Publié le 28 Nov 2019 - 21:42
BUDGET COLLECTIVITES LOCALES

Les députés plaident pour des municipalités fortes

 

Acte 3 de la décentralisation, délimitation des frontières entre les municipalités ont été, entre autres, les problèmes abordés hier par les députés face au ministre des Collectivités territoriales du développement et de l’aménagement des territoires, Oumar Guèye. Au final, le budget de ce département a été voté et arrêté à 283 861 620 547 FCFA, en autorisation d’engagement, et à 106 001 178 229 F cfa en crédits de paiement.

 

Le marathon budgétaire a démarré, hier. Pour cette première journée, le ministre des Collectivités territoriales du développement et de l’aménagement des territoires faisait partie des hôtes de l’hémicycle.  Face à Omar Gueye, les élus du peuple ont passé en revue les problèmes rencontrés par les municipalités. Entre autres sujets, figurent en bonne place les éternels manquements de l’Acte 3 de la décentralisation. Serigne Cheikh Mbacké estime à ce propos que les maires et conseillers municipaux ont des difficultés avec cette réforme. Le président du groupe parlementaire ‘’Liberté et démocraties’’ qualifie ainsi l’Acte 3 d’échec. 

 ‘’Si ce sont vos propres maires qui se lamentent, alors l’opposition n’a que ses yeux pour pleurer’’. Pire, le parlementaire renseigne que le conseil départemental de Mbacké ne dispose même pas de siège pour se réunir.  ‘’On passe notre temps à louer des locaux et parfois même nous rencontrons des problèmes pour honorer ces locations. Ce qui fait qu’on est toujours délogé’’, déplore le membre de la convergence démocratique Bokk Gis Gis. Il pense ainsi que le régime doit prendre des mesures d’accompagnement, avant de créer ces réformes. ‘’Cela démontre votre incapacité à gérer les commues que vous avez créées. L’idéal serait de retourner vers les communautés rurales’’, propose-t-il.  

Dans la même veine, son frère par ailleurs membre du Parti démocratique sénégalais (Pds) s’interroge sur le nombre d’infrastructures construites pour abriter les conseils départementaux et mairies. ‘’L’argent que vous injecter dans la location peut construire beaucoup d’hôtels de ville’’, a fait savoir Cheikh Abdou Mbacké. Les parlementaires n’ont pas manqué d’interpeller l’ancien ministre de la Pêche sur l’effectivité des programmes et projets de soutien à la mise en œuvre de l’Acte 3, à savoir le Programme d’appui aux communes et aux agglomérations du Sénégal (Pacasen) et le Programme nationale de développement local (Pndl). Un manquement qui, disent-ils, met à nu la disparité dans le traitement des différentes collectivités locales.

Toujours dans le lot des problèmes, figurent en bonne place les litiges entre les municipalités.  A ce sujet, la député Adama Kadam attire l’attention sur le port multifonctionnel de Ndayane qui devrait, selon elle, porter le nom de la commune de Yenne. ‘’Ce port est implanté dans notre commune.  Avant, on parlait de ndayane- yenne, mais actuellement, on parle que de ndayane et cela ne nous rassure pas. A ce rythme, on risque de ne plus bénéficier des retombés financiers de ce port’’, souligne la parlementaire.

Au même moment, sa collègue Ndeye Fatou Guissé renseigne que la commune de Dahara Djolof à un problème de délimitation avec celle de Thiaméne. Elle sollicite ainsi une extension de sa municipalité pour faire face à certaines difficultés comme le traitement des déchets ou la vidange des fosses septiques. A cela, le président du groupe parlementaire de la majorité ajoute que la question des frontières entre communes traverse tout le pays. Aymérou Gning estime ainsi qu’il s’agit d’une question qu’il va falloir régler.

Les avantages de l’acte 3

A sa prise de parole, l’hôte du jour a tenté de démontrer les avantages de l’Acte 3 de la décentralisation. Pour Oumar Gueye, cette réforme a permis aux municipalités de gérer l’état civil jadis contrôlé par le sous-préfet. A ce sujet d’ailleurs, il est prévu d’injecter par l’Etat et ses partenaires 18 milliards pour la numérisation de l’Etat civil et la construction de nouvelles structures visant à moderniser ce service.

 Toujours dans les acquis, le ministre liste également la Contribution économique local (Cel) qui, dit-il, a permis à toutes les communes de bénéficier des patentes. ‘’Les municipalités ont 12 millions de patente au minimum et cela aide à régler beaucoup de problèmes’’, se félicite Oumar Gueye.

Concernant les litiges entre municipalités, le ministre rassure que ce problème sera réglé avec l’évaluation de la décentralision. Il préconise également l’aménagement des collectivités locales pour venir définitivement à bout des problèmes. ‘’Nous nous rappelons des découpages du passé et des mises sous délégation spéciale de certaines communes. Une situation que le régime de Macky Sall n’a pas encore connue, donc, nous allons régler le problème des limites, après concertations’’, assure-t-il.  

HABIBATOU TRAORE

 

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