabilitation de groupes électrogènes (lot n° 1 & 2)’’. Et que dire des 2 155 124 d’euros (1,4 milliard de F Cfa) pour une ‘’convention d'assistance à la maîtrise d'ouvrage pour la réhabilitation des groupes de production de SENELEC’’ avec Électricité de France (EDF). Un montant cumulé de 4,029 milliards de francs Cfa a servi à acheter, toujours de gré à gré divers ‘’fournitures de matériels électriques "urgence distribution’’ auprès d’entreprises sénégalaises et françaises.

 

Seulement, ces marchés passés par la SENELEC ne sont pas pris en compte dans les statistiques sur les marchés publics. En effet, d’après le document de la DCMP, 142 milliards de francs Cfa ont été dépensés au cours du dernier trimestre de l’année 2011, c'est-à-dire entre octobre et décembre dont 22,249 milliards par entente directe ou gré à gré. ‘’Les acquisitions de combustibles SENELEC ne sont pas prises en compte dans la présente situation’’, précise la DCMP dans son rapport. Une non prise en compte du fait que le Sénégal a dépassé le seuil de 20% de marché de gré à gré autorisé par le Fonds monétaire international (FMI) dans le cadre du programme Instrument de soutien à la politique économique (ISPE). En effet, en faisant le cumul sur l’année 2011, avec le marché de la SENELEC (77 milliards dans le dernier trimestre, 87 milliards dans le troisième), le Sénégal se retrouve à presque 30% de marchés passés de gré à gré.

 

Par ailleurs, d’autres marchés passés de gré à gré ont pour le moins un caractère bizarre, pour ne pas dire comique. C’est le cas du marché d’un montant de 749 millions passé par le ministère de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle pour la ‘’Réhabilitation du lycée Limamoulaye de Guédiawaye’’ à ‘’Vision Internationale des Produits (VIP)’’. Une entreprise qui, d’après nos informations, est inconnue du secteur des BTP.

 

Bachir FOFANA

 

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