Publié le 1 Feb 2012 - 15:09
CAN 2012 – LE SÉNÉGAL ÉLIMINÉ AU PREMIER TOUR

Autopsie d’une catastrophe

 

Les raisons irrationnelles qui commencent à être brandies un peu partout autour de la Tanière, en plus d’une analyse technique, ne pourront jamais expliquer l’inexplicable. Trois matches, trois défaites avec un jeu sans éclat, un mental friable, un coaching perdant ; et voilà comment on passe de grand favori à la risée de l’Afrique. Comment expliquer cette désillusion ? Par trois points essentiels :

 

Les limites du coach

 

Pendant deux ans, le discours et la méthode d’Amara avaient fait ses preuves. Mais toutes les certitudes d’avant CAN ont été balayées en huit jours de compétition. A part la première mi-temps face à la Guinée Équatoriale, les Lions n’ont jamais affiché un visage conquérant. Sur le plan du jeu, Amara Traoré n’a jamais trouvé la clé.

 

 

A la veille du premier match contre la Zambie, il hésitait encore entre Dame Ndoye et Diamé pour l’animation dans l’entrejeu dans un 4-3-3. Le choix du second a été un très mauvais casting lors des 20 premières minutes. D’où la rentrée du premier qui marqua l’unique but du Sénégal.

 

La décision de faire de Demba Bâ son attaquant titulaire, alors que ce dernier n’avait disputé que 30 minutes comme remplaçant lors des matches officiels de Lions, n’a pas été visiblement un bon choix. Le joueur de Newcastle, irrésistible en Angleterre, a été le symbole d’une attaque aphone. Seul avant-centre à avoir débuté tous les matches, Demba Bâ n’a jamais pu trouver le cadre, tout comme Mamadou Niang, et Papiss Cissé.

 

 

On se demande encore comment un tel potentiel offensif n’a pu être exploité. En défense, le seul qui a joué à son véritable niveau fut Souleymane Diawara. Son compère de l’axe, Kader Mangane, a eu du mal, surtout sur les ballons aériens. L’on ne peut s’empêcher de se demander si le Rennais avait bien récupéré de sa blessure à la cheville. Et si Amara l’avait aligné malgré tout ? Ceci expliquerait cela…

 

 

Un état d’esprit faible

 

Une équipe qui concède trois fois l’ouverture du score et qui est incapable après de renverser le cours des choses, a fatalement un problème dans la tête. Pire, depuis l’arrivée d’Amara à la tête des Lions, ceux-ci ont perdu tous leurs matches à chaque fois que l’équipe en face a marqué en premier, sauf contre le Gabon en amical en novembre 2010 (2-1).

 

 

Cela montre-t-il une incapacité de réaction des joueurs qui n’avaient jamais connu pareille situation en match officiel ? Toujours est-il que les hommes d’Amara n’ont jamais pu véritablement se révolter sur le terrain pour au moins sauver l’honneur. C’est souvent l’image d’une équipe désunie, mais ce groupe ne semble pas l’être. Mamadou Niang le jure : ‘’Ce groupe a été exemplaire durant tout le parcours du stage à la CAN. Il n'y a pas eu d'écarts, il n'y a pas eu de mauvais comportements, il n'y a pas eu de joueurs qui se sont dispersés. On a toujours été sérieux, on s'est toujours donnés aux entraînements.’’ Le groupe vit bien, trop bien peut-être.

 

 

Beaucoup d’observateurs, après avoir regardé certains entraînements des Lions, les ont trouvés ‘’un peu cool’’. On s’amuse, et on oublie de mettre de l’intensité. Qui disait qu’une équipe joue comme elle s’entraîne ? Les joueurs se respectent-ils trop au point de ne pas se dire les choses en face ou avec la pommade ?

 

 

Les leaders de vestiaires n’ont véritablement pas joué leurs rôles non plus. Quand le capitaine (Niang) et le vice-capitaine (Mangane) ne sont pas au niveau, lorsque les relais (Diakhaté, Daf) sont toujours sur le banc, les messages ont du mal à arriver à destination…

 

 

Une Can mal appréhendée

 

Une certitude : Tous les acteurs du foot sénégalais pouvaient imaginer tous les scénarii possibles, sauf celui de voir les Sénégalais rentrer à la maison avec trois défaites en trois matches dans la valise. La confiance a été la chose la mieux partagée à la veille de la Can.

 

 

Mais la chute fut dure, et les questions fusent fatalement. Le Sénégal s’est-il vu trop beau ? Les joueurs ont-ils eu le complexe de supériorité face à leurs adversaires ? Un peu des deux sans doute. Mais force est de reconnaître également que le Sénégal n’a pas bien mesuré les conséquences de son absence à la CAN 2010.

 

 

Quand on se fait sortir au premier tour en 2008, et que l’on manque ensuite l’édition suivante, on ne peut pas prétendre objectivement au sacre final. L’histoire de la CAN en est témoin. Le Sénégal est revenu à la CAN et a eu le malheur de rencontrer dès son premier match un adversaire, la Zambie, habitué à cette compétition (une seule CAN manquée depuis 1990).

 

Cela a été fatal à une équipe aussi inexpérimentée que le Sénégal. Les Lions ont mis 20 minutes pour se rendre compte qu’ils étaient véritablement en Coupe d’Afrique. C’était trop tard, la Zambie menait déjà 2-0, et la CAN était finie pour eux…

 

 

NDIASSÉ SAMBE (Envoyé spécial à Bata)

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