Publié le 9 Aug 2019 - 06:36
BASKET (F) - NDEYE SENE, ARRIERE DES LIONNES

‘’Montrer que mon come-back n’est pas fortuit’’

 

Ndèye Sène, absente à la Coupe du monde de 2018, veut marquer son retour en sélection, à travers une prestation aboutie à l’Afrobasket qui se tiendra du 10 au 18 août 2019 à Dakar Arena. L’arrière des Lionnes, sacrée deux fois championne d’Afrique (2009 et 2015), vise un troisième trophée à domicile. La sociétaire du Dakar université club (Duc) n’a pas manqué de se prononcer sur l’intégration des jeunes espoirs dans la Tanière, son avenir en équipe nationale, le niveau des joueuses du championnat local…

 

Quel sentiment vous anime, après votre sélection pour l’Afrobasket féminin 2019 ?   

Je suis très heureuse de figurer sur la liste définitive des joueuses devant représenter le Sénégal à l’Afrobasket-2019. Cette nouvelle sélection marque mon retour en équipe nationale, après mon absence à la Coupe du monde de 2018 disputée à Tenerife (Espagne, Ndlr). Je suis très contente d’effectuer mon retour, parce que la coupe d’Afrique de cette année se joue en terre sénégalaise.

Ça sera donc pour moi l’occasion de m’affirmer devant le public sénégalais et montrer que mon come-back n’est pas fortuit.  

Vous revenez en sélection, après avoir manqué le Mondial-2018. Qu’est-ce qui a changé, entre-temps ?   

Mon absence à la Coupe du monde ne m’a jamais découragée. J’ai effectué une prise de conscience et travaillé pour retrouver le niveau qu’il me fallait pour réintégrer le groupe de performance. Je n’ai jamais baissé mes bras. J’ai, au contraire, tiré les enseignements de ma non sélection. C’est ça la vie. On ne peut pas rester dans une posture à vie. Les places de l’équipe nationale n’appartiennent à personne. 

Quelle analyse faites-vous du tournoi international de Dakar préparatoire à l’Afrobasket-2019 ?

Le tournoi de Dakar a été une aubaine pour le Sénégal de bien préparer l’Afrobasket. C’était un grand test et nous l’avons réussi, en dominant nos trois adversaires : Côte d’Ivoire, Angola et Egypte. L’équipe sénégalaise a montré de bonnes choses dans ce tournoi préparatoire, mais cela ne veut pas dire que tout est rose. Nous avons fait des erreurs pendant ces trois matches amicaux et le coach va apporter les correctifs nécessaires avant la compétition proprement dite.

Le Sénégal a gagné la Côte d’Ivoire et l’Egypte, ses deux adversaires en phase de poules de l’Afrobasket-2019. Est-ce que ces succès ne constituent pas un piège pour vous ?  

La Côte d’Ivoire et l’Egypte ont accepté de jouer avec nous, parce que la Fédération sénégalaise de basket-ball les a invités avant le tirage au sort. Je dis que nos victoires sur les Ivoiriennes et les Egyptiennes ne sont pas un piège, parce que nous sommes conscientes que nous les avons battues en matches amicaux et non en compétition officielle. La coupe d’Afrique a une dimension plus relevée que les tournois préparatoires. 

Quel est l’objectif de Ndèye dans cette coupe d’Afrique 2019 ?

Mon objectif pour l’Afrobasket-2019, c’est de gagner le titre à domicile. J’ai été championne d’Afrique à deux reprises hors du Sénégal. Je veux remporter le trophée pour la troisième fois à Dakar. Je vais faire de mon mieux pour ne pas décevoir le coach.

 Vous êtes en sélection depuis 2009. Quel est votre secret ?

Mon secret, c’est le travail. Je veille également sur mon hygiène de vie pour garder la même forme. C’est une condition sine qua non pour faire une longue carrière.  Je m’entraine régulièrement pour être en forme. Je veille sur mon entourage en prenant en compte leurs conseils et critiques.

Comment analysez-vous l’intégration des jeunes joueuses Fatou Diagne, Aida Fall, Léna Niang et Lala Wone dans la Tanière ?

