Publié le 30 Jan 2012 - 18:33
CAN 2012 - LIBYE-SENEGAL 2-

La défaite du changement ?

 

Il faudra bien que quelque chose change. L’entraîneur ? Certains joueurs ? L’état d’esprit ? Le discours ? Car il faudra nous convaincre de la pertinence de laisser les choses en l’état et espérer que cette équipe redevienne celle qui a poussé de nombreux observateurs à lui coller l’étiquette de favorite. Il faudra nous expliquer comment cette équipe, qui a éliminé le Cameroun, est incapable de prendre au moins un point face à des adversaires au pedigree modeste.

 

 

Le même mal, sans qu’on ne puisse trouver le remède. Face à la Libye, le scénario a été le même : une défense fébrile qui concède l’ouverture du score (Albusaifi Ihab, 5e), les Lions qui courent après l’égalisation, et n’arrivent jamais à prendre l’ascendant, et un but assassin. Il faudra expliquer comment huit jours de compétition peuvent ébranler un travail de deux ans. 2-1, le même tarif pour les trois matches des Lions.

 

 

Même quand Amara change cinq joueurs par rapport au dernier match contre la Guinée, rien ne…change. Les joueurs ont commencé leur match comme des sénateurs, les mains presque dans les poches. Pas d’agressivité, peu de pression sur l’adversaire, et la punition dès la cinquième minute. Si Ndiaye Dème Ndiaye égalise (11e) sur un corner de Mamadou Niang, le Sénégal, n’a jamais pu prendre la mesure des Chevaliers du désert.

 

Un tir de Souleymane Camara (33e), le but refusé de Moussa Sow (87e) ou le lob manqué de Papiss Cissé (71e) auraient pu lui permettre de changer le cours de ce match. En vain.

 

 

Et maintenant ?

 

Amara a encore répété hier, avec conviction, son envie de continuer l’aventure. Il faudra beaucoup de force de persuasion pour expliquer comment son équipe s’est fait broyer par les réalités de la compétition. Cette équipe doit changer, avec ou sans Amara.

 

 

Si ce dernier reste, il est évident qu’il faudra qu’il remette en cause sa méthode, son discours. ‘’Quand on fait ce qu’on a toujours fait, on obtient ce que l’on a toujours obtenu’’, a-t-il l’habitude de dire. Cette fois, cela n’a pas marché. Comme pour dire qu’en foot, les choses ne sont jamais figées…

 

Commentaire : vers une guerre de trois ?

 

La CAN n’est pas finie pour le Sénégal, elle va se poursuivre à Dakar évidemment entre trois parties : le sélectionneur Amara Traoré, le président de la Fédération Me Augustin Senghor, et le ministre des Sports Abdoulaye Makhtar Diop. L’entraîneur national ne compte pas démissionner, il l’a dit avec force hier après le match contre la Libye. Amara ne veut pas perdre le crédit de son travail depuis deux ans.

 

 

C’est vrai, le sélectionneur a réussi la reconstruction, mais a beaucoup perdu dans cette CAN. En étant défait trois fois en trois matches, une première dans l’histoire du foot sénégalais, il a peut-être grillé tous ses jokers. Plusieurs sélectionneurs, aussi titrés soient-ils, ont été virés pour moins que ça. Et ‘’la désinvolture’’ (dixit Ferdinand Coly) de certains joueurs sonnent comme ‘’lâchage’’ de coach. Croient-ils encore à la méthode de leur mentor, adhérent-ils à son discours. ‘’Oui’’, jure Niang. Mais ce n’est pas le soutien des joueurs qui va influencer la décision de maintenir Amara Traoré.

 

 

Me Augustin Senghor va être le décideur. S’il acte le maintien d’Amara Traoré, il va fatalement se heurter à sa tutelle. Car même s’il ne le dit pas ouvertement le ministre d’État, ministre des Sports, Abdoulaye Makhtar Diop veut la tête de l’entraîneur. Le ministre a bien rappelé (devant me Senghor hier) que l’État avait mis tous les moyens à la disposition de l’équipe, et que l’échec est purement technique. C’est la première attaque d’une guerre entre trois qui paraît inévitable…

 

 

NDIASSÉ SAMBE (Envoyé spécial à Bata)

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