Publié le 15 Sep 2015 - 17:51
BILAN DE TUNIS 2015

Le forum social africain est « mal en point »

le professeur Bouba Diop

 

Les altermondialistes africains font le bilan de leur participation au forum social mondial qui s’est tenu à Tunis au mois de mars dernier. Ils comptent aussi repenser et redynamiser le forum social africain pour mieux prendre en charge les nombreux défis à relever dans le continent noir.

 

En atelier de deux jours à Dakar depuis hier, les altermondialistes du continent noir comptent réorganiser leur mouvement et redynamiser le Forum social africain pour mieux défendre les populations. Ils font un rappel des troupes afin de préparer les combats à venir.  Ces derniers sont très nombreux, selon les partisans d’une « économie tournée vers l’homme et non vers le profit ». Les acteurs africains notent beaucoup de divisions dans les mouvements sociaux du continent. Selon le professeur Bouba Diop, il faut unir les forces, car « aucun des secteurs ne peut seul régler les problèmes qui se posent ».

Au cours de la rencontre, il a expliqué que le forum social sénégalais se porte bien, mais, c’est le partenariat avec les autres mouvements qui va mal. « Il faut que les gens porteurs d’enjeux qui travaillent dans le même champ puissent se parler et qu’ils soient modestes, car personne ne peut seul régler les problèmes du continent. Et les autres profitent de notre division », souligne le facilitateur du Forum social africain, par ailleurs professeur à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l’Ucad. L’historien demande aux Africains de dépasser les clivages ethniques, religieux et nationalistes, car l’Afrique ne peut pas s’unir sur ces bases.

Des organisations non gouvernementales (ONG) et des mouvements syndicaux de plusieurs pays africains prennent part à cette rencontre de Dakar. Selon le coordonnateur du Forum social sénégalais Mamadou Mignane Diouf, les sujets débattus par le forum social mondial (FSM) à Tunis ont été, entre autres, la sécurité, l’éducation, les crises migratoires, le terrorisme, le problème des élections en Afrique, l’accaparement des terres agricoles et le pillage des ressources du continent. Concernant le terrorisme qui guette l’Afrique et le monde entier, M. Diouf préconise la sensibilisation et l’union des efforts entre pays voisins. « Il faut une approche citoyenne et participative.

Ce sujet ne doit plus être un tabou. Il faut en discuter pour conscientiser les populations », dit-il. De ce fait, il avertit : « Les terres africaines sont dans le viseur des Européens. Avec cet accaparement, il y a une bombe qui peut exploser à tout moment ». Parmi les sujets qui sont revenus le plus souvent dans les discussions, il y a la question des migrations. Tous les participants ont dénoncé cette situation qu’ils considèrent comme un problème sérieux pour le continent africain. Le représentant du maire de Dakar, Cheikh Guèye, plus optimiste, pense que ce mouvement doit être un outil au service de la population africaine. « Le  siècle à venir sera celui du continent noir », a-t-il prédit.

Les altermondialistes ont donné aussi l’avant-gout du diagnostic qu’ils comptent faire de leur mouvement « mal en point ». Les militants pour une meilleure justice sociale ont reconnu les difficultés de mobilisation que rencontre le forum social africain. Les camarades de Mignane Diouf estiment que  la mobilisation et la redynamisation de leur organisation restent un grand défi à relever. « Nous affirmons notre insatisfaction, car il y a de moins en moins de militants du forum social africain et mondial au moment où l’Afrique en a plus besoin.

Il faut rajeunir les forums sociaux et faire un travail de fond », suggère Moussa Mbaye, le secrétaire exécutif d’Enda tiers monde. « Moi, je regrette que nous ayons manqué de dynamisme, ces dernières années », lance un autre intervenant. Selon un document remis à la presse, certains parlent d’essoufflement pour expliquer ce qui arrive en ce moment aux mouvements sociaux africains. Mais ce qui est constant, c’est que depuis l’édition de Dakar 2011, la dynamique du mouvement est en baisse de forme.      

ABDOURAHIM BARRY (STAGIAIRE) 

 

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