Publié le 15 Mar 2017 - 23:08
BARTHELEMY DIAS (MAIRE DE MERMOZ-SACRE-CŒUR)

‘’Khalifa Sall n’a commis aucune erreur…’’

 

Le maire de Mermoz Sacré-Cœur réplique au porte-parole de la famille Sy de Tivaouane. Et  contrairement à  Serigne Abdoul Aziz Al Amine,  Barthélemy Dias pense lui que Khalifa Sall n’a commis aucune erreur. Dans cet entretien accordé hier à EnQuête, le lieutenant du maire de Dakar ‘’remercie’’ le ministre d’Etat Mbaye Ndiaye qui, selon lui, a dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas.

 

Comment appréciez-vous la sortie du porte-parole des Tidianes, Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine qui soutient que Khalifa Sall a commis beaucoup d’erreurs ?

Je voudrais d’abord remercier, au nom de tous les soutiens de Khalifa Sall, le porte-parole de la famille Sy, Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine, pour l’attention particulière qu’il a portée au dossier du maire de Dakar. Mais je voudrais rappeler que Khalifa Sall n’est demandeur d’aucune faveur. Il n’est demandeur d’aucune intervention. Tout comme l’écrasante majorité des Sénégalais, nous considérons aujourd’hui que Khalifa Sall est victime d’une cabale, d’une machination et d’un complot politique qui a pour but de créer un environnement dans lequel, la démocratie sénégalaise est visée et dans lequel les populations se verront dans une situation où l’opportunité de choisir leur sera refusée. Et c’est de cela qu’il s’agit. A ce titre, nous considérons que la position de tous les leaders d’opinion de ce pays, que ce soient les leaders religieux, syndicaux, politiques et de la société civile, est de dénoncer aujourd’hui cette façon de faire de la politique en manipulant une certaine partie de la justice à des fins exclusivement partisanes, claniques et politiciennes.

Je voudrais rappeler à l’endroit des uns et des autres que Monsieur Khalifa Sall n’a commis aucune erreur. La seule erreur qu’il aurait commise, c’est de nourrir une ambition pour notre pays au même titre que toutes ces figures politiques qui sont aujourd’hui traquées pour des accusations fallacieuses. Ces dernières partagent une seule chose en commun, elles doivent incarner une alternative au pouvoir actuel. Je souhaiterais que les uns et les autres ne sortent pas du contexte dans lequel nous nous trouvons. Nous ne sommes pas dans le sensationnel ou l’émotionnel. Nous sommes aujourd’hui dans le cadre d’une République. Il y a des mécanismes qui existent au niveau de la Justice dont le contrôle judiciaire, afin d’éviter d’envoyer un maire en prison. Je crois qu’il n’y a pas une seule personne à Dakar qui peut remplir plus de conditions de représentativité devant la Justice que le maire de Dakar. Parce que c’est le premier magistrat de la ville. Son placement sous mandat de dépôt ne se justifie pas. Nous disons à l’endroit surtout de notre père Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine que la Justice sénégalaise n’a pas mis sous mandat de dépôt Khalifa Sall. C’est Macky Sall, acteur politique, qui a mis sous mandat de dépôt Khalifa Sall pour des raisons électoralistes.

Al Amine dit que Khalifa Sall a été poussé à la faute par certains de son entourage. Qu’en pensez-vous ?

Je crois qu’Abdoul Aziz Sy Al Amine est mieux placé que moi, pour avoir participé à l’éducation de Khalifa Sall, pour savoir qu’il (Khalifa) n’est pas un homme qu’on manipule. Moi, je fais partie de l’entourage de Khalifa Sall et je ne suis pas un manipulateur. Nous sommes des acteurs politiques. Certes des êtres humains parce qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite. Mais je voudrais dire à l’endroit de ceux qui pensent que Khalifa Sall a été manipulé, que cela n’est pas le cas. Cette décision de communiquer a été prise par le Conseil municipal de Dakar pour informer en particulier les populations dakaroises et en général celles sénégalaises et la communauté internationale, du vaste complot qui était en train de se tramer à l’époque et qui n’avait qu’un seul objectif : anéantir le maire de Dakar. Je le répète, ce sont des fonds politiques qui ont été visés. Le procureur de la République est donc incompétent de même que le doyen des juges parce qu’il n’est pas à la Cour des comptes. Je rappelle que l’Etat du Sénégal ne paye personne en numéraires. Il ne paye pas de fournisseurs en numéraires. Il ne paye pas de salaires ni de bourses ou encore d’aides sociales en numéraires.

Dès lors que Khalifa Sall reconnaît lui-même qu’il y a toujours eu un amalgame entre la nature de la caisse d’avance et celle des fonds qui y étaient logés, ne pensez-vous pas qu’il a prêté le flanc ?

Il n’a pas prêté le flanc. Je voudrais d’ailleurs rappeler que, en convoquant le classement de l’ARMP qui dit que sur les 534 collectivités locales du pays, la ville de Dakar est numéro 1 en passation et en exécution des marchés. Je précise que le rapport de l’Inspection générale d’Etat n’a fait que des recommandations en remettant en cause les conditions de création et de fonctionnement de cette caisse. Je rappelle que cette caisse a été créée quand Mamadou Diop était maire de Dakar. Aujourd’hui, Mamadou Diop est vivant et en bonne santé tout comme Pape Diop ; pourquoi ils n’ont pas été entendus juste pour une information ? Le rapport de l’IGE a été remis au président de la République qui refuse de le rendre public.

Parce que le rapport a félicité la gestion de Khalifa Sall et n’a fait que faire une seule recommandation sur les conditions de création et de fonctionnement de la caisse. Pourquoi on veut prendre aujourd’hui une histoire aussi légère pour en faire une affaire d’Etat ? On veut aujourd’hui chercher à présenter Khalifa Sall comme étant un détourneur de deniers publics, à la limite même, un escroc pour ne pas dire un malfaiteur. Khalifa Sall, après avoir fait sa déclaration de patrimoine, lors de cette conférence de presse, il a eu l’honnêteté intellectuelle de demander à l’Etat de l’entendre au niveau de la CREI pour voir s’il s’est enrichi ou pas.

Quand des gens qui, en 2000 étaient locataires, sont devenus multi milliardaires en 2009, ils ont besoin de s’expliquer devant le peuple sénégalais. Khalifa Sall est un serviteur de l’Etat du Sénégal depuis 1983 où il a été élu député à l’Assemblée nationale. De 1983 à nos jours, il n’a pas cessé de servir le Sénégal à des postes de député, membre du bureau de l’Assemblée nationale et ministre. Je rappelle qu’au-delà du maire de Dakar qui est emprisonné, c’est le maire des maires d’Afrique en tant que président de Cité et gouvernements locaux unis d’Afrique qui est en prison. Je pense qu’il faut savoir raison garder. Il ne s’agit de rien d’autre que d’une volonté du Président Macky Sall de refuser les règles du jeu démocratique en acceptant d’affronter des adversaires politiques qui sont aussi crédibles que lui et porteurs d’une alternative pour l’intérêt des populations sénégalaises.

Quel commentaire vous inspire  la déclaration du ministre d’Etat Mbaye Ndiaye ?

Je souhaiterais d’abord féliciter mon oncle Mbaye Ndiaye. Je crois que dans le camp présidentiel, c’est le seul qui jouit d’une certaine honnêteté  intellectuelle. Parce que Mbaye Ndiaye a dit tout haut et tout fort ce que dit tout le monde pense tout bas avec une hypocrisie sans précédent. Mbaye Ndiaye a eu le courage et la franchise de respecter les Sénégalais en leur disant que Khalifa Sall est en prison pour des raisons exclusivement politiques parce qu’il a eu à commettre un délit : c’est de nourrir une ambition pour le Sénégal qui l’a vu naître et grandir. A ce titre, je le remercie et je le félicite.

L’opposition a récemment proposé Khalifa Sall comme tête de liste à Dakar pour les législatives. Comment appréciez-vous cette proposition ?

Je voudrais dire à l’endroit de ceux qui proposent Khalifa Sall comme tête de liste de l’opposition pour le département de Dakar que cela est déjà acté. Je prends à témoin plusieurs leaders de Manko wattu Senegaal. Nous allons nous battre pour que Khalifa Sall puisse être libre et présent physiquement pour ces élections. Si par extraordinaire il reste en prison, qu’il soit dit, entendu et retenu que ce n’est pas une proposition, Khalifa Sall sera notre tête de liste nationale. Nous ne sommes pas dans les dispositions de discuter de cela avec qui que ce soit. Aujourd’hui, ce qui vaut à Khalifa Sall tous ses déboires politiques et non judiciaires, c’est qu’il est la pierre angulaire de la réunification de l’opposition aujourd’hui significative. A ce titre, je crois que, aussi bien les libéraux que les réformateurs ainsi que les autres forces de l’opposition sont tous d’accord que le leadership de Khalifa Sall, de par son ouverture, sa disponibilité,  n’est plus à remettre en cause.

