Publié le 15 Jul 2014 - 22:49
AVORTEMENT CLANDESTIN

Un homme de 72 ans risque un an de prison

 

Pour avoir aidé une jeune dame à avorter, un infirmier à la retraite a été attrait hier à la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, pour avortement et exercice d’une profession légale et règlementée.

 

Divorcée et mère de deux enfants, Mame Coumba Seck a été engrossée par son amant. Pour éviter que l’opprobre lui soit jeté, la jeune mère de 28 ans a décidé de se débarrasser de sa grossesse. Sur les recommandations d’une de ses copines, elle a requis les services de Mame Bouna Sall. Un ancien infirmier de 72 ans qui a la réputation d’avorteur avec un parcours atypique. En fait, avant sa retraite, il avait quitté les salles de soins pour aller travailler à la défunte Banque nationale de développement du Sénégal (BNDS), avant d’émigrer en Italie. A son retour d’Europe, l’émigré a retrouvé sa première passion, en travaillant dans un cabinet médical qui appartiendrait à l’un de ses défunts beaux-frères.

Toujours est-il qu’en se rendant chez l’ex-infirmier, Mame Coumba Seck a pu se débarrasser de sa grossesse de 45 jours. Seulement, l’avortement a mal tourné puisque la dame s’est retrouvée à la maternité du centre Elisabeth Diouf de Guédiawaye. Sa forte hémorragie et ses douleurs abdominales ont poussé la sage-femme à conclure à un avortement. Il s’y ajoute que la patiente a expulsé le reste d’un fœtus. Interrogée par les policiers, la jeune dame n’a pas hésité à dénoncer son avorteur.

A l’enquête, ils ont reconnu les faits avec des aveux circonstanciés. Mais hier, les deux prévenus ont tenté de faire croire à un problème de règles. ‘’J’étais partie le voir pour un retard de règles et il m’a fait deux injections, tout en me prescrivant une ordonnance’’, a soutenu Mame Coumba Seck,  tout en précisant que c’est le lendemain que l’avortement s’est déclenché. ‘’Je lui ai injecté deux spasfon’’, a précisé le septuagénaire qui a réfuté l’avortement. Suffisant pour irriter le président Baldé qui a lui lancé : ‘’Vous me décevez vraiment. A votre âge, je ne pensais pas que vous alliez essayer de leurrer le tribunal, mais que vous alliez regretter !’’

Malgré cette remarque, Mame Bouna Sall a persisté à dire qu’il ignorait que sa coprévenue était enceinte. ‘’Vous saviez pertinemment qu’elle était enceinte’’, lui a rétorqué le président. Et l’un des assesseurs de revenir à la charge en disant au septuagénaire : ‘’Vous êtes père de 30 enfants. Si vous voulez qu’on vous aide, il faut dire la vérité’’.

A sa suite, la représentante du parquet a requis un an ferme, convaincue du délit d’avortement, mais aussi d’exercice d’une profession légalement réglementée. Car, Mame Bouba Sall prétend que tous ses papiers pour justifier sa qualité d’infirmier ont été emportés par les inondations. Quoi qu’il en soit, la défense a jugé la peine sévère et a plaidé la clémence du tribunal. Délibéré lundi prochain.  

FATOU SY

 

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