Publié le 27 Mar 2018 - 23:56
BLOCAGE MUTUELLE DE COKI

Plus de 2 000 femmes dans le désarroi

 

Au secours ! Tel est le cri du cœur de milliers de femmes qui courent derrière leur argent, depuis 2014. Réunies au sein d’une mutuelle d’épargne et de crédit créée en 2001 à Coki, elles ont pu mobiliser des dizaines de millions. Mais la destitution de l’ancienne Pca, en décembre 2014, bloque le fonctionnement de la structure et empêche le recouvrement de dizaines de millions de francs Cfa qui seraient entre les mains des débiteurs.

 

Des femmes, à Coki, dans le département de Louga, se crêpent le chignon. A l’origine, une affaire de sous. Le dur labeur de vaillantes dames emporté. Réunies autour d’une mutuelle d’épargne et de crédit créée en 2001, ces braves dames ont pu mobiliser plusieurs millions de francs Cfa. Leurs souffrances ont commencé en 2014. A cette date, elles prennent la résolution de se débarrasser de la présidente du conseil d’administration de leur structure. Coumba Ndiaye elle s’appelle. Pour ceux qui ne la connaissent pas, la mise en cause est désormais membre du Conseil économique, social et environnemental. Destituée, elle n’a trouvé mieux que de descendre dans les locaux et de s’accaparer tout le matériel : des ordinateurs, une imprimante, des accessoires de toutes sortes, mais surtout des dossiers de prêts qui permettaient de suivre les débiteurs de l’établissement financier. Même l’agrément n’a pas été en reste. Il a été emporté par l’ancienne Pca,  selon les plaignantes. C’était au début de mars 2015. Sa destitution étant survenue le 31 décembre 2014.

Auparavant, 9 membres du conseil d’administration se sont réunis en assemblée générale pour préparer le limogeage. Parmi les griefs, il est reproché à Mme Ndiaye des pratiques usuraires sous son magistère. En effet, nos sources renseignent que l’ex-Pca empruntait de l’argent auprès de grandes institutions financières à des taux faibles (entre 5 et 6 %) pour ensuite prêter à la mutuelle au fort taux de 25 %. Il lui est aussi reproché d’avoir contracté auprès de la mutuelle deux dettes de 4 millions chacune. L’une à titre personnel, l’autre au nom de son groupement. Pour la première, elle a payé à hauteur de 1 million.

La justice condamne l’ancienne Pca Coumba Ndiaye, conseillère économique, sociale et environnementale

Ainsi, reprennent nos sources, la structure est restée 5 mois sans fonctionner, suite au forfait de leur ex-patronne. Plongeant ses membres qui y avaient déposé leurs économies dans la plus grande inquiétude. Pis, selon toujours nos interlocuteurs, Coumba Ndiaye ne s’est pas arrêtée en si bon chemin. Elle a, en sus, demandé à certaines femmes qui avaient fait des emprunts de ne pas rembourser leurs dettes. Et puisque leurs dossiers n’étaient plus disponibles, les nouveaux dirigeants ne pouvaient engager les procédures nécessaires pour recouvrer les créances. C’est sur ces entrefaites que la nouvelle administration pilotée par Tacko Fall (nouvelle Pca) a nommé une nouvelle gérante, en la personne de Penda Ba et porté plainte contre leur ancienne présidente.

La justice, statuant sur l’affaire, leur a donné gain de cause. Mais Coumba Ndiaye a interjeté appel.

En attendant qu’une décision définitive soit rendue, c’est plus de 2 000 femmes et mères de famille des communes de Coki, Ndiagne, Pété Warack, Guet Ardo et Thiamène qui continuent de souffrir de cette situation et qui ne savent plus à quel saint se vouer. Elles en appellent à une diligence rapide pour sauver leur mutuelle et récupérer leurs 33 millions de francs Cfa entre les mains de débiteurs ‘’de mauvaise foi qui refusent d’honorer leur engagement’’, selon les plaignants. 

ACCUSEE, COUMBA NDIAYE REJETTE LA FAUTE SUR LA NOUVELLE EQUIPE

‘’Les membres n’ont qu'à interpeller Tacko Fall et Cie’’

"Je ne suis plus la présidente de la Mutuelle d'épargne et de crédit de Coki. Celle-ci a été créée par 65 groupements de promotion féminine de la commune de Coki qui avaient mobilisé la somme de 3 200 000 F Cfa,  soit 50 000 F par groupement, pour la mise en place de cette institution financière, en partenariat avec la Cncas de Saint-Louis. Ce qui nous avait permis de financer ces groupements.

Je me suis réveillée un jour et l'ex sous-préfet de Coki, Talla Ndiaye, m'a remis un courrier de la Brs pour m'informer de mon limogeage. A ma grande surprise, une dame répondant au nom de Tacko Fall a été nommée directrice de la mutuelle. C'est par la suite que les dames Tacko Fall, Penda Ba, Arame Diop et 7 autres membres ont contracté chacune un prêt de 3 millions de francs Cfa. Si la mutuelle veut recouvrer ses fonds, ses membres n’ont qu'à interpeller ces 3 personnes. Certes, je ne fais plus partie de la mutuelle, mais j'ai le droit d'aider des femmes à obtenir d’autres financements. Cette mutuelle n'a pas tenu d'assemblée générale depuis 2014 et je trouve cela scandaleux. Les autres membres courent toujours  derrière leur argent.’’

Mamadou Ndiaye (Dahra)

Mor Amar

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