Publié le 31 Oct 2019 - 03:17
BOCAR LY, DG SAPCO

‘’On ne veut pas entendre parler de visa, après l’expérience de 2013’’

 

Directeur général de la Société d’aménagement et de promotion des côtes et zones touristiques du Sénégal (Sapco), Bocar Ly garde un mauvais souvenir de l’instauration du visa d’entrée au Sénégal en 2013.

 

Quel impact la réinstauration du visa d’entrée peut-il avoir sur le tourisme ?

Nous avons déjà tenté l’expérience et elle n’a pas été concluante. Je pense que c’était fait aussi pour des raisons sécuritaires. Cela avait bien affecté le secteur touristique, avec une chute vertigineuse des entrées au Sénégal et boosté celui de nos concurrents directs comme la Gambie et le Cap-Vert. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, on pourrait s’attendre à un infléchissement de la courbe des entrées au Sénégal qui, aujourd’hui, est sur une bonne pente. Tout le monde de l’industrie touristique s’est d’ailleurs levé pour dire que ce serait néfaste pour notre économie qui dépend beaucoup du tourisme.

Aujourd’hui, notre croissance économique et nos emplois sont très liés à la santé du secteur touristique. Prendre des mesures qui vont à l’encontre du développement touristique me semble contraire aux objectifs fixés dans le Plan Sénégal émergent.  Même si la sécurité est aussi un facteur vital.

Maintenant, il y a des choix qui se font au plus haut niveau, qui tiennent compte de plusieurs paramètres importants dans la vie de la nation. Je pense que les bons choix seront faits par le président et son gouvernement. Les difficultés sur le visa, c’est d’abord que ça renchérit le prix de la destination et pose des problèmes de gestion administrative qui ne vont certainement pas aider le secteur.

Pourquoi cette question inquiète tant les acteurs du tourisme ?

Vous savez, dans la vie d’une nation, la sécurité passe avant tout. Etant du secteur, je ne veux pas entendre parler de visa, après l’expérience qu’on a vécue. Les difficultés que cela avait engendré, dans un passé récent, je ne voudrais pas les revivre. Je suis de la Petite Côte, j’ai vu des centaines de personnes perdre leur travail quand ça ne marchait plus. Aujourd’hui, le travail reprend, les espoirs renaissent et beaucoup ont retrouvé leur poste. Même si la sécurité du pays le requiert, il faudra bien réfléchir sur les modalités de sa mise en œuvre, pour que les touristes continuent à venir comme ils le font aujourd’hui et même beaucoup plus, parce qu’on en a besoin.

Aujourd’hui, le ministre Alioune Sarr a enclenché un programme de relance du tourisme. Quelles sont, selon vous, les principaux défis à relever ?

J’entends souvent dire que la destination Sénégal est chère, que l’offre n’est pas diversifiée, que les infrastructures sont vétustes, mais je ne crois pas que ce soit nos véritables problèmes. Lorsqu’on se compare à nos concurrents directs, on se rend très vite compte que ces arguments ne sont pas les plus déterminants.

Il suffit de regarder les chiffres sur les taux de retour. Bien sûr qu’il faut améliorer les produits touristiques, les diversifier et réduire tous les coûts compressibles, parce qu’on est sur un marché très concurrentiel. Mais il faut surtout améliorer l’accueil au niveau environnemental, et surtout au niveau des rapports qu’on a avec le touriste. Le Sénégal est un beau pays attractif et plein de potentialités qui intéressent le monde entier. Il faut surtout tenir propre nos lieux touristiques et les débarrasser de tous les désagréments liés aux agissements de certains de nos compatriotes qui empêchent les touristes de circuler librement. On ne doit pas les obliger à acheter quoi que ce soit ou leur offrir des services qu’ils ne demandent pas. Il faut aussi que nos réceptifs soient au niveau attendu par le client en termes de service et de confort, et pour cela, il faut renforcer les contrôles de l’Etat sur le respect des normes définies.

PAR EMMANUELLA MARAME FAYE

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