Publié le 17 Feb 2016 - 00:43
BABACAR GAYE, PORTE-PAROLE DU PARTI DEMOCRATIQUE SENEGALAIS

‘’Abdoulaye Wade est français de naissance’’

 

Après la demande formulée par le Secrétariat exécutif du parti au pouvoir, d’ouvrir une enquête parlementaire pour élucider l’affaire de la double nationalité d’Abdoulaye Wade, Babacar Gaye est monté hier au créneau pour apporter la riposte. Selon le porte-parole du Parti démocratique sénégalais (Pds), Me Wade est français de naissance parce que né à Saint-Louis à l’époque coloniale.

 

Comment appréciez-vous le débat sur la double nationalité entretenu depuis quelques jours par les acteurs politiques ?

Le débat controversé sur la bi ou double nationalité est inutile, dangereux et contre-productif. Ceux qui l'ont soulevé ne sont motivés que par un funeste dessein de poursuivre la diabolisation de Me Abdoulaye Wade et les membres de sa famille. C'est une boîte de Pandore qu'il ne faut pas ouvrir. Les pays qui l'ont fait ont sombré dans la guerre civile et des crises cycliques déstabilisatrices. L’Alliance pour la République (Apr) qui l'alimente devient un danger pour notre nation. Il faut le circonscrire sans délai.

Mais, quel est votre avis sur la question ?

Comme le dit si bien Me Abdoulaye Wade, il faut distinguer les concepts de binationalité et de double nationalité. Il y a des citoyens sénégalais qui ont une autre nationalité acquise par la naissance. Ce sont les binationaux. Karim Wade qui empêche le pouvoir de dormir en fait partie. Alors que d'autres citoyens ont acquis une autre nationalité avant ou après leur majorité; Ils ont une double nationalité. Les premiers continuent de bénéficier de leur citoyenneté sénégalaise alors que les seconds la perdent automatiquement en application de l'article 18 du Code de la nationalité sénégalaise en vigueur. Beaucoup de concitoyens sont dans ce dernier cas et l'ignorent pour la plupart. J'estime que cette clause de la nationalité exclusivement sénégalaise est inique et injuste pour les binationaux qui n'ont pas demandé à naître comme tel et qui pourraient apporter beaucoup pour leur pays. Faut-il les exclure du jeu politique ? Ce n'est pas mon avis. Il n'est dit nulle part qu'un Président exclusivement sénégalais serait plus patriote qu'un binational qui aime son pays.

Le parti au pouvoir demande la mise en place d’une Commission d’enquête parlementaire pour élucider cette question. Comment appréciez-vous cette démarche ?

J'ai été le premier à exiger la constitution d'une Commission d'enquête parlementaire pour faire la lumière sur la nationalité de nos élites. Contrairement aux faucons de l'Apr qui entonnent ce refrain, ce débat ne doit pas concerner uniquement Me Abdoulaye Wade et son fils. Je suis pour cet exercice si dans son objet, on n’écarte pas Macky Sall, sa famille, son gouvernement, sa haute administration et ses députés. Et je peux d'ores et déjà engager mon parti qui est pour un jeu démocratique transparent.

Que peut espérer le parti de Macky Sall à l’issue de cette procédure ?

Déroute et honte. Macky Sall et son parti payeront le plus lourd tribut si l'on devait procéder à une enquête minutieuse sur la nationalité des Présidents, Premiers ministres, ministres, députés, ambassadeurs, directeurs généraux, etc. Ils sont nombreux dans son camp à avoir perdu leur citoyenneté sénégalaise et à siéger en Conseil des ministres ou à occuper des postes de responsabilités nationales. Ouvrons la boîte de Pandore et on verra.

Est-ce que le président Abdoulaye Wade devrait s’inquiéter ?

Absolument pas. Me Abdoulaye Wade n'a rien à se reprocher d'autant qu'il était exclusivement sénégalais quand il briguait le suffrage des Sénégalais. Il faut le rappeler, Me Abdoulaye Wade est français de naissance parce qu'il est né officiellement à Saint-Louis, l'une des quatre communes de la Colonie française du Sénégal. Il s'est d'abord présenté à l'agrégation sans succès en tant que Français. Ensuite, il a renoncé à sa citoyenneté française et a été reçu comme agrégé à titre d'étranger.

Ce qui lui enlevait automatiquement tous les droits et avantages prévus pour son statut de professeur de l'Université de Dakar alors que ses collègues étaient grassement rémunérés. Enfin il s'est présenté aux présidentielles de 1993 et de 2000 en tant que candidat de nationalité exclusivement sénégalaise. Mieux, s’il redoutait d'être exclu de la compétition électorale en 2007, il aurait profité du référendum de 2001 et modifié la Constitution de 1992. Franchement c'est mal connaître l'homme que de penser qu’il peut nourrir un brin de sentiment d'inquiétude parce que quelques brebis égarées de l'Apr auront agité cette question.

N’est-il pas exposé à des poursuites judiciaires pour parjure?

Quels devraient être les éléments constitutifs du délit de parjure qui serait prévu par notre code pénal ? Je n'en vois pas.

PAR ASSANE MBAYE

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