Publié le 16 Jul 2016 - 09:56
ATTAQUE DE NICE

Ce que l'on sait

 

Un camion de 19 tonnes a foncé dans la foule peu après la fin du feu d'artifice du 14 Juillet. Il y a au moins 84 morts. Le conducteur a tiré à plusieurs reprises avec un pistolet avant d'être abattu par la police. La section antiterroriste du parquet de Paris s’est saisie de l’enquête.

 

Un attentat le jour même de la Fête nationale : à Nice, un homme au volant d’un camion a commis un carnage jeudi soir, quelques instants après la fin du feu d’artifices du 14 juillet, tuant au moins 84 personnes en leur fonçant dessus sur la Promenade des Anglais. Le chef de l’Etat a décrété trois jours de deuil national, samedi, dimanche et lundi. L’état d’urgence a été prolongé de trois mois en France.

Cette attaque est la plus importante commise en Europe depuis les attentats qui ont fait 130 morts le 13 novembre 2015 à Paris et 32 morts le 22 mars 2016 à Bruxelles, commis par le même réseau du groupe Etat islamique.

Que s’est-il passé ?

Jeudi vers 22h45, environ 30 000 personnes sont rassemblées sur la très populaire promenade des Anglais à Nice pour les traditionnelles festivités du 14 juillet. Le feu d’artifice vient de s’achever quand un camion blanc frigorifique fonce dans la foule. Il renverse sur une distance de deux kilomètres, entre les numéros 11 et 147 de la Promenade, les personnes se trouvant sur son chemin, dont plusieurs enfants. Des personnes enjambent le parapet de la promenade pour se jeter en contrebas sur la plage et échapper au véhicule, dont la course longue s’arrête non loin du Palais de la Méditerranée, un luxueux complexe hôtelier, pneus crevés, porte passager et pare-brise criblés de balles.

Le conducteur du camion tire ensuite à plusieurs reprises avec un pistolet sur trois policiers, roule encore sur 300 mètres, avant d’être abattu par la police.

Le poids lourd ‘’a changé de trajet au moins une fois’’ durant sa course de deux kilomètres, a affirmé une source policière. ‘’Il a clairement cherché à faire un maximum de victimes’’, a-t-elle estimé.

Les témoins de l’attaque ont décrit des scènes de panique lorsque le camion a fendu la foule, composée notamment de nombreuses familles. Autour, ‘’c’était le chaos absolu’’, ‘’des gens hurlaient’’, a décrit un journaliste de l’AFP présent sur place.

Très vite après l’attaque, de multiples rumeurs se sont répandues dans les rues de la ville avant d'être démenties.

Quel est le bilan de cette attaque ?

L'attentat de Nice a fait au moins 84 morts, dont 10 enfants et adolescents. A ce lourd bilan s’ajoute 202 blessés dont 52 personnes ‘’en état d’urgence absolue’’ qui sont ‘’entre la vie et la mort’’, parmi lesquels 25 sont encore en réanimation, a annoncé le Procureur de Paris François Molins ce vendredi vers 17 heures.

Des étrangers figurent parmi les morts : deux Américains, une Suissesse, un Russe, une Arménienne et un Ukrainien.

Un PC sécurité a été installé dans le Palais de la Méditerranée. Une cellule psychologique a été ouverte au Centre universitaire méditerranéen.

Qui est le conducteur du camion ?

Le tueur a été ‘’formellement identifié’’ hier après la découverte ‘’d'une carte conducteur et une carte bancaire au nom de Mohamed Lahouaiej Bouhlel’’, a annoncé le procureur de la République de Paris François Molins. Né le 31 janvier 1985 à Msaken dans la banlieue de Sousse (Tunisie), Mohamed Lahouaiej-Bouhlel habitait à Nice.

Ce chauffeur-livreur de 31 ans, marié et père de famille, était totalement inconnu des services de renseignement et n’avait jamais fait l’objet d’une fiche pour radicalisation. Il avait été condamné une seule fois en mars 2016 à six mois d’emprisonnement avec sursis pour des faits de violences avec arme commis en janvier 2016, à la suite d’une altercation lors d’un accident de la circulation.

