Publié le 16 Feb 2015 - 08:51
ATTENTATS A COPENHAGUE

Les caricaturistes à nouveau visés

 

Très vite samedi soir après l’attentat au Centre culturel de Copenhague, il a été indiqué que c'est l'artiste suédois, Lars Vilks, qui était visé mais il est indemne. Un homme qui inscrivait justement sa démarche artistique dans la provocation. En 2007, il a représenté le prophète de l'islam avec un corps de chien. Il y a donc un lien avec ces fameuses caricatures du prophète Mahomet. Analyse de Guillaume Doizy, spécialiste des caricatures, et en particulier de la relation entre caricature et religion.

 

Quelles similitudes avec l'attentat contre Charlie Hebdo ?

« Il faut rappeler qu’en France, juste après la publication du numéro de Charlie Hebdo, suite aux attentats, le nouveau directeur, le dessinateur Riss, a de nouveau fait l’objet de menaces de mort et donc, vit lui aussi avec cette épée de Damoclès sur la tête. Certains journaux ont présenté Lars Vilks comme le "Charb local", mais je crois qu’il faut quand même faire une petite différence. C’est un artiste qui, depuis des dizaines d’années manie la provocation. Il est vrai qu’il avait représenté Mahomet en chien, c’était un peu exceptionnel chez lui, puisqu’il ne pratique pas la caricature dans la presse comme le faisait Charb. Mais, de toute façon pour les islamistes, toute personne qui soit représente Mahomet, soit caricature Mahomet, c’est insupportable et ça vaut menace de mort. »

Caricatures et liberté

« En Europe, des attentats il y en a eu beaucoup et ils ne viennent pas que du côté des islamistes. En 2011, Breivik qui se réclamait de l’extrême droite avait fait quand même 70 morts. Je crois qu’il ne faut pas résumer aujourd’hui la question de la liberté d’expression et de la censure aux seuls attentats des islamistes. Bien sûr que dans tout un tas de dictatures dans le monde, le dessin de presse et les journalistes sont sous une très étroite surveillance, parfois même molestés, parfois tués. Il faut prendre aussi un peu de recul et dire que dans les démocraties la liberté n’est pas totale, elle a un autre visage, elle est beaucoup plus discrète, mais plus d’ordre économique, et la question est surtout l’accès pour les dessinateurs aux très grands médias. »

Dessin de presse : l'exemple des Etats-Unis

« Dans les années 70 quasiment tous les grands journaux quotidiens avaient leurs dessinateurs maison qui étaient salariés. Aujourd’hui, ils en restent quelques dizaines et pourtant tous les journaux continuent à publier des dessins, mais ils en passent par ce qu’on appelle des "syndicates", des regroupements de dessinateurs. Là, le rédacteur en chef fait son marché. Chaque jour, le "syndicate" propose des dizaines de dessins sur un même sujet et le rédacteur en chef va prendre exactement le ton qui lui plaît, le sujet évidemment qui lui plaît, mais n’a plus ce conflit possible avec le dessinateur maison et cette espèce de contradiction entre l’opinion du journal, qui veut faire attention à ses lecteurs, qui doit faire attention à ses annonceurs... et évidemment l’opinion personnelle du dessinateur. »

La police danoise estime avoir abattu ce dimanche l'auteur des deux attaques samedi 14 février contre un centre culturel et une synagogue à Copenhague, qui ont fait deux morts et cinq blessés. Il a été identifié par les médias comme étant Omar el-Hussein, un Danois âgé de 22 ans.

Le suspect numéro un des fusillades de Copenhague a désormais un nom et un visage. Son nom, Omar el-Hussein, a été dévoilé ce dimanche soir par plusieurs médias, danois et étrangers. Sa photo, elle, a été diffusée par la télévision publique danoise.

On sait qu'il s'agit d'un Danois âgé de 22 ans et connu de la police pour actes de violence et détention d'armes. Il y a deux semaines, il était sorti de prison où il était incarcéré pour avoir agressé un homme dans le métro en 2013. Plus tôt, la police n'avait fait de lui qu'une description succincte : « entre 25 et 30 ans, environ 1m85, athlétique, d'apparence arabe et cheveux lisses. »

L'homme a été localisé après avoir été reconnu par un chauffeur de taxi. C'est devant un logement du quartier populaire de Norrebro, identifié comme l'un de ses possibles points de chute que les policiers ont tenté de l'interpeller. Ils disent alors avoir essuyé des tirs et ont répondu. L'homme a été abattu.

Après examen balistique et grâce aux caméras de surveillance de la voie publique, les enquêteurs acquièrent sans trop de difficultés la certitude que l’individu mort sous leurs balles était bien l’auteur des deux attentats où il a agi seul. Ils considèrent donc que c'est une seule et même personne qui a mené les deux assauts, alors qu’ils ne se disaient jusque-là pas en mesure de faire ce lien formel. La police a laissé entendre qu'elle soupçonnait l'homme d'avoir reproduit les attentats survenus à Paris en janvier dernier.

Ce dimanche après-midi, une vaste opération policière a été menée dans un cybercafé proche du lieu où a été tué le principal suspect. Selon la chaîne de télévision TV2, au moins deux personnes ont été arrêtées. Leur rôle aurait été de fournir armes, informations et hébergement. Des perquisitions avaient également lieu dans des logements du quartier de Norrebro. 

(Rfi.fr)

 

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