Publié le 22 Feb 2024 - 17:13
C3 - BARRAGES : OM-CHAKHTAR

Les chantiers de Gasset

 

Face au Chakhtar, Jean-Louis Gasset va poser la première pierre de son aventure de quatre mois à l'OM. Une pierre déjà capitale, puisque poursuivre l'aventure européenne semble vital pour permettre au technicien et à ses troupes de mieux aborder les chantiers olympiens.

 

Du haut de ses 70 balais, dont plus d’un demi-siècle passé sur les bancs du monde professionnel, Jean-Louis Gasset ne fait plus du temps qui passe un sujet. « Je vis l’instant. On m’a demandé de réussir le pari, je kiffe, comme disent mes petits », a souri le quatrième coach de la saison de l’OM, lorsque la question de son âge s’est invitée lors de sa présentation. « Est-ce qu’on s’est posé la question pour Wenger, Ferguson, Goethals ? Je ne me compare pas à eux, mais l’âge, c’est celui que vous avez dans la tête. Je n’ai pas l’impression d’avoir 70 ans, et j’ai quatre mois de ma vie pour réussir une mission. » Une mission contre la montre et périlleuse, donc, puisque le Montpelliérain doit relever l’OM d’ici le mois de mai. Ce qui ne sera pas une mince affaire, vu l’ampleur des dégâts, notamment en Ligue 1. La première pierre qui sera posée ce jeudi face au Chakhtar n’en sera que plus importante, à l’heure de lancer ce chantier colossal.

«  Le préparateur mental, c’est moi »

Face aux Ukrainiens, qui ont pu attester de la fébrilité olympienne en égalisant par deux fois à l’aller, Jean-Louis Gasset joue déjà gros. Alors que l’OM est distancé en Ligue 1, prolonger l’aventure européenne sera primordial pour rallumer la flamme au Vélodrome. De plus en plus vindicatif, le public marseillais n’attend pas grand-chose de son nouveau technicien, mais si celui-ci offrait le parfum d’une épopée européenne au peuple ciel et blanc, il s’allégerait l’atmosphère pour le vrai combat : le championnat. Avec six points de retard sur les places européennes (8 sur la qualification en C1), l’OM n’est pas tout à fait hors course, puisqu’il reste 36 points à prendre d’ici la fin de saison. Mais les Marseillais n’ont plus de temps à perdre, alors que se profile un début de printemps relevé avec un enchaînement Rennes, PSG, Lille et Nice. Avant cela, Gasset pourra lancer une dynamique lors d’un triptyque plus abordable face à Montpellier, Clermont et Nantes.

Reste toutefois à relancer la machine. Bonne nouvelle : le pompier de service a identifié la panne – comme tout le monde, dont son prédécesseur –, le mental. « Ça m’a paru un défi possible. Parce que je trouve que l’effectif est de qualité. Ça veut dire qu’il faut travailler sur la psychologie, a analysé l’ancien bras droit de Laurent Blanc. Je l’ai dit aux joueurs : ouvrez les yeux. Il faut qu’il y ait une prise de conscience. […] Quand vous prenez des buts comme ceux que Marseille prend, ce sont des erreurs individuelles, et le système n’est pas la cause. Donc c’est mental, et je ne prendrai pas un préparateur mental. Le préparateur mental, c’est moi. » Le premier chantier de Gasset sera donc de remettre les têtes à l’endroit dans un vestiaire en perte de repères, et pas aidé par les absences prolongées de deux de ses principaux grognards, Valentin Rongier et Jordan Veretout. Bonne nouvelle : ce dernier a repris l’entraînement, ce qui pourrait accélérer les travaux.

Rien à perdre, tout à Gasset

Pour le maître d’œuvre montpelliérain, au-delà des têtes, il va falloir un plan sur le terrain. Ceux qui attendaient de saisir la vision tactique du duo Gasset-Printant ont été servis, ce mardi, lors de sa présentation à la Commanderie : « On prend les joueurs importants, on les met dans les meilleures conditions géographiquement sur le terrain et on construit l’équipe. » Après des années de débats tactiques sous Sampaoli, Tudor ou même Marcelino, les tactix du Vélodrome seront mis au pain sec dans les prochaines semaines. Vu l’importance qu’il veut donner aux cadres, et l’amour de ces derniers pour le 3-5-2 qui a fait ses preuves pendant l’hiver, Gasset ne devrait pas trop s’embêter sur le plan tactique. Ni innover. « D’abord on sort les leaders, on les met sur le terrain dans leur meilleure situation et ensuite on finit le truc. Mais vous avez toujours ou un blessé, ou un suspendu, ou un futur suspendu. » En résumé, le projet tactique de Gasset consiste, selon ses mots, à « s‘adapter à la situation ». Ce qui explique aussi sa nomination, l’OM cherchant un coach francophone, expérimenté en Ligue 1, et de caractère.

Face au Chakhtar, le nouveau technicien devra composer sans Leonardo Balerdi, suspendu. Contre Montpellier, dimanche, c’est Jonathan Clauss qui sera en tribunes. Le cas de l’international français, devenu un sujet sensible et volcanique ces derniers jours, sera d’ailleurs l’un des autres défis de Jean-Louis Gasset, qui ne peut pas se passer du meilleur passeur de l’OM cette saison. D’autant que, contrairement à ses missions réussies à Saint-Étienne et Bordeaux, le pompier n’aura cette fois pas de mercato pour l’aider à éteindre l’incendie. À lui de trouver comment relancer les joueurs clés de cet OM (Harit, Aubameyang, Sarr, etc.) et de provoquer un déclic chez les autres (Ndiaye, Correa, Luis Henrique, Ounahi), tout en acclimatant les derniers arrivés (Merlin, Moumbagna). La bonne nouvelle, c’est que quoi qu’il advienne, Gasset ne fera pas de déçu. À Marseille, son arrivée a suscité plus de sourires moqueurs que de sourires tout court. C’est donc l’Héraultais, qui a tout à gagner et peu à perdre, qui a tendu la main aux supporters : « Ne vous découragez pas. On a besoin de vous, et tout est possible si on est ensemble. C’est surtout ça. Tout est possible. »

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