Publié le 4 Jul 2019 - 16:29
AUTOROUTE A PEAGE ILA-TOUBA

Pourquoi les tarifs ne peuvent pas baisser 

 

 

Le Collectif citoyen des usagers de l’autoroute à péage a effectué, ce mercredi 3 juillet, une visite de terrain sur les tronçons Dakar - Thiès de l’autoroute Ila Touba, sous invitation de l’Ageroute, entreprise exploitante de l’infrastructure. Le collectif a profité de l’occasion pour exposer aux exploitants et au ministère des Transports, représenté à cette rencontre par son secrétaire général, les préoccupations des usagers telles que les tarifications et la sécurité sur l’autoroute.

 

Le Collectif des usagers de l’autoroute et les équipes techniques de l’Ageroute ont visité, ce mercredi, le tronçon Aibd - Thiès de l’autoroute Ila-Touba. Le collectif était accompagné par des membres du mouvement Y a en marre, de l’Association des jeunes géologues du Sénégal et du Cos23. Ces membres de la société civile ont exposé, à cette occasion, les préoccupations des usages de l’autoroute telles que les questions liées à la sécurité, à la tarification et aux financements.

Les usagers ont d’abord interpelé les autorités représentées par le secrétaire général du ministère des Transports sur les tarifs du péage jugés chers pour les citoyens. Mais, sur ce point, les autorités sont restées catégoriques. A les croire, il est impossible de baisser les prix, car Ila-Touba a ses particularités.

En effet, contrairement aux autres autoroutes, Ila-Touba est financé en partie par l’Etat (15 %) et la banque chinoise Exim Bank, à hauteur de 85 %. Cependant, la gestion de l’ouvrage revient à l’Etat sénégalais et sera confiée, après la période transitoire d’un an, à l’Ageroute. Les recettes générées par l’exploitation vont resservir à la prise en charge salariale du personnel de contrôle et de surveillance et à l’entretien de l’ouvrage. Le mode de payement des tarifs du péage est également différent de celui des autres autoroutes.

Selon les responsables de l’Ageroute, Ila-Touba veut s’inspirer des autoroutes à l’international, avec un mode de payement fermé où l’usager prend un ticket à l’entrée pour payer à la sortie. Ce qui permet de faciliter la fluidité du trafic et d’éviter les nombreux arrêts.

 ‘’La tarification est une question importante pour les citoyens. Nous avons fourni des explications sur les tronçons Ila-Touba et Aibd - Mbour et Thiès. Je pense que le collectif a reçu des réponses convaincantes, parce que si nous avions appliqué la vérité des prix sur les autoroutes, on aurait dû multiplier le prix actuel par au moins 4. Entre Touba et Thiès, le péage est à 2 500 F Cfa, ce qui correspond à 21 F le km. En réalité, l’Etat veut donner des prix sociaux, mais qui, au moins, permettent d’être capables d’entretenir et de maintenir l’ouvrage. C’est pourquoi nous avons fixé des prix qui permettent uniquement de supporter les charges générées par l’autoroute, car l’Etat ne cherche pas à gagner de l’argent sur cette infrastructure.

La baisse de ces tarifs relève aujourd’hui de l’impossible’’, explique Aubin Sagna, Secrétaire général du ministère des Transports.

De son côté, la délégation du collectif dirigée par Cheikh Oumar Sy a exprimé sa satisfaction à l’égard de l’Ageroute qui leur a ouvert ses portes pour discuter des questions qui préoccupent les usagers. ‘‘Ils nous ont donné une explication technique par rapport à l’investissement, par rapport au coût et au kilométrage. Et comme nous aussi, en tant que collectif, nous savons que le Sénégalais lambda ne voit qu’une seule autoroute. Il faut expliquer la raison de cette différenciation des prix.  On voulait aussi savoir, dans l’avenir, si l’ouvrage atteint sa maturation, est-ce qu’on pourrait aller à des montants dégressifs pour permettre non seulement aux citoyens lambda de l’utiliser de manière moins cher, mais aussi d’ouvrir des couloirs tout autour pour que ceux qui habitent dans les zones rurales puissent bénéficier, à grande échelle, de cette route’’, a déclaré, pour sa part, Cheikh Oumar Sy, le coordonnateur du Collectif des usagers de l’autoroute.

Les défis de la sécurité

Pour assurer la sécurité sur l’autoroute, l’Etat mise sur une technologie de pointe pour la surveillance des déplacements, tout au long de cette voie. À cet effet, un centre de surveillance équipé d’une technologie de dernière génération a été installé au poste de contrôle de Thiès, pour assurer la surveillance 24h/24. Le centre est directement connecté sur les vidéosurveillances installées sur chaque 5 km de l’autoroute, pour visualiser à temps réel les trafics et les services des gares de payement de péage. Ce qui permet, non seulement, d’avoir un aperçu clair sur la qualité des services offerts aux usagers dans les gares de péage, mais aussi de repérer très vite, en cas d’accident ou de panne, les véhicules concernés pour pouvoir intervenir en un court laps de temps.

En plus, les différentes vidéosurveillances permettent à l’Ageroute de repérer les gens qui ne respectent pas souvent les règlements, par exemple les habitants de certains villages environnants qui essayent souvent d’escalader l’autoroute et de traverser sans emprunter les passerelles. La vidéo permet d’appréhender les coupables de ces pratiques et d’appliquer les sanctions.

En cas d’accident ou de panne, également, la vidéo permet de vite localiser le lieu de l’incident pour déployer la patrouille la plus proche.

Il est également prévu d’équiper davantage la police, pour lutter contre certains comportements des usagers. L’Etat a pris un arrêté ministériel pour prendre en charge la sécurité sur les autoroutes. C’est la police et la règlementation de la circulation sur les autoroutes qui vont s’en charger. 

En effet, beaucoup d’accidents qui se produisent sont dus au comportement humain : excès de vitesse, somnolence ou alcool. Beaucoup de canettes de boisson alcoolisée ont d’ailleurs été ramassées sur l’autoroute à péage. ‘’Il y a de la sensibilisation à faire’’, estime Aubin Sagna. Qui ajoute : ‘’Nous ne sommes pas répressifs.  Nous voulons sensibiliser. Mais il faut parfois prendre des sanctions pour dissuader ces comportements qui causent des fois des pertes de vies humaines. C’est pourquoi nous avons équipé la police et la gendarmerie en cinémomètre pour que les forces de défense et de sécurité puissent apprécier avec un matériel homologué la vitesse à laquelle la personne roule. Ils vont aussi utiliser un alcotest pour apprécier le taux d’alcool dans le sang des chauffeurs suspects.’’

Tarifs exorbitants de remorquage

En outre, sur ces mesures de sécurité, le collectif des usagers a déploré le manque d’éclairage et les tarifs exorbitants pour le remorquage. Et certains se demandent s’il ne faut pas  faire appel à d’autres services pour le remorquage ou les réparations.

Mais les autorités de l’Ageroute freinent des quatre fers. ‘’On ne peut pas permettre à n’importe qui de remorquer, sinon ils vont le faire à la Sénégalaise, avec parfois des voitures remorquées à l’aide d’une corde. Il faut un changement de comportement. On ne peut laisser ce service à n’importe qui. Ce serait dangereux pour les usagers. Il nous faut fournir des services de qualité pour la protection des bonnes infrastructures’’, martèle  Abdoulaye Thiam de l’Ageroute.

ABBA BA

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