Publié le 23 Feb 2012 - 11:01
BASKET- ROBERT MENDY, PIVOT ASCC BOPP

’’Le jour où j’ai failli mourir sur le parquet’’

Robert Mendy, pivot ASCC BOPP

‘’J’ai failli y laisser ma vie’’. À 25 ans, Robert Mendy sait que dans la vie comme dans le sport, la vie ne tient parfois qu'à un fil. Du haut de ses 2m04, le jeune pivot de l’Ascc Bopp n’oubliera jamais la fameuse soirée du vendredi 14 janvier 2011 contre la Douane (future championne). Ce jour-là, Robert est passé à côté de la mort. Il s'en est fallu de peu qu'il ne rejoigne l'autre monde, de très peu. Bonne dernière de sa poule A, avant la rencontre, l'Ascc Bopp avait enchaîné trois défaites. Pour les joueurs et dirigeants, c’était un match qu’il ne fallait surtout pas perdre, au risque de sombrer. ‘’C’était la quatrième journée, et on jouait contre la Douane. Nous avions eu trop de défaites consécutives et il fallait gagner ce soir-là, car la pression était présente. Le match était intense et physique’’, se rappelle-t-il. L’Ascc Bopp a certes gagné, mais son longiligne pivot a failli perdre le grand match : le combat pour la vie. ‘’Je sais que je pouvais y laisser la vie’’, dit-il. Pourtant, il s’était réveillé en pleine forme ce jour-là avant de rejoindre le regroupement à 11 heures. Plus d'an plus tard, Robert Mendy se souvient encore de cet événement qui a failli tourner à la tragédie. Assis sur son lit, habillé en maillot jaune, il raconte l’action qui pouvait être sa dernière au stadium Marius Ndiaye. ''J’ai intercepté une passe de ‘’Pa bi’’ (meneur de jeu de Douane). Je courais vers le cerceau mais je sentais quelqu’un derrière moi. Au moment où je sautais pour déposer le ballon dans le cerceau, il a fauché mes jambes, je suis tombé par la tête et je me suis évanoui. C’était au quatrième quart-temps'', se souvient-il, la voix nouée, le regard lointain et le visage triste.

 

 

‘’Ado mon sauveur’’

 

Tombé sur la tête avec ses 92 kg, le numéro ‘’11’’ de Bopp est alors entre la vie et la mort. Entourés par ses camarades et ses adversaires, sous le regard médusé d’un public de Marius peu nombreux, Robert commence à avaler sa langue. Tel un ange, habillé d’un boubou blanc, Mamadou Lamine Adama Sow, plus connu sous le pseudonyme de ‘’Ado’’, saute des tribunes et vient sauver son joueur en ‘’agonie’’. Il s’en est fallu de peu. Réveillé, debout, Robert ne retrouve pourtant pas ses esprits, la suite lui est narrée par ses amis. ‘’A mon réveil, je ne me suis souvenu de rien. Ce sont mes coéquipiers qui m’ont raconté que c’est Ado qui m’a sauvé’’, relate-t-il. Aujourd’hui, toujours à Bopp, Robert savoure le fait de pouvoir continuer à jouer au basket. Mais il reste conscient que sans Ado, ce serait la mort. ‘’Il est mon sauveur’’, lâche-t-il à répétition. Mais pour lui, ce dernier a rempli sa fonction de dirigeant et le fait de lui avoir sauvé la vie n’a rien changé dans leur relation. ‘’ Je le regarde comme un dirigeant qui a joué son rôle. Il est mon sauveur mais notre relation n’a pas changé’’, témoigne Robert. Heureux de tenir toujours son rang dans l’effectif boppois, le parquet de Marius Ndiaye n'effraie pas le pivot. Son équipe ne s'étant pas qualifiée pour les playoffs, il rêve maintenant de remporter une Coupe cette année. ‘’Cet événement ne me perturbe pas. Je ne ressens aucune séquelle. Cette année, on veut remporter une coupe. Je n’ai pas peur du parquet’’, dit-il sûr de lui. Pour Robert, la vie et le basket continuent leur cours normal.

 

 

Mamadou Lamine Adama Sow dit ''Ado'', dirigeant de Bopp et sauveur de Robert

‘’Robert me rappelait Foé…’’

 

 

‘’Je ne suis pas médecin, je n’ai pas appris la médecine moderne mais je suis né dans une famille de tradi-praticiens. J’ai reçu un don thérapeutique de mon père et de ma mère qui étaient des guérisseurs traditionnels. Pour le cas de Robert, il est tombé sur la tête après que son adversaire lui a fauché les jambes en l’air. J’ai vu les gens courir auprès de lui et l'ont vite entouré. Il n'y avait pas de service médical dans le stadium ; dans les tribunes, il n'y avait pas de médecin non plus. Quand j’ai vu le regard de Robert du haut des tribunes, ça m’a rappelé celui du joueur camerounais Marc Vivien Foé quand il mourait en plein match. Je me suis dit qu'il fallait une intervention immédiate sinon il (Robert) risquait de perdre la vie. J’ai couru, sauté les barrières et j’ai poussé les gens. Au moment où je suis arrivé, j'ai constaté que Robert était en train d’avaler sa langue, il avait presque changé de regard. Il était quasiment dans ses derniers souffles. Aussitôt après, j’ai mis mes deux doigts dans sa bouche, c’est un secret, j’ai mis après mes deux autres doigts sur son cou. Je l’ai bloqué sa langue entre 5 et 6 minutes. Ensuite, j'ai poussé, et sa langue est ressortie. Après, il a commencé à respirer normalement et les gens ont jeté leurs regards sur moi. Ils me demandaient mon nom. C’était un vendredi, j’avais porté un boubou blanc et quand j’ai sauté, le boubou s’est déchiré. Le lendemain j’ai vu les journaux écrire : ‘’Un médecin sauve la vie à Robert’’. Je ne suis pas médecin, j’ai juste une licence en philosophie’’.

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