Publié le 10 Jul 2012 - 20:06
BAISSE DES PRIX DU GAZ BUTANE

Les nouveaux tarifs pas encore appliqués

Entre l’acceptation des nouveaux prix, le manque de gaz, le refus de respecter les nouveaux tarifs et la colère des populations contre les boutiquiers rebelles, l’arrêté sur les prix des produits des hydrocarbures, notamment en ce qui concerne le gaz butane, sème la dissension entre consommateurs et boutiquiers.

 

La baisse du prix du gaz butane, décrétée samedi dernier (bouteille de 6 kg 3250 F Cfa au lieu de 3600 et celle de 2,7 kg à 1 510 au lieu de 1 620), c’est une bonne nouvelle pour les consommateurs mais qui a du mal à passer chez les boutiquiers. En effet, les ménages sénégalaises qui se réjouissent d'ores et déjà de la décision du Comité national des hydrocarbures (CNH) devront prendre leur mal en patience pour l'effectivité de la baisse dans l'ensemble des boutiques, car certains commerçants ne comptent pas respecter le décret tant qu’ils n’auront pas épuisé leur stock.

À HLM Fass, debout derrière son comptoir, la chemise entrouverte, le front en sueur, Mamadou Ly accuse le coup de la chaleur de cette après-midi. ‘’Oui je vends mes bonbonnes de gaz à 3250 F Cfa conformément à l'arrêté car je les ai chargées au même prix ce matin (hier)’’, informe-t-il. À quelques mètres de son officine, peint en bleue foncée, la cage en grillage vide où on expose les bonbonnes de gaz, le commerçant qui n'a pas encore écho de la baisse du prix du gaz refuse d'avoir caché ses bonbonnes pour ce motif : ‘’Ah ! Moi je ne sais même pas qu'on a diminué les prix. Et ce n'est pas pour cela que je dis que je n'ai pas de gaz’’, se défend-il.

À la rue 43x26 de la Médina, assise devant sa boutique, de teint clair et l'éventail à la main à cause de la canicule, la femme du boutiquier est loin de vendre le gaz butane au prix indiqué. ‘’Le gaz, c'est à 3700 F Cfa, rétorque-t-elle. On a acheté les bonbonnes au même prix et pourquoi les diminuer alors qu'on ne les a pas encore écoulées’’. En face de sa boutique, son voisin qui vend toujours le gaz aux prix anciens montre son étonnement quand on lui dit que les prix ont baissé. ‘’Comment ? Je ne suis pas au courant. Attendez, je vais me renseigner pour savoir’’. De retour, le bonhomme est divisé comme le reste de ses frères boutiquiers : ‘’Certains ont dit que les prix ont baissé et qu'ils vendent aux prix indiqués alors que d'autres déclarent qu'ils vendront par rapport aux prix de leur chargement en attendant d'écouler leurs stocks. Mais moi, je ne sais pas encore quoi faire’’, dit-il, le visage toujours stupéfait.

La population demande un ''audit'' des boutiquiers

Entourés par ses enfants sous l'arbre à palabre sis devant sa maison, à la Médina 39x22, Khady Diop fustige l'attitude de certains boutiquiers. ‘’Ils ne sont pas honnêtes et croyants. Quand ils augmentent, ils n'attendent pas de finir leurs stocks. Mais quand il s'agit de baisser, ils veulent attendre de finir leurs stocks’’, enrage cette dame d’une cinquantaine d’années. Toujours à la Médina, cette fois-ci à la Rue 31x22, pot d'eau fraîche à la main, Mme Ndiaye enfonce le clou : ‘’On leur (boutiquiers) demande de baisser les prix et ils ne le font pas ; le gouvernement, de la même façon qu'il audite les politiciens,  doit le faire sur les boutiquiers qui se font de l'argent dans le dos des Sénégalais’’.

 

MAMADOU LAMINE SANÉ

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