Publié le 4 Feb 2014 - 21:19
ATTRAIT POUR ESCROQUERIE

Un septuagénaire libre après 18 jours de prison  

 

Dame Ndoye ! A l’appel de son nom, un septuagénaire aux cheveux blancs s’éjecte d’un des bancs installés dans le box des prévenus. La démarche traînante du fait du poids de l’âge, le prévenu éprouve toutes les difficultés à quitter le box pour rejoindre la barre. Vêtu d’un grand boubou bleu, il  marche comme un caméléon.

Plus il avance, plus les commentaires fusent en sourdine dans la salle. Le public ne cache pas sa compassion sous tendue par une certaine curiosité. ‘’Ndeysaan !. Loi du muñël kenn. Lii dawna yaram’’ (Nul ne peut échapper à la loi. C’est vraiment triste), murmurent certains.

Devant les juges, Dame Ndoye se tient droit, après 18 jours passés à la prison de Rebeuss. Son séjour carcéral est dû à une parcelle qu’il a vendue à une dame. Seulement, ladite parcelle fait partie du domaine national. Or la loi de 1964 sur le domaine national a dépouillé les élites traditionnelles de leurs droits, mais certaines continuent toujours de réclamer l’héritage de leurs ancêtres.

Malgré cette disposition légale, Dame Ndoye s’est réfugié derrière l’ignorance de la loi en brandissant un certificat d’administration. Document en main, il a déclaré aux juges que la parcelle située à Keur Massar lui appartient en tant que legs de ses aïeuls. ‘’La parcelle appartient à (mon) grand-père et (elle) lui a été remise depuis 1985’’, a-t-il tenté de convaincre avant d’expliquer la transaction par des soucis financiers. ‘’J’ai décidé de vendre le terrain afin de subvenir à mes besoins’’, s’est-il justifié.

‘’Papa, vous devez savoir que la possession coutumière ne vous autorise pas à vendre. Il vous faut un titre foncier et un titre de propriété pour faire une transaction’’, a rétorqué le représentant du parquet. 

Après délibéré, le juge a reconnu Dame Ndoye coupable d’escroquerie. Toutefois le septuagénaire a échappé à une peine ferme car il a écopé de trois mois assortis du sursis. En plus, il devra rembourser la somme de 1,3 million à la partie civile.

EMMANUEL BOUBA YANGA

 

 

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