Publié le 4 Jun 2018 - 21:26
ASSEMBLEE NATIONALE

Sonko se rebelle, Niasse boude la séance 

 

Les séances plénières ont été suspendues, hier, à la suite d’un refus du député Ousmane Sonko de quitter le pupitre. Sur ce, Moustapha Niasse a décidé de se retirer pendant une dizaine de minutes, jusqu’à ce que les choses reviennent à la normale.

 

Le député Ousmane Sonko et le président de l’Assemblée nationale ont eu, hier, un échange de propos aigres-doux. ‘’Un collègue député m’a envoyé une proposition pour une question préjudiciable. Mais vu que c’est quelque chose qui n’existe pas dans le règlement intérieur, je vais passer la parole au suivant’’, a déclaré Moustapha Niasse. ‘’Non, vous n’en avez pas le droit. Ce n’est pas ce que dit le règlement. J’ai évoqué le bon article et je vais parler en premier’’, a aussitôt rétorqué Ousmane Sonko. Ainsi, le député s’est dirigé devant le pupitre, empêchant son collègue de prendre la parole. Après des moments d’altercations, le président de séance, à savoir Moustapha Niasse, a quitté la salle pour une dizaine de minutes. A son retour, tout souriant, les bras levés pour saluer l’assistance, il s’assoit et dit : ‘’Ce message s’adresse à tous les députés, qu’ils soient de l’opposition ou de la majorité. Les Sénégalais nous écoutent et nous regardent. Le texte que nous sommes appelés à voter, nous allons en discuter comme nous l’avons fait avec tous les autres. Je connais personnellement tous les 164 députés. Parce que cela fait 8 mois qu’on se réunit à l’hémicycle pour remplir notre mission citoyenne. Nous allons donc respecter la loi et l’intérêt des Sénégalais.’’

Tenant à mettre les choses au clair avant la reprise de toute activité, il poursuit : ‘’Je vous assure que tant que je présiderai les travaux de l’Assemblée nationale, je n’accepterai qu’aucun député, qu’il soit de la majorité, de l’opposition ou non-inscrit, dicte sa loi. Ça non. Ça, ce n’est pas Moustapha Niasse. Non, je ne vais pas l’accepter. Je ne le ferai pour personne.’’  Selon lui, tout ce que les gens disent lors des plénières, c’est parce qu’ils ‘’sont devant les caméras’’. ‘’Fi néxna waaxé (C’est l’endroit idéal pour parler). Mais si on sort dans la rue, les choses vont se passer autrement. Elles se passeront autrement. Mais aussi… Non ! Non ! Non ! Attention ! C’est facile de parler et de contester à l’Assemblée parce qu’il y a les caméras, les journalistes sont là. Mais, Bilahi, Walahi, nous allons continuer nos travaux et nous allons le faire comme il le faut. Que vous criez, que vous vous agitez, nous allons poursuivre les discussions jusqu’à la fin’’, a-t-il renchéri.

Sachant que l’erreur est humaine, Niasse a concédé, selon lui, ce droit à Sonko. ‘’Vous avez demandé la parole par écrit, mais vous avez parlé de question préjudiciable au lieu de question préalable. Ce n’est pas du français. Vu que vous avez voulu forcer les choses, je me suis retiré. Or, vous ne pouvez pas prendre la parole s’il n’y a pas de président de séance. Si vous voulez vous exprimer, allez au stade Léopold Sédar Senghor’’, a-t-il précisé.

A la suite de ces événements, les députés de l’opposition ont décidé de boycotter ce temps de parole. Mais, lorsque ce fut le tour de Sonko de prendre la parole, certains de ses collègues se sont mis à crier. ‘’Traite, tu nous fais renoncer à la parole et tu te permets de la prendre’’, a lancé Cheikh Abdoul Mbacké. Réponse du député de Pastef :   ‘’Si je prends la parole, ce n’est pas pour un débat de fond, c’est par principe.’’ Ainsi, de l’avis d’Ousmane Sonko, ‘’il est temps que cette Assemblée nationale obéisse à son règlement intérieur et que son président cesse de se prendre comme étant le seul à le maîtriser et selon ses desiderata. Ce n’est pas acceptable’’.

 Sur sa lancée, le parlementaire de dénoncer les votes sans débat qu’il juge  inacceptables. Pour ensuite lancer un appel au président de l’Assemblée nationale. ‘’M. Niasse, nous vous respectons par rapport à votre âge. Nous demandons et nous exigeons de votre part le même respect. On ne doit pas interdire à un député un temps de parole’’, a-t-il regretté.

Mariama Diémé

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