Est-ce qu’une condamnation du maire de Dakar ne risque pas de perturber vos plans ?

Je pense que si d’ici quatre mois, le pouvoir du Président Macky Sall réussit à juger Khalifa Sall, à le condamner et à le confirmer en appel à la Cour de Cassation, là ce sera la preuve qu’il n’y a plus de justice dans ce pays. Ce qu’il y a, c’est une foutaise caractérisée, qui a pour but d’insulter l’intelligence des Sénégalais. Nous exigeons la liberté pour Khalifa Sall parce qu’il ne s’agit pas d’un dossier judiciaire. Le procureur de la République est rentré dans un combat qui n’est pas le sien. Le Doyen des juges a hérité d’un dossier qui n’a rien à faire dans son bureau. C’est le Président Macky Sall qui ne comprend pas que les pouvoirs doivent être séparés et doivent être respectés. Le Président Sall doit définitivement comprendre que seul un bilan, un discours et un comportement républicain pourront lui assurer un second mandat et non ce comportement qui consiste à remettre en cause les fondamentaux de la République sénégalaise.

Comment appréciez-vous la posture d’Ousmane Tanor Dieng dans cette affaire ?

Je n’ai pas de commentaires particuliers à faire sur Ousmane Tanor Dieng. Je considère seulement que c’est une honte aujourd’hui, en tant que Président du Haut conseil des collectivités territoriales. Je rappelle que la ville de Dakar est la collectivité la plus  importante du Sénégal et Khalifa Sall reste jusqu’à présent membre du Ps. C’est l’occasion pour moi de dénoncer une fois de plus cette cabale politique dans laquelle se trouve impliquée la direction du Parti socialiste. Avant l’incarcération de Khalifa Sall, lors d’une rencontre avec le Conseil des sages du PS, il a été dit là-bas que si Khalifa Sall acceptait d’abandonner ses tournées et de revenir à de meilleurs sentiments avec ses amis, la direction du parti, semblerait-il, était capable d’arrêter cette combine politique. Je le répète : nous ne sommes demandeurs d’aucune faveur, d’aucune intervention. Mais qu’il soit dit, entendu et retenu que ceux qui sont à l’origine de l’ère des règlements de comptes auront des comptes à rendre dans un avenir très proche. Parce qu’étant incapables aujourd’hui de justifier leurs fortunes, la situation  sociale de leurs familles respectives. Ce sont ces gens qui veulent s’ériger dans ce pays en donneurs de leçons de morale et aller aussi loin que verser dans la méchanceté pour essayer de dénigrer d’honnêtes citoyens et d’honnêtes responsables politiques.  

Où en êtes-vous avec le combat que vous menez pour la libération de vos détenus ?

Nous sommes en train de nous organiser avec l’opposition. Je rappelle qu’il y a une partie de l’opposition qui se trouve dans le Moyen orient pour  rencontrer le Président Abdoulaye Wade. Nous sommes en contact avec cette partie de l’opposition. Nous sommes aussi en contact avec une autre partie de cette opposition à Dakar et nous nous apprêtons à organiser une grande marche qui devra aboutir à la libération de ces otages politiques. Avant cette marche, il est question pour nous, de nous organiser à travers la Constitution du Sénégal qui nous permet par l’image, la plume et la parole, de pouvoir sensibiliser les populations sénégalaises sur l’acharnement dont est victime Khalifa Sall, maire Dakar.

Vous souhaitez vous organiser avec l’opposition pour les législatives. Pourquoi n’avez-vous pas intégrer le Front Manko Wattu Senegaal ?

Nous ne pouvons pas le faire parce que nous sommes dans un parti dans lequel on refuse de sortir. On se bat pour ne pas être mis à la porte. On ne peut pas engager au même titre qu’on refuse que les autres engagent la direction du parti sans passer par le Comité central. Nous ne pouvons pas engager le parti dans une coalition sans passer par cette instance. Et malheureusement, nous n’avons pas l’initiative de la convocation du Comité central.

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