Publié le 23 Oct 2019 - 02:18
AVENIR POLITIQUE

Khalifa lance la bataille de 2024

 

Elargi de prison tout récemment, l’ancien maire, Khalifa Sall, a décidé de tourner la page et de prendre son avenir politique en main. Face à la presse hier, il a décliné, devant une foule de militants surexcités, quelques pans de son programme pour développer le Sénégal.

 

Pendant que Macky Sall limogeait Sory Kaba qui avait, quelques heures auparavant, affirmé sans équivoque qu’il en était à son second et dernier mandat, Khalifa Ababacar Sall, lui, livrait au peuple sénégalais un message de paix et de conquête. Toujours calme, posé et très serein, l’ancien édile de la capitale ne cache pas ses ambitions. Face à un parterre de militants totalement acquis à sa cause, il délivre un pan de son programme pour le Sénégal.

En première partie, vient naturellement la condition des détenus et, de façon surprenante, celle des gardes pénitentiaires. Il déclare : ‘’J’ai une pensée émue pour toutes les personnes privées de liberté. Mes pensées et ma gratitude s’adressent en particulier aux détenus de la maison d’arrêt de Rebeuss avec qui j’ai partagé cette partie de ma vie. Cette détention a renforcé mes convictions sur la nécessité d’améliorer les conditions de détention et le traitement des détenus. Elle m’a permis de voir les drames humains provoqués par les longues détentions préventives qui transforment des présumés innocents en présumés coupables avant même d’être jugés.’’

De l’avis de l’ancien secrétaire national à la vie politique du Parti socialiste, le séjour carcéral lui a permis de constater les effets désocialisants de la prison contre lesquels il faut rapidement apporter des solutions ‘’tels le maintien des liens familiaux, la transformation des lieux de privation de liberté en espaces d’acquisition de savoir-faire pour favoriser la réinsertion des détenus et l’élargissement de la gamme des sanctions pénales alternatives à l’emprisonnement’’.

Outre les détenus, ses pensées et sa gratitude, dit-il, vont également aux autorités pénitentiaires et aux agents de la maison d’arrêt de Rebeuss soumis à une pression insoutenable et à des rythmes astreignants. ‘’Cette situation doit obliger l’Etat à adopter un statut pour les agents de l’Administration pénitentiaire avec l’objectif d’améliorer leurs conditions de travail et de permettre à ces serviteurs de l’Etat d’exercer leurs missions dans la dignité’’, plaide l’ancien maire de Dakar.

Cela dit, Khalifa ferme cette séquence de sa vie et décide résolument de se tourner vers l’avenir. Pour lui, les rancœurs et autres frustrations sont à mettre de côté, depuis le 29 juillet.  ‘’Cette épreuve ne doit pas nous faire perdre notre humanité. Nous en sommes sortis le cœur ouvert. Cela est parfois mal compris, mais nous ne devons avoir ni haine ni rancœur, même dans l’adversité. Nous ne devons pas céder aux excès de la politique, ni perdre notre temps à ressasser le passé. Mes chers camarades ! Nous avons encore tant à faire ensemble pour notre pays. Mais avant de tracer la voie vers cet avenir commun, je veux évoquer, à grands traits, trois viatiques pour nous éclairer dans notre cheminement collectif au service du Sénégal’’.

A l’en croire, cette épreuve n’a pas entamé ses convictions.

Comme premier viatique, le patron de Taxawu Senegaal cite la résilience face aux dures épreuves de la vie. ‘’Si nous sommes plus résilients, et c’est le premier viatique, c’est donc grâce à notre identité que nous devons garder intacte. En évoquant la force de nos convictions et la fidélité à nos valeurs, je veux saluer le mérite de chacune et de chacun d’entre vous d’avoir cru à notre combat et de continuer à faire front’’, souligne l’ancien candidat à la candidature de la dernière Présidentielle.

Le deuxième viatique, selon lui, c’est le sacrifice consenti pour un Sénégal plus libre, plus prospère, plus juste et plus solidaire, à l’opposé du pays dans lequel nous vivons. ‘’C’est le deuxième viatique qui nous différencie du pouvoir et nous engage à nous opposer à ses politiques néfastes pour le peuple sénégalais. Nous restons sur cette ligne d’ancrage dans l’opposition avec responsabilité, mais sans compromission ; avec fermeté, mais sans excès’’.

Et charme le peuple des Assises

Oubliées par l’actuelle majorité qui en avait pourtant fait son programme de conquête du pouvoir en 2012, les Assises nationales ont à nouveau un candidat porteur de ses ambitions pour un Sénégal plus prospère. Khalifa Ababacar Sall en fait son troisième et dernier viatique. ‘’Parce que, affirme-t-il, elles reflètent la richesse des expériences et les attentes du peuple. Les conclusions des Assises nationales constituent le document de référence de notre projet. Bien entendu, il faudra les adapter au contexte et aux évolutions de notre pays, de l’Afrique et du monde, mais nous nous engageons à les mettre en œuvre sans rien omettre et sans les remettre en cause’’.

Selon Khalifa Sall, la concorde nationale a été, ces dernières années, mise à rude épreuve. ‘’L’école, fait-il savoir, pourrait contribuer à renforcer notre vivre ensemble, si nous en faisons le lieu de construction de la citoyenneté et le cadre d’acquisition de connaissances conformes à nos valeurs et adaptées aux besoins de développement de notre pays. Mais nous ne saurions appréhender le vivre ensemble dans toute sa mesure, si nous ne l’associons pas à un modèle de gouvernance qui en garantit la cohésion et la permanence’’.

Cela n’est possible, selon lui, que dans le cadre d’une République garante de l’Etat de droit et des droits humains. ‘’Cela nous engage à renforcer notre pacte républicain avec des garanties partagées et acceptées d’effectivité de la séparation des pouvoirs, de l’indépendance de la justice, de la démocratie, de la décentralisation, des libertés publiques, des droits humains et de la transparence dans la gestion des ressources publiques’’.

Pour l’ex-pensionnaire de Rebeuss, il est impératif de placer l’homme au cœur des politiques publiques et de le considérer comme la première ressource sur laquelle l’Etat doit investir. ‘’C’est dans cette mesure que chaque Sénégalaise et chaque Sénégalais, en zone urbaine comme dans le monde rural, pourra accéder à des soins de santé de qualité, à l’éducation, à la formation, à un emploi décent, à la protection sociale, à la sécurité et aux autres services publics en nombre et en qualité. C’est également dans cette mesure que l’Etat va garantir la solidarité avec les couches vulnérables et la solidarité entre les générations’’, a-t-il renchéri.

Ainsi, après avoir capitalisé les expériences vécues, il dit y avoir puisé une énergie nouvelle qu’il continuera à mettre au service du Sénégal. Et de déclamer : ‘’Et résolument tourné vers l’avenir de notre pays, seule perspective digne d’intérêt, je poursuis mon engagement politique avec vous, mes chers camarades, avec toutes celles et tous ceux qui partagent les valeurs de liberté, de progrès, de justice et de solidarité, et en étant ouvert aux apports fécondants de toutes les forces vives de notre pays. Et, tous ensemble, un pas après l’autre, dans la confiance retrouvée et dans une espérance partagée, nous marcherons vers un avenir prospère et solidaire.’’

MOR AMAR

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