Le sélectionneur a pris 12, mais toutes les 15 joueuses pouvaient figurer sur la liste. Cheikh Sarr avait un problème pour faire ses choix définitifs. Le groupe de la dernière phase préparatoire a eu un très bon niveau. Je n’ai jamais vécu une concurrence aussi rude en sélection. Fatou Diagne, Aida Fall, Léna Niang et Lala Wone sont des jeunes talentueuses. Elles ont consenti beaucoup d’efforts et de sacrifices pour être sélectionnées.  Khadidiatou Dieng, Mathilde Diop et Ndèye Thiama Kamara sont recalées certes, mais elles n’ont pas démérité. Elles ont montré des choses intéressantes pendant la dernière phase de préparation. J’ai confiance en ces jeunes joueuses. Et je crois bien qu’elles peuvent assurer la relève, après le départ des anciennes comme Astou Traoré, Mame Mary Sy, Oumou Khairy Sarr et moi-même.

Vous parlez de départ. Il y a des Sénégalais qui estiment que vous devez partir, dès maintenant, à retraite et céder la place à la jeune génération…

Les Sénégalais aiment du nouveau. C’est ce qui explique ces nombreuses critiques à l’endroit des joueuses comme moi. Moi, je ne suis pas trop âgée. J’ai intégré l’équipe nationale très tôt. Je peux encore porter les couleurs nationales, parce que j’ai 31 ans. Je resterai en sélection, tant que j’aurai le physique nécessaire. Je ne prendrai jamais ma retraite à cause des critiques de certains Sénégalais. Ces critiques me poussent, au contraire, à travailler pour aller de l’avant.

Comment se passe la saison 2018-2019 avec votre club, le Dakar université club ?

Ma saison se passe bien avec le Duc. Nous sommes encore en course pour les trophées Coupe du Sénégal et championnat. Les compétitions sont actuellement suspendues à cause de l’Afrobasket. Je considère d’ailleurs que le Duc a le même niveau que l’Asc Ville de Dakar et le Saint-Louis basket club où j’ai déjà réalisé des performances remarquables. J’espère rééditer ces mêmes résultats avec mes nouvelles coéquipières.

Vous êtes la seule joueuse locale parmi les 12 sélectionnées. Qu’est-ce que cela vous inspire ?   

Le championnat local pouvait avoir d’autres représentantes sur la liste finale. Je pense que les entraîneurs locaux doivent travailler davantage pour que l’élite de notre basket soit beaucoup plus représentative en sélection. Nos techniciens doivent insister sur un encadrement beaucoup plus rigoureux. Cela permettra à leurs joueuses de durer en sélection.

Les joueuses locales, elles, doivent aussi avoir le courage de s’exprimer devant les expatriées. Les places de la sélection sont chères. Il faut que les basketteuses locales travaillent encore dur pour être sélectionnables. Pour moi, il n’y pas une grande différence entre les joueuses expatriées et celles évoluant dans le championnat sénégalais. Pour mon cas, je n’ai pas la chance de jouer dans un club américain ou européen, mais cela ne constitue pas pour autant un handicap. Mes performances prouvent que je n’ai rien à envier aux expatriées. J’ai disputé plusieurs Afrobasket. J’ai également gagné deux coupes d’Afrique. Ce n’est pas une honte, pour une basketteuse, de ne pas évoluer en Europe ou en Amérique. Je suis consciente que je suis la seule joueuse locale parmi les 12 et je donnerai le meilleur de moi pour représenter l’élite du basket sénégalais.

Une seule joueuse locale sur la liste. Est-ce que cela signifie que l’élite le championnat sénégalais a un niveau faible ?   

Non, je ne le pense pas. Le championnat sénégalais a un bon niveau. Il y a des moments où les joueuses locales étaient nombreuses en sélection.  Je les invite à travailler davantage pour intégrer massivement la sélection, à l’occasion des prochaines échéances. Je crois qu’elles ont le niveau. Il faut qu’elles soient encore plus rigoureuses dans le travail et s’arment de patience.  

OUMAR BAYO BA   

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