Publié le 22 Jul 2017 - 06:34
BABA OUSSEYNOU LY (PRÉSIDENT DE LA SECTION ÉDUCATION DU CNDS)

‘’Les effets d’une année normale se mesurent sur deux ou trois ans’’

 

Baba Ousseynou Ly est tout nouvellement porté à la tête de la section éducation du Comité national du dialogue social. Cet ancien inspecteur académique de Dakar est allé à la retraire l’année dernière alors qu’il était Secrétaire général du ministère de l’Education. À travers cet entretien, il revient, avec beaucoup de précautions, sur les fuites au bac 2017 et le déroulement de l’année scolaire finissante.

 

Quelle appréciation générale faites-vous des résultats du BFEM et du Bac ?

D’abord je ne peux pas avoir une analyse  globale des résultats. Je n’ai pas encore tous les éléments, j’ai juste des résultats épars. J’entends les gens parler du déroulement de l’année. C’est vrai, Il y a eu une année sans perturbation, c’est quelque chose d’extraordinaire. Depuis une dizaine d’années, on n’a pas eu une année normale comme celle-là. Maintenant, je ne préjuge pas des résultats. Même s’ils ne sont pas bons, cela n’a aucun lien avec le déroulement correct de l’année scolaire, parce que les effets ne se font pas sentir sur une année, mais sur deux à trois ans. Les élèves de cette année ont subi dans leur cursus les effets négatifs des cours perturbés dans le passé. Il ne faut pas que les gens fassent la relation entre le déroulement correct et les résultats de cette année qui, par hasard, peuvent être mauvais. Les effets d’une année normale se mesurent sur deux ou trois ans.

Autrement dit, il faut un cycle pour faire un jugement ?

Oui, ce n’est pas en une année qu’on va rectifier les problèmes du passé. Certainement que les gosses, depuis la 6ème, n’ont pas connu d’année normale. Si aujourd’hui ils n’ont pas de bons résultats, pour moi c’est logique. Maintenant on va corriger tout ça progressivement. Souhaitons que dans l’avenir, on ait des années sans perturbation. C’est sûr qu’au bout de trois, quatre ans, on va relever la barre.

Certains ont pointé du doigt le déroulement du bac. Pensez-vous que cela a pu avoir un impact ?

Très franchement, je ne pense pas. L’aspect psychologique est difficile à évaluer, mais du point de vue purement organisationnel, administratif, à mon avis, ça ne devrait pas avoir d’effets négatifs sur les résultats. Les psychologues vous diront qu’il peut y avoir un choc chez les élèves, mais cela est difficile à mesurer. Mais du point de vue organisationnel, il y a eu des difficultés mais l’Office du bac s’est réajusté à la nouvelle situation et a pris des mesures pour que les choses se déroulent normalement.

Vous pensez que l’Etat du Sénégal prendra les mesures correctives nécessaires pour que l’ensemble des examens et concours se fassent normalement ?

J’ai fait 38 ans dans l’Education, s’il y a une chose que l’Etat du Sénégal, le ministère de l’Education et celui de l’Enseignement supérieur ont toujours pris au sérieux, c’est l’organisation des examens. C’est une activité que les gens prennent très au sérieux, de l’école au ministère en passant par les inspections de l’éducation. Des impairs peuvent arriver, mais globalement, c’est une activité prise très au sérieux. Et compte tenu de l’ampleur des fuites de cette année, je suis persuadé que toutes les mesures seront prises pour qu’on puisse avoir une meilleure organisation et sécurisation de l’épreuve.

À votre avis, qu’est-ce qui a permis d’avoir une année scolaire apaisée ?

Je crois que c’est le dialogue. D’abord les négociations. Quoi qu’on puisse dire, le gouvernement a tenu parole sur beaucoup de choses. Les validations, les reclassements, les rappels ont connu une évolution positive. Beaucoup de choses restent à faire, il faut le dire, mais il y  a eu un déclic extrêmement important. Beaucoup d’enseignants ont vu leur situation administrative et financière rétablie. Le ministère de l’Education a aussi initié une rencontre mensuelle avec les syndicats d’enseignants, la société civile, les parents d’élèves et autres. Ce qui est une bonne chose. Je crois que cela a permis de restaurer la confiance entre l’Etat du Sénégal, les organisations et la communauté éducative. Cette planification, ces rencontres périodiques permettent de donner les bonnes informations et rapprocher les parties prenantes.

Vous insistez  sur le dialogue, mais est-ce que les élections de représentativité y sont aussi pour quelque chose. On a l’impression que les syndicats étaient occupés à pêcher des voix ?

Je ne pense pas. C’est peut-être un facteur explicatif, mais ce que je viens de dire me semble plus important que la pêche aux voix. Il y a peut être un effet avec les élections, mais les autres aspects sont plus objectifs. Que les enseignants soient rétablis sur le plan administratif et financier est très important.

Qu’est-ce que le Comité pour le dialogue  social est en train de faire pour une année scolaire 2017-2018 apaisée ?

J’ai pris fonction le 17 juillet, aujourd’hui (avant-hier mercredi) c’est le 19. Je n’ai pas fait grand-chose. Je suis en train de me mettre à niveau pour savoir ce qui a été fait, avoir une bonne lecture de la situation et de voir comment faire pour rapprocher les parties pour qu’il y ait des consensus qui permettent à la prochaine  année scolaire  de se dérouler dans de bonnes conditions. 

PAR BABACAR WILLANE 

 

Section: