Publié le 27 Sep 2016 - 10:31
BASKET - ANCIENNE PENSIONNAIRE DU JARAAF

Astou Ndour, le retour aux sources

 

Médaillée d’argent aux Jeux olympiques de Rio avec la sélection nationale de basket de l’Espagne, Astou Ndour a effectué hier un pèlerinage à Keur Jaraaf, le siège de l’équipe de la Médina. Un club où elle a réalisé ses premiers rebonds avec la balle orange.

 

‘’Il faut se ressourcer en retournant chez soi.’’ C’est la conviction d’Astou Ndour. Médaillée d’argent aux JO de Rio avec l’équipe nationale féminine de basket de l’Espagne, la joueuse d’origine sénégalaise est revenue sur ses traces, à Keur Jaraaf, siège du club de la Médina où tout a commencé. Le pivot des Stars de San Antonio, franchise de basket-ball féminin de la ville de San Antonio, membre de la WNBA (ligue américaine professionnelle de basket-ball féminin), est venue appuyer le camp de basket initié par l’entraîneur de l’équipe féminine des ‘’Vert et blanc’’, Pape Amadou Kroubari, son ancien coach.

‘’ Certes je joue pour l’Espagne, mais  si j’ai l’opportunité de revenir ici, voir les petites et les aider à s’améliorer, je le fais. Je suis là pour les soutenir’’, a-t-elle déclaré. Elle a remis du matériel didactique à son ancien maître qui promet de le remettre au club. ‘’Elle est venue soutenir les filles. Pour certaines d’entre elles, les parents n’ont pas les moyens de leur payer l’équipement qu’il faut. Son passage va les motiver car elles n’oublieront jamais le geste de Astou’’, a soutenu  coach Kroubari.

L’ancienne pensionnaire de Fenerbahçe (Turquie) a croisé le fer avec les Lionnes en match de poule aux derniers JO. La joueuse de 22 ans en a fait voir à ses sœurs sénégalaises de toutes les couleurs lors de la victoire espagnole (43-97). ‘’Comme on le dit, c’est un match professionnel. On l’a abordé comme tel et c’est fini. A la fin, les joueuses (du Sénégal) m’ont félicitée et le coach aussi. C’est le basket qui nous a réunies’’, a-t-elle laissé entendre.

Le choix de l’Espagne

Le longiligne pivot (1,96 m), affiche son attachement à sa patrie d’origine malgré sa naturalisation. ‘’Je joue en Espagne mais mon pays, c’est le Sénégal’’, a-t-elle clamé. Pour elle, le choix de l’Espagne est purement sportif. Elle dit : ‘’C’était un choix personnel. Je le voulais car j’ai vu que je pouvais y gagner quelque chose et j’en ai discuté avec ma famille, mon entourage. C’est un choix sportif.’’

Astou s’était rendue au Royaume d’Espagne pour subir un test à l’issue duquel elle a été reçue par Las palmas de Gran Canaria. C’est dans ce championnat féminin qu’elle a tapé dans l’œil des dirigeants espagnols. ‘’J’étais encore jeune et on ne m’avait jamais sélectionnée ici (Sénégal). J’y suis allée et ils ont vu mes capacités à travers le championnat espagnol. Ils m’ont proposée la sélection nationale. J’ai vu que je pouvais avoir beaucoup de possibilités là-bas, remporter des Coupes d’Europe, Coupe du monde et des médailles olympiques’’, a-t-elle expliqué.

Le basket sénégalais

Lors de sa visite à Keur Jaraaf, Astou Ndour s’est également exprimée sur la situation du basket sénégalais. ‘’Ce que je vois, c’est qu’il y a des problèmes au niveau économique. On a de bons joueurs qui sont au plan local et dans les championnats étrangers, comme l’Espagne, les Etats-Unis’’, a-t-elle constaté. ‘’En Europe, par exemple, a-t-elle poursuivi, les gens s’activent dans la formation de la petite catégorie. Il y a des équipes U18, U16 et même U14. Ce que je ne vois pas ici. J’ai l’impression qu’il n’y a que deux niveaux, national 1 et 2 et c’est fini. Le championnat des petites catégories n’existe pas’’. De l’avis d’Astou, ‘’les choses doivent commencer à ce niveau pour avoir de bons joueurs dans l’avenir. Dans le cas contraire, on ne pourra gagner ni une médaille olympique ni une Coupe du monde. Et on ne devra se contenter que des Coupes d’Afrique’’.

Equipe nationale féminine du Sénégal

Par contre, la joueuse des Stars de San Antonio a positivement apprécié le niveau de jeu des Lionnes. Quant à la question de savoir si elles ont le potentiel pour remporter le prochain Afrobasket, elle répond par l’affirmative : ‘’Bien sûr ! Pourquoi pas ?’’ ‘’Selon ce que j’ai vu, même si elles ont perdu tous leurs matches, elles n’ont pas démérité. Elles ont bien défendu les couleurs du pays ; en plus, elles ont bien joué. La poule n’était pas facile. Il y avait l’Espagne, les Etats-Unis, la Serbie et le Canada.’’

En ce qui la concerne, Astou Ndour ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. ‘’Toute joueuse rêve de remporter une médaille olympique. J’en ai une mais cela ne veut pas dire que je vais baisser les bras. Je vais continuer et je ferai tout pour en avoir plus.’’  En attendant, la native de Dakar savoure sa médaille d’argent acquise à la suite d’âpres luttes.

LOUIS GEORGES DIATTA

 

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