Publié le 22 Jan 2015 - 18:02
ARRESTATION EN GAMBIE APRES LE COUP D’ETAT MANQUE

Amnesty demande l’inculpation ou la libération de 30 personnes arrêtées

 

Juger les personnes supposées avoir participé au putsch ou alors les libérer est une exigence d’Amnesty internationale à l’endroit des autorités gambiennes. L’organisation dénonce les arrestations arbitraires, le climat de terreur qui règne à Banjul.

 

«Les autorités gambiennes doivent inculper ou libérer les proches des personnes soupçonnées d'avoir participé au coup d'État manqué de décembre, et les autoriser à consulter un avocat sans délai», déclare Amnesty International. L’organisation de défense des droits de l’Homme soutient que «si les autorités gambiennes veulent que justice soit faite, elles doivent soit relâcher les personnes arrêtées, soit les inculper d'infractions dûment reconnues par la loi s'il existe des raisons légitimes de le faire». Amnesty déclare que les informations qu’elle a reçues font état de 30 personnes arrêtées depuis le début du mois de janvier, parmi lesquelles un adolescent de 16 ans.

C’est le cas des membres de la famille de Bai Lowe, un des supposés auteurs du putsch. «Cinq agents de la NIA, munis d'une liste de personnes à interpeller, ont effectué une descente dans la propriété qu'ils occupaient, dans un village situé au sud de Banjul. Ils ont arrêté le fils de Lowe, âgé de 16 ans, son ex-femme et son frère. On ne sait toujours pas ce qu'il est advenu d'eux ni où ils se trouvent», s’inquiète l’organisation.

Il en est de même d'Omar Malleh Jagne, frère de Njaga Jagne, tué par les forces de sécurité le 30 décembre. Omar Malleh Jagne, père de neuf enfants, a été emmené par la NIA dans un lieu inconnu. «On est sans nouvelles de lui depuis lors». Pire, ces individus, selon l’organisme, sont maintenus en détention, sans inculpation, par des organes chargés de faire respecter la loi tels que l'Agence nationale de renseignement (NIA) et la garde présidentielle. Il s’y ajoute que les défendre reste presque impossible pour leurs proches, car les forces de sécurité ont menacé d'arrêter quiconque exigerait leur remise en liberté.

Les proches des suspects fuient le pays

«L'arrestation et la détention prolongée des proches des auteurs présumés d'une tentative de coup d'État, qui n'ont pas eu la possibilité de contester la légalité de leur détention, sont contraires aux garanties juridiques fondamentales prévues par la Constitution du pays ainsi que par le droit international et régional relatif aux droits humains », estime Steve Cockburn, directeur régional adjoint d'Amnesty International pour l'Afrique occidentale et centrale.

L’Ong est d’avis que cette attitude de Banjul vise à installer la peur et non à rendre justice. D’ailleurs, informe Amnesty, plusieurs autres proches de suspects ont fui le pays, par crainte de représailles. Alors que des soldats soupçonnés d'avoir participé à ce coup d'État manqué devraient quant eux être bientôt arrêtés et jugés par un tribunal militaire. Et que s'ils sont reconnus coupables, ils encourent la peine de mort. 

BABACAR WILLANE

 

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