Publié le 30 May 2016 - 19:02
ATTAQUES CONTRE LE SENEGAL, L’OCCIDENT, L’ONU, AMNESTY…

Jammeh sort la mitrailleuse

 

Yahya Jammeh a encore parlé. Et sa dernière intervention n’augmentera certainement pas la liste de ses amis, au contraire. Le président gambien s’en est pris à Macky Sall et Alassane Ouattara, tout en se disant prêt à attaquer le Sénégal si... Quant à Ban-Ki Moon et Amnesty international, ils ‘’peuvent aller en enfer’’.

 

Une fois son accession au pouvoir, le chef de l’Etat sénégalais a voulu placer son règne sous le signe du bon voisinage. Il a d’ailleurs réservé sa première visite officielle à son homologue de la Gambie. Mais l’interview que Yahya Jammeh a accordée à l’hebdomadaire Jeune Afrique dans son dernier numéro (2890, du 29 mai au 4 juin) indique clairement que Macky Sall a échoué. Parlant de ses relations avec le Sénégal, le Président gambien déclare : ‘’Elles sont bien pires que du temps d’Abdoulaye Wade ! Comme Macky Sall, il (Wade) était animé de mauvaises intentions, mais il était plus discret.’’

Ce que l’enfant de Kanilaï reproche au président Sall, c’est surtout de laisser les opposants gambiens s’exprimer librement au Sénégal. Selon Jammeh, Abdoulaye Wade n’a jamais permis à des ‘’dissidents’’ de son pays de proférer des menaces dans les médias publics sénégalais. ‘’Macky Sall, lui, le fait sans vergogne. Son gouvernement protège tous ceux qui complotent contre mon pays, tous ceux qui commettent des délits en Gambie et qui fuient en prétendant que leurs droits sont bafoués’’, charge-t-il. Le successeur de Daouda Jawara révèle qu’il a même adressé un message à son homologue dans lequel il s’est fait très clair. ‘’Si ces personnes qu’il protège attaquent la Gambie, alors j’attaquerai le Sénégal. J’y suis prêt’’, prévient-il.

A propos du blocus sur la frontière récemment levé, Jammeh soutient qu’il n’a fait qu’appliquer la loi du talion. D’après lui, ce sont les agents de l’administration sénégalaise qui ‘’imposaient un système de tarification illégal aux transporteurs gambiens’’. Il s’en est plaint, dit-il, depuis des années sans succès aucun, que ce soit avec Me Wade ou Macky Sall. Il a donc décidé de lancer la contre-offensive, en imposant ‘’les mêmes taxes aux Sénégalais’’.  

Par ailleurs, le Sénégal n’est pas le seul pays qui en a pris pour son grade. Ses alter ego du continent ont également fait les frais de cette sortie dans Jeune Afrique. Parlant des critiques que les Occidentaux lui adressent, il déclare : ‘’Je n’y peux rien si les Occidentaux son habitués à ce que les chefs d’Etat africains ne soient que des béni oui-oui, sans plus d’indépendance que Mickey Mouse. Moi je ne suis pas un suiveur, je dirige.’’ Sa faible présence dans les sommets régionaux s’explique donc par le fait qu’il y aurait dit la vérité qui dérange.

‘’Les Français ont mis leur marionnette au pouvoir’’

Parmi les suiveurs dont Jammeh parle, il y a sans doute Alassane Ouattara. Pour lui, l’ancien colonisateur a court-circuité la Cedeao pendant la crise pour intervenir en Côte d’Ivoire et imposer son homme de confiance. ‘’Les Français ont mis leur marionnette au pouvoir et ont décidé d’envoyer l’autre partie à la CPI’’, peste-t-il. Mais le premier des Gambiens n’a pas que des adversaires voire des ennemis dans le continent. Il réclame sa proximité avec Robert Mugabe, Alpha Condé et les défunts Présidents du Gabon et du Bénin, Omar Bongo et Mathieu Kérékou.

 Et quand on lui parle de Ban-Ki Moon et d’Amnesty international qui réclament une enquête suite au décès en garde à vue de l’opposant Solo Sandeng, le président gambien s’étrangle de rage : ‘’Ban Ki-moon et Amnesty international peuvent aller en enfer.’’ Du Yahya Jammeh tout cru !

Babacar Willane

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