Il n’avait donc jamais été incarcéré et n’était plus sous contrôle judiciaire depuis le 24 mars 2016, a précisé le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas. Il ‘’ne faisait plus l’objet d’aucun suivi de la part de l’autorité judiciaire au moment de l’attentat’’.

Une dizaine de voisins interrogés l’ont décrit comme ‘’solitaire’’ et ‘’silencieux’’.

Où en est l'enquête ?

Mohamed Lahouaiej-Bouhlel était seul à bord du camion qui a été loué quelques jours plus tôt à Saint-Laurent-du-Var (Alpes-Maritimes). Un pistolet automatique, un chargeur, des cartouches, un deuxième pistolet automatique factice, deux répliques de fusils d’assaut, une grenade percée et un téléphone portable ont été découverts dans la cabine du camion. L’enquête devra notamment déterminer comment le poids-lourd a pu pénétrer sur la promenade des Anglais, fermée à la circulation et ultrasécurisée pour la fête nationale.

Reste également à ‘’déterminer si le suspect a bénéficié de complicité, et ses éventuels liens avec les organisations terroristes islamistes, car je rappelle que ce type d’action s’inscrit dans les appels aux meurtres de ces organisations’’, a dit le Procureur de la République François Molins.

L'ex-femme de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a été placée depuis hier vendredi en garde à vue par les enquêteurs, a-t-on appris de source policière, confirmant des informations de presse.

Des perquisitions ont été menées deux adresses connues du suspect où ‘’divers matériels de téléphonie et informatiques ont été saisis’’, a précisé le Procureur de Paris.

S’agit-il d’une attaque terroriste ?

Le ‘’caractère terroriste’’ de cette attaque ‘’ne peut être nié’’, a affirmé François Hollande. L’enquête est entre les mains du parquet antiterroriste, dont quatre magistrats se sont rendus à Nice. Aucune revendication n’a été envoyée. ‘’Ce type d’action correspond très exactement aux appels permanents aux meurtres de ces organisations terroristes, tels qu’elles le prescrivent notamment dans leurs revues ou vidéos’’, a déclaré le procureur de la République de Paris François Molins, ajoutant que l’enquête s’attacherait à déterminer ‘’les éventuels liens’’ du tueur avec des groupes ‘’terroristes islamistes’’.

Le choix du mode opératoire et de cette date hautement symbolique évoquent les consignes de groupes jihadistes comme Al-Qaeda ou l’organisation Etat Islamique. Dans un message audio diffusé en 2014, le porte-parole officiel de l’EI Abou Mohammed Al-Adnani encourageait ceux qu’il nomme ‘’les soldats du califat’’ à utiliser n’importe quelle arme disponible. A l’image du jihadiste de l’EI Larossi Aballa, qui avait assassiné avec un couteau le 13 juin un policier et sa femme à leur domicile dans la région parisienne. ‘’Si vous ne pouvez pas faire sauter une bombe ou tirer une balle’’, leur disait-il, ‘’débrouillez-vous (…) renversez-les avec votre voiture’’.

Quelles mesures ont été prises ?

Trois jours de deuil national ont été décrétés de samedi à lundi, en hommage aux victimes. Les drapeaux français sont mis en berne dans tout le pays. La tour Eiffel sera illuminée en bleu-blanc-rouge vendredi soir et pendant les trois jours du deuil national. L’état d’urgence, qui devait prendre fin le 26 juillet, est prolongé de trois mois. François Hollande a aussi annoncé que l’opération Sentinelle était maintenue. Elle permet de mobiliser jusqu’à 10 000 soldats pour mieux surveiller certains bâtiments. La veille, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian avait annoncé que, compte tenu de la fatigue des effectifs militaires, ce nombre de soldats mobilisés, allait être ramené à 7 000 unités.

Enfin, François Hollande a décidé de faire appel à la réserve opérationnelle, un vivier de volontaires et anciens militaires, au service des armées et de la gendarmerie. Elle comprend 180 000 hommes et femmes au total, anciens militaires ou issus de la société civile, parmi lesquels l’Etat peut puiser en cas de nécessité.

Le plan Vigipirate est passé au niveau maximum ‘’alerte attentat’’ dans tout le département des Alpes-Maritimes, où se trouve Nice. Le plan Vigipirate est un ensemble de mesures prises pour lutter contre le terrorisme et pour protéger la population.

 LIBERATION.FR

 

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