Publié le 22 Feb 2017 - 16:49
AUDITION DE KHALIFA SALL

Le maire de Dakar repasse aujourd’hui devant les enquêteurs

 

Le maire de Dakar était hier devant les enquêteurs de la Division des investigations criminelles pour être entendu sur la gestion de la caisse d’avance de sa municipalité. Après dix heures d’audition,  Khalifa Sall repasse devant les enquêteurs aujourd’hui à 11h.

 

Après Bamba Fall et Barthélémy Dias, c’est au tour du maire de Dakar de faire face à la Justice. Hier, Khalifa Sall a bouclé sa première journée d’audition avec  les enquêteurs de la Division des investigations criminelles. Cette audition qui entre dans le cadre de la gestion de la caisse d’avance de la mairie de Dakar a été éprouvante tant pour l’édile socialiste que pour ses souteneurs. Car, c’est à 19h 50 mn que  le maire de la capitale est sorti de son face-à-face avec les limiers de la Dic, accueilli par des slogans  de type  ‘’Khalifa président’’ scandés par ses sympathisants. De blanc vêtu, l’homme semble perdu au milieu de cette foule nombreuse venue le soutenir.

Des signes de fatigue se dessinent sur son visage mais le maire socialiste tient toutefois à garder sa sérénité pour rassurer les militants. ‘’Il n’y a pas de détournement, ni d’escroquerie, nous n’avons rien fait qui diffère de ce qui se faisait avant. Nous n’avons fait que continuer une pratique, une des modalités de gestion’’, déclare-t-il devant une foule compacte. Poursuivant son propos, Khalifa Sall renseigne que ‘’c’est une disposition réglementaire qui sert au maire de Dakar pour venir en aide aux populations qui en font la demande et aux institutions qui en ont besoin’’. Le maire socialiste précise dans la même veine que le tapage médiatique et le dénigrement ne passeront pas car, dit-il, son équipe et lui ne sont ni des voleurs ou des corrompus, encore moins  des détourneurs. ‘’Nous sommes des gens honnêtes qui avons géré cette ville avec beaucoup de patience et de transparence’’, explique-t-il. Aussi, selon l’édile de la capitale,  ceux qui les accusent aujourd’hui de  corruption connaissent bien la caisse d’avance car elle existe depuis 1920. Khalifa Sall précise qu’il n’est pas contre une bataille politique mais invite ses détracteurs à utiliser des armes loyales.

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‘’L’endurance des militants’’

La Brigade des affaires générales du Tribunal de Dakar a été très tôt prise d’assaut par les militants et partisans du maire de Dakar. Comme s’ils s’étaient passé le mot, la devanture de la cave a refusé des silhouettes blanches. Bandeaux, t-shirts, ou grands boubous blancs ont orné le décor. L’arrivée des responsables tels que Barthélémy Dias, Me El hadji Diouf … a soulevé de temps à autre des acclamations. Le temps passe et toujours rien. Pour combattre la faim qui commençait à les tenailler, les militants optent pour des sandwichs, arachides ou café. 17h, l’attente devient interminable et le froid commence à s’installer avec force. Et des questions fusent. Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi cela dure autant ? Sera-t-il placé en garde à vue ? Ont-ils réellement démarré les auditions ?  La foi en bandoulière, les inconditionnels de Khalifa Sall sacrifient à la prière  du crépuscule et pour implorer la sortie de leur leader. Des prières apparemment exaucées. Mais pour combien de temps encore ?

REACTIONS

CHEIKH BAMBA DIEYE (FSDBJ)

‘’Ce sont les premiers paliers des élections’’

‘’Je voudrais rappeler à chaque citoyen, partie prenante du combat de 2012, qu’on était dans les rues avec nos aînés pour que le Sénégal reste un Etat de droit afin que la Justice puisse régler les différends. Aujourd’hui, quelqu’un parmi nous qui a bénéficié du combat de l’ensemble des Sénégalais est en train de fouler au pied des règles de droit. Nous ne sommes pas des demeurés ni des ignorants. Nous sommes soucieux de l’Etat de droit et de la crédibilité de la Justice de notre pays. C’est la raison pour laquelle nous savons quand la Justice agit ou quand quelqu’un se cache derrière les lois et les moyens de la Justice pour régler ces questions politiciennes. Il n’est pas acceptable qu’un président de la République qui nous avait promis la rupture et la reddition des comptes se réveille aujourd’hui dans sa maison, dans son cercle restreint ou tous les voleurs de la République se retrouvent, pour chercher à opprimer ses adversaires politiques. Ce n’est pas une convocation de la Justice mais simplement les premiers paliers des élections législatives et de l’élection présidentielle.’’


