Publié le 30 Aug 2016 - 14:09
ARRETE DU PREFET DE MBOUR

Le Kankourang interdit de sortie 

 

La communauté mandingue devait célébrer sa tradition, du 28 août au 02 octobre, par des séances de circoncision d’enfants et d’apparition du Kankourang, tous les dimanches.  Vendredi soir, le préfet de Mbour, Saer Ndao, a sorti un arrêté pour interdire sa sortie, à cause de tensions.

 

‘’Monsieur le préfet, par la grâce de Dieu et votre bienveillance, le président, les dignitaires sages et les membres de la collectivité mandingue de Mbour… formulent des prières de santé, de longévité, de bonheur, de succès… Vous avez eu à marquer nos esprits positivement par des actes…’’. Ces propos ont été tenus par des dignitaires de la collectivité mandingue à l’endroit du préfet Saër Ndao, lors du Comité départemental de développement (Cdd) du 19 août dernier. 

Une semaine après cette déclaration, l’esprit positif de cette communauté s’est transformé en colère et rancœur. Car vendredi dernier, le préfet Saer Ndao a publié un arrêté pour interdire la sortie du Kankourang. Cette décision veut désamorcer la tension née entre la communauté et un des leurs qui veut organiser une cérémonie parallèle.

Cette affaire remonte à l’année dernière, lorsqu’après une brouille entre les sages de la collectivité et leur marabout, ce dernier a boudé l’activité de sa communauté. Il s’en est allé de son côté créer son Kankourang (une sorte de génie protecteur).

Cela n’a pas plu à la collectivité qui voit cet acte comme une offense contre leur culture. L’année dernière, le pire avait été évité entre le dissident et les membres de sa communauté. Cette année, Cissé a encore voulu sortir son Kankourang. Il a d’ailleurs circoncis une centaine de gamins. Toute la journée du samedi, les deux camps étaient dans le bureau du commissaire Tendeng en pourparlers afin de trouver une issue heureuse, en vain. D’après ce sage, ‘’le problème avait été réglé à l’amiable. Mais des jeunes n’ont pas accepté certaines conditions de l’entente’’. 

Ainsi, ce dimanche, les battements du djembo-djembo (séance de tam-tam), les cris stridents du Kankourang et le son de ses deux sabres ainsi que les réponses harmonisées de ses ‘’selbés’’ (accompagnateurs) n’ont pas réveillé la population. Les visages étaient crispés et la tristesse s’y lisait. Néanmoins, plus d’une centaine de jeunes ont arpenté les rues et ruelles de certains quartiers, pour célébrer la tradition, mais sans Kankourang. Ils se disent confiants que, d’ici la semaine prochaine, le préfet reviendra sur son arrêté. ‘’Nous espérons que dimanche prochain, le Kankourang va faire son apparition. On sent que les jeunes sont tristes et désespérés. Mais ils ne perdent pas espoir. Nous prions pour qu’une issue favorable soit trouvée, afin de permettre à notre communauté de célébrer sa tradition’’, dit une mamie.

Dans l’histoire de la communauté, c’est la troisième fois qu’un arrêté interdit la sortie du Kankourang. La première fois remonte à très longtemps. C’était à la suite de la mort d’un homme. La seconde fois, le Kankourang avait amoché l’œil d’un individu.

KHADY NDOYE (Mbour) 

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