Publié le 17 Aug 2015 - 17:51
BAMBA NDIAYE, ANCIEN MINISTRE

‘’Le chef de l’Etat a été lapidé’’

 

Le Comité d’Initiative des Intellectuels du Sénégal (CIIS) a organisé une rencontre ce vendredi pour parler de la mentalité et des comportements des Sénégalais. Le sentiment le plus partagé par les participants est que ceux-ci se dégradent de plus en plus et qu’il y a urgence d’agir.

 

‘’Ce qui s’est passé à l’université, c’est de la lapidation. Le chef de l’Etat a été lapidé ’’, a estimé ce vendredi Bamba Ndiaye, faisant allusion aux jets de pierres sur le cortège présidentiel à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). L’ancien ministre des Affaires religieuses prenait part à une table ronde organisée par le Comité d’Initiative des Intellectuels du Sénégal (CIIS). Le thème de la rencontre portait sur : la révolution des mentalités et des comportements.

Bamba Ndiaye a voulu s’appuyer sur la mésaventure du président de la République dans le temple du savoir pour marquer la détérioration des comportements dans le pays. ‘’Notre société devient de plus en plus violente. La preuve, les étudiants, pour élire leurs délégués sortent parfois des coupe-coupe ou des couteaux. Les gens pensent que la violence se trouve dans le milieu de la lutte exclusivement mais le problème gangrène aussi l’espace universitaire’’, explique-t-il.

Selon lui, cette situation est due à la faillite des autorités religieuses et politiques. Parce que ces dernières, au lieu de prendre en charge les préoccupations de la société, se sont mises dans une  logique de partage de privilèges au détriment du peuple. Bamba Ndiaye affirme que la vie luxueuse de certains politiciens est pareille à celle de beaucoup de chefs religieux. ‘’Nous avons une religion festive. Nos avons des fêtes religieuses à n’en plus finir. Les marabouts n’ont jamais essayé de régler les questions brûlantes dans ce pays. Idem pour les intellectuels. Ils n’ont jamais tenté de mettre fin à de mauvaises pratiques que nous avons héritées de nos traditions’’, croit savoir l’ancien ministre sous le magistère de Me Abdoulaye Wade

C’est dans cette même perspective que s’est inscrite la sociologue Fatou Sow Sarr qui souligne l’importance de réconcilier l’espace universitaire avec la société. ‘’Il y a une rupture entre les étudiants et le peuple. Au début, la population les soutenait dans leur lutte mais quand ils ont commencé à brûler des pneus et des bus, ils ont perdu le soutien de celle-ci’’, note la sociologue. Expliquant qu’un dialogue social doit être instauré pour que l’élite soit plus proche du peuple et que les productions universitaires soient connues du grand public.

Quant au sociologue Malick Ndiaye, il a invité la classe dirigeante à changer son comportement. ‘’Quand on dit que l’Etat a mis beaucoup de moyens dans l’Enseignement supérieur et qu’à la  place d’applaudissements, le président reçoit des jets de pierres, cela veut dire qu’il y a un problème’’, déclare-t-il. Le sociologue de poursuivre : ‘’Le changement des comportements doit d’abord commencer par les dirigeants. Ce sont eux qui doivent donner le bon exemple au bas peuple.’’

Malick Ndiaye annonce également qu’une guerre des partis politiques se dessine au Sénégal puisqu’on assiste aujourd’hui à un ensauvagement de l’espace politique. Ainsi, il appelle à un changement des comportements, sans quoi le Plan Sénégal émergent (PSE) ne sera qu’un échec à l’exemple des programmes initiés par Abdoulaye Wade et Mamadou Dia. 

EL HADJI FALLILOU FALL (STAGIAIRE)

 

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