MOUSSA TAYE (CONSEILLER TECHNIQUE DU MAIRE DE DAKAR)

‘’Nous sommes la mairie la plus transparente’’

‘’Nous sommes la mairie la plus transparente du Sénégal. Khalifa Sall devait être aujourd’hui félicité ; sa gestion est citée en exemple en Afrique. Il y a eu de la politique dans cette affaire depuis que nous avons décidé de rompre les amarres avec la direction du parti qui a décidé de se livrer mains et pieds liés au parti au pouvoir. Khalifa Sall a décidé de prendre son destin en main, c’est la raison pour laquelle il fait peur au pouvoir en place. Nous sommes depuis le début dans une décision aux ordres.  Rappelez-vous l’affaire du 05 mars à la maison du parti ; c’est sous le fallacieux prétexte de tentatives d’assassinat que nos camarades ont été écroués. Aujourd’hui, il y a des prisonniers politiques au Sénégal du fait de Macky Sall et de Ousmane Tanor Dieng’’.


OUSMANE SONKO (LEADER PASTEF)

‘’Il faut chercher les problèmes dans la gestion de Macky Sall’’

‘’Je suis venu en tant qu’acteur politique, en tant que citoyen simplement et au nom de la coalition ‘’Sam lignou bokk’’, témoigner notre solidarité à Monsieur le maire de Dakar qui vient s’ajouter à la longue liste des persécutés de Macky Sall. Pour certains, il s’attaque à leur profession, pour d’autres à leur vie privée, ou des histoires farfelues de gestion. Je pense que s’il fallait chercher des problèmes de gouvernance et de gestion, il faudrait aller les chercher chez Macky Sall. Son régime a enregistré le plus de scandales financiers de toute l’histoire du Sénégal en un temps aussi court. Nous sommes venus rappeler au président Macky Sall que l’instrumentalisation de la Justice et l’utilisation de l’appareil d’Etat à des fins de règlements de comptes politiques ne passeront pas.’’


BARTHELEMY DIAS (MAIRE SOCIALISTE)

 ‘’Malgré ces rapports, Macky Sall sera battu’’

‘’C’est un sentiment de déception, de désolation face au complot organisé avec la direction du Parti socialiste et qui a pour but de faire le vide au niveau du département de Dakar. Malgré tous les rapports qu’ils détiennent présentement, le président Macky Sall sera battu lors des prochaines élections législatives à Dakar. Ce sera une première dans l’histoire politique du Sénégal de voir l’opposition rentrer dans l’hémicycle avec une représentation plus qu’importante. Et vous comprendrez qu’à ce stade, la plupart des lois ne passeront pas parce qu’une loi nécessite les deux tiers pour être votés. Voilà ce qui nous vaut cet acharnement.

Je suis conseiller municipal à la ville de Dakar. Aujourd’hui, ce n’est pas la gestion de la mairie qui est convoquée mais la crédibilité du conseil municipal qui a voté le budget. Ces fonds dont on parle (30 millions de F CFA par mois)  sont soumis à un régime dérogatoire pour faire face aux aspects sociaux.  Le président Macky Sall bénéficie d’une caisse noire et bien avant lui tous ses prédécesseurs bénéficiaient  de cette caisse noire, c’est le nom qui est communément connu. Je rappelle que le président de l’Assemblée nationale, le président du Conseil économique social et environnemental, le Président du haut conseil des collectivités territoriales entre autres bénéficient tous de ces fonds qui sont soumis à un régime dérogatoire.’’

HABIBATOU TRAORE

 

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