Publié le 1 Jul 2015 - 21:23
BAMBA DIOP, PRESIDENT DES ALBINOS (ANAS)

‘‘Il y a des choses qui se passent au Sénégal ’’

 

L’association nationale  des albinos du Sénégal (Anas), en collaboration avec le centre d’information des Nations unies (Cinu), veut porter la bataille pour une reconnaissance des droits des albinos. Mais la priorité est à la démystification du phénomène.

 

Enfants de la lune en Afrique, enfants du soleil en Amérique du Sud ; les personnes atteintes d’albinisme subissent discriminations, violations de droits, viols, assassinats. La déclaration du haut-commissaire de l’Onu aux droits de l’Homme, Zeid Al Hussein, des centaines de personnes vivant avec l’albinisme dont une majorité d’enfants ont été tués, mutilés ou autrement agressés dans au moins 25 pays africains. Au Sénégal, trois meurtres présumés et 14 survivants à des tentatives ont été dénombrés. ‘‘Il y a des choses qui se passent au Sénégal. Il y a une discrimination injustifiée à notre encontre. Pire, il arrive que nous subissions des assassinats mystiques. Il faut que cela cesse’’, clame le président de l’Anas, Mouhamadou Bamba Diop.

Alors que la science parle d’une maladie héréditaire due à un défaut du métabolisme dans la mélanine, les préjugés mystiques qui entourent l’albinisme font des ravages. La croyance populaire qui consiste à entretenir des rapports charnels avec une femme albinos porte chance, ou que certaines parties de leurs corps (génitales surtout) confèrent des pouvoirs surnaturels, exposent les albinos à de graves menaces. Au total, 229 attaques ont été dénombrées sur les albinos à travers le monde entre 1998 et 2013 dont 147 morts. Dans 25 pays africains, 376 cas de violations ont été notées fait savoir Omar Azzabi du Haut commissariat pour les droits de l’Homme (Hcdc).

 Pour le sociologue, professeur à l’école supérieure d’économie appliquée (Enea), Moustapha Wone, cette crainte d’une condition inconnue que suscite l’albinisme renforce la stigmatisation. Pour lui, comme pour tous les autres intervenants, la nécessité de démystifier toutes ces croyances sur cette maladie héréditaire, est le défi social et sociétal le plus urgent à relever.

Législation

Dans la perspective de la lutte pour les droits des minorités, les Nations unies ont pris à bras le corps ce problème. Une résolution  adoptée par l’Assemblée générale le 18 décembre 2014 a proclamé le 13 juin journée internationale de sensibilisation contre l’albinisme. La bataille à l’interne est envisagée par l’Anas pour l’institution du cadre législatif qui va lui garantir une légalité. ‘‘ Nous constatons qu’il y a des pratiques discriminatoires. Par exemple 98% des personnes atteintes d’albinisme sont analphabètes car les enfants qui vont à l’école abandonnent vite à cause des différentes persécutions’’, dénonce le président Mouhamadou Bamba Diop qui espère que la législation sénégalaise va se mettre dans le sillage des Nations unies pour leur garantir l’équité.

Ousmane Laye Diop

 

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