Publié le 27 Aug 2012 - 19:34
BIENS MAL ACQUIS

Ces « bons » fouineurs que Kasper-Ansermet va rencontrer à Dakar

 

Comme nous vous l’annoncions jeudi dernier, le juge Suisse Laurent Kasper-Ansermet est arrivé à Dakar depuis quelques heures. Recruté comme consultant par la Banque mondiale, il est à la tête d’une équipe de spécialistes de la traque financière et des circuits de blanchiment d’argent.

 

En juin dernier, le gouvernement avait officiellement saisi l’institution de Bretton Woods pour l’aider à recouvrer les fortunes amassées par des barons du défunt régime de Me Wade, et planquées à l’étranger. Quand les premiers débuts de preuve de détournements de biens publics à grande échelle sont apparus, les nouvelles autorités ont très vite compris que la coopération internationale serait déterminante pour démêler les fils de l’écheveau alors que d’astronomiques montants sont en jeu, selon des sources sécuritaires.

 

Cette mission très spéciale débute aujourd’hui avec des rencontres avec de “gros calibres” des Impôts, des Douanes, de l’Agence judiciaire de l’Etat et, surtout, beaucoup de magistrats en charge de ces sulfureux dossiers. Là, le boulot du juge suisse risque d'être difficile. Il faut en effet savoir que l'ancienne administration a couvert beaucoup de coups fourrés, avec des intérêts directs bien compris liés aux tenants de l'ancien régime.

 

Qui va parler et jusqu'à quel niveau de révélations ? Question difficile ! Ensuite, l’équipe conduite par le juge Kasper-Ansermet va rencontrer des enquêteurs de la Section de recherches de la Gendarmerie et de la Division des investigations criminelles (Dic), sans doute pour s’imprégner de leurs conclusions pour mieux les orienter dans le sens de faire rapatrier au Sénégal les biens mal acquis sous le régime libéral. Un gros morceau...très important que devrait sonder le juge suisse, c'est sans nul, Ngouda Fall Kane, ancien directeur de la Centif, qui en sait sur les gros calibres de l'ancien régime, même si ces derniers en savent aussi sur lui.

 

Promu tout dernièrement Secrétaire général du ministère de l'Economie et des Finances, il doit pouvoir donner quelques infos bien précieuses. En retour, la mission doit détailler à ses interlocuteurs sénégalais les circuits de l’argent détourné ; ils devraient prendre comme cas d’école les procédures en cours contre la famille du président équato-guinéen, Obiang Nguéma, dont les frasques de son fils (une partie de son parc automobile a été saisie) font les choux gras de la presse parisienne.

 

Si les investigations sur l'argent planqué à l'étranger prennent cette tournure, c'est que les Etats-Unis et l'Union européenne tirent sans en donner l'air, toutes les ficelles. Ces pays qui ne peuvent plus mettre la main à la poche comme avant, préfèrent aider le Sénégal à recouvrer l'argent volé. Et comme ils savent presque tout sur les placements, ont toutes les informations sur les circulations de fonds, ils peuvent aisément dire qu'un tel a placé telle somme dans telle banque ou paradis fiscal. Le reste n'est qu'une affaire de procédure judiciaire très facile à actionner à l'international.

 

 

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