Publié le 7 Jul 2015 - 18:46
ATTEINT D’UNE BALLE DANS L’AFFAIRE DOMINIQUE LOPY EN 2007

Ousmane Diao brise le silence et réclame justice

 

Huit (8) ans se sont écoulés, depuis qu’Ousmane Diao, alors âgé de 25 ans, a été blessé par balle, lors de l’émeute qui a suivi le décès de Dominique Lopy. Ne pouvant plus se servir de ses bras, il se sent « oublié et abandonné par la justice de son pays ».

 

Ousmane Diao, victime « oubliée et abandonné », est l’un des « rescapés » de la manifestation qui a suivi le décès de Dominique Lopy, cet homme de 34 ans qui a été trouvé mort, le samedi 12 avril 2007, dans les locaux du commissariat urbain de Kolda. Son décès avait occasionné une manifestation violente réprimée par les forces de l’ordre. Dans cette atmosphère de confusion, une balle tirée par les forces de l’ordre avait perforé un mur et atteint Ousmane Diao qui prenait un bain dans sa douche. « La balle m’a atteint au niveau du bras droit, au moment où une grenade lancée par un policier m’a trouvé dans la douche. Le sang coulait à flot et j’étais asphyxié par la fumée du gaz lacrymogène. Je ne pouvais pas respirer. Je suis tombé inconscient par terre, avant d’être évacué à l’hôpital régional de Kolda », a-t-il raconté.

2007-2015, voilà huit ans déjà que l’auteur de cet acte ignoble n’a pas encore été identifié. Une vie brisée, le visage défiguré par la tristesse, le natif du village de Marembé Demba, localité située dans le Saré Bidji, a perdu l’usage de ses bras. Il est atteint d’une paralysie complète du plexus brachial. Un handicap sérieux, car ses bras ne réagissent plus. « J’ai subi une opération au centre hospitalier régional de Kolda où la balle a été extraite de mon corps. Malgré tous ces efforts conjugués par les docteurs pour me sortir de cette situation insupportable, il a été constaté que parmi les 5 nerfs qui contrôlent le bras, 4 sont arrachés de ma moelle, donc irrécupérables. Je n’ai plus la chance de retrouver un jour une simple flexion/extension du bras. J’ai perdu à jamais l’usage du reste, dont la main », explique-t-il.

Que justice soit rendue

Aujourd’hui, Ousmane vit au quotidien avec des douleurs insupportables. « Je vis dans la douleur car il y a toujours des séquelles de la balle qui restent dans son corps ». Il continue également de réclamer justice. « On avait porté plainte. Et j’ai été entendu une seule fois. Depuis lors, la justice n’a pas réactivé le dossier. Voilà huit ans que la justice ne dit rien. J’ai l’impression que mon dossier a été classé sans suite par la justice de mon pays », dit-il. Sa souffrance, ajoute-il, est physique mais aussi morale. « Je suis privé de ma passion que sont les études, mais aussi de beaucoup d’activités. Je ne peux plus écrire. Finalement, j’ai abandonné les études alors que je faisais la classe de Terminale. Ma famille s’inquiète pour moi et pour mon avenir », soutient-il.

Ousmane Diao, élève en classe de Terminale en 2007, nourrissait l’espoir de sortir sa famille de la pauvreté. Et voilà que le destin en a décidé autrement. Il a vu son espoir fondre comme beurre au soleil. Malgré sa force et sa volonté, il commence à être gagné par le désespoir. Car, issu d’une famille pauvre, il ne peut plus étudier ni travailler dans les champs.

EMMANULE BOUBA YANGA (KOLDA)

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