Publié le 7 Nov 2019 - 20:49
BUSINESS FORUM ACP

Amadou Hott presse le secteur privé 

 

Avec l’ouverture de la Zone de libre-échange continentale (Zlecaf) et l’expiration de l’Accord de Cotonou en 2020, le secteur privé national est invité à se mettre à niveau des défis transnationaux.

 

Le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott, qui intervenait hier à une rencontre d’information, de partage de connaissances et de mise en réseau de développement du secteur privé des pays Afrique Caraïbes Pacifique (Acp) a mis la pression sur le secteur privé, en perspective d’un marché africain unifié. ‘‘Face aux nouveaux défis de l’ouverture des frontières portés par les accords de libre-échange dont le plus récent est la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), il demeure évident que le secteur privé doit améliorer sa performance, sa productivité et sa compétitivité pour faire face à une concurrence accrue’’, a avancé M. Hott.

Ce dernier avance que les pouvoirs publics vont appuyer le privé pour le rendre plus performant et le préparer aux défis qui l’attendent. Pour ce faire, le privé national pourra compter sur une enveloppe de 600 millions d’euro qui sera octroyée au secteur privé de l’ensemble des pays de l’Acp, a annoncé le sous-secrétaire général du département du développement économique durable et commerce, le Togolais Gilles Patrick Viwanou Gnassounou. ‘‘350 sur 600 millions d’euro sont déjà disponibles et les entreprises porteuses de projets seront financées selon le besoin exprimé’’, a-t-il ajouté, en précisant que ce type d’appui ne traite pas directement avec les entrepreneurs individuels avec la configuration informelle des économies des Acp. ‘‘Nous travaillons avec des partenaires qui sur le terrain vont travailler avec des banques ou institutions locales pour que ces financements soient traduits en appuis concrets’’, a-t-il précisé. Les entreprises ayant besoin de 30 mille euros à 1 million d’euros sont inclus dans le schéma de financement. Ce qui a eu l’heur de réjouir le ministre sénégalais du Commerce.

Amadou Hott de dire :  ‘‘Ainsi, pour les cinq prochaines années, l’Etat entend renforcer le dispositif d’appui technique et financier au secteur privé national lui permettant d’accéder aux services financiers adaptés, en vue de participer à la création de richesses et d’emplois. Notre pays va également poursuivre les réformes visant l’amélioration du climat des affaires pour consolider les résultats fort appréciables obtenus’’.

Pour ces trois journées qui prennent fin ce vendredi, quatre sessions thématiques de partage des connaissances permettront aux participants d’apprendre entre pairs et experts, et discuter des opportunités et défis du développement africain dans des domaines fondamentaux : les modèles de financement innovants pour les entreprises et le développement du secteur privé ; le potentiel des industries créatives et culturelles ; le développement des agro-industries et du commerce intra-africain de produits agricoles ; le développement de l’entrepreneuriat numérique et l’industrie 4.0. 

‘‘Le Sénégal, de par la vitalité de son économie illustrée par la réalisation d’une croissance soutenue, compte jouer sa partition. Pour cela, le gouvernement du Sénégal œuvre à mettre en place les dispositifs adéquats pour l’implication accrue du secteur privé dans la dynamique d’émergence. Dans cette perspective, il est heureux de noter que l’Ue a fait du soutien au secteur privé un pilier essentiel du 11e Fonds européen de développement (Fed) et y consacre des ressources importantes en vue du renforcement de l’accès aux marchés pour les petites et moyennes entreprises. Ces ressources devraient servir à soutenir la transformation structurelle de nos économies, en perspective de l’entrée en vigueur de la Zlecaf’’, a déclaré M. Hott.

Le commerce intra-communautaire en Afrique de l’Ouest a sensiblement baissé, passant de 22,4 % en 1997 à 11,3 % en 2011. L’instance communautaire - la Cedeao - vise les 40 % d’ici à 2030.

Les Ape, problème pendant

Par ailleurs, le ministre du Commerce s’est félicité ‘‘de la qualité des relations de coopération entre les pays Acp et l’Union européenne’’. La coopération entre l’Union européenne (Ue) et les pays Acp (États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique) atteindra un tournant en 2020, avec l’expiration de l’Accord de Cotonou, établi en 2000, qui régit les relations entre l’Ue et les 79 pays partenaires. Le Groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (Acp) est une organisation instituée par l'Accord de Georgetown, en 1975. Ses principaux objectifs sont le développement durable de ses États membres et leur intégration progressive dans l’économie mondiale ; la coordination des activités du groupe Acp dans le cadre de la mise en œuvre des accords de partenariat Acp-Ue ; le renforcement de l’unité et de la solidarité entre les États Acp, ainsi que l’instauration et la consolidation de la paix et de la stabilité dans une société libre et démocratique.

Les accords de Cotonou (signés avec 77 pays Acp), découlant de la Convention de Lomé en 2000, sont, pour les opposants à ce projet, une régression lourde de conséquences pour les peuples africains et une atteinte supplémentaire aux souverainetés nationales. L’article premier de ces accords souligne ainsi que l’objectif n’est plus seulement le ‘‘développement’’, mais ‘‘l’intégration progressive dans l’économie mondiale’’. Pour ce faire, les exemptions douanières sont maintenues jusqu’en 2007, en raison d’une dérogation de l’Omc, la période transitoire devant se traduire par la signature d’accords de partenariats économiques (Ape) qui soient compatible avec les règles de l’Organisation mondiale du commerce. Les anti-Ape dénoncent une déstructuration du tissu économique des pays africains par la maitrise des orientations des aides d’une part et de l’écoulement des surplus agricole européen à des prix subventionnés sur le marché africain, d’autre part.

En 2017, certains membres de l’Ue ont soutenu le maintien du cadre actuel, qui est contraignant pour les deux parties, tandis que d’autres souhaiteraient une plus grande flexibilité. Le commissaire au développement, Neven Mimica, soutenait la première option. L’idée d’élargir l’Accord de Cotonou à l’Amérique latine et à l’Asie a même été agitée, mais semble avoir été abandonnée.

Il est à parier que le débat devrait revenir au-devant de la scène, sous peu.

OUSMANE LAYE DIOP

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