Publié le 23 Jan 2017 - 15:08
CAN 2017 -ALIOU CISSE, SELECTIONNEUR DU SENEGAL

''On n'est pas revanchard''

 

L'entraîneur des Lions ne veut pas entendre parler de revanche dans la perspective de son dernier match de poule contrel'Algérie, ce lundi. Aliou Cissé, qui vise une 3e victoire pour également rester dans sa dynamique, annonce qu'il fera avec une équipe remaniée pour donner du temps de jeu aux remplaçants.

 

Préparation du match contre l’Algérie ?

On a toujours bien préparé nos matches. On a préparé ce match comme on l’a fait pour les deux premiers. J’ai toujours dit que notre philosophie est de jouer les matches les uns après les autres. Même si nous sommes qualifiés, nous devons être concentrés et jouer le jeu contre une très belle équipe d’Algérie. Nous allons jouer un match très difficile, demain (ce lundi). Il n’y a jamais de match facile en Can. Dans l’ensemble, les garçons sont prêts à se battre pour faire un bon match.

Etat de santé des joueurs ?

C’est vrai qu’on a des garçons qui ont reçu des coups, comme Sadio. Il a reçu un petit coup mais rien de grave. Sur ce troisième match, il est important de donner du temps de jeu aux autres joueurs de l’équipe. Sur ce match contre l’Algérie, il y aura quelques changements.  

L’adversaire ?

L’Algérie reste toujours redoutable. On a joué contre eux en match amical à Blida, il y a un peu plus d’un an. Ce fut un très bon match. Entre-temps, l’entraîneur a été limogé mais le groupe reste le même. Je reste persuadé que l’Algérie est une grande équipe. Ils (les Algériens) ont un tout petit peu loupé leur début de CAN mais cela ne veut pas dire qu’ils sont éliminés. Ils sont encore dans la course. On continue à les respecter.

Equipe remaniée ?

Nous sommes rentrés par le bon bout dans cette CAN avec nos deux victoires. C’est vrai que le troisième match devrait nous permettre de changer quelque chose. Parce que comme j’ai eu à le dire lors du premier match : nous avons 23 joueurs potentiellement titulaires. C’est l’occasion demain (aujourd’hui) de passer de la parole aux actes, de donner aussi la possibilité à ces garçons qui n’ont pas beaucoup de temps de jeu de pouvoir jouer. En tout cas, ce que je peux vous dire, c’est que les 23 joueurs sont prêts et le Sénégal mettra en place une équipe très compétitive contre l’Algérie.  

Comment aborder le match ?

On essaie de rentrer le mieux possible dans nos matches. C’est ce qu’on essaie de faire depuis le début de cette CAN. Il n’y aura pas de relâchement parce qu’on est qualifiés. On aurait pu être dans une autre situation aujourd’hui. La motivation et l’envie sont là. Ce sont des garçons professionnels. Ils savent qu’on est sur le plan international et l’équilibre entre le positif et le négatif est très fragile. Mieux préparer le match qui nous attend en quarts de finale, c’est d’abord bien aborder ce match contre l’Algérie et bien le jouer. C’est important pour le capital confiance. 

Esprit de revanche contre l’Algérie qui avait éliminé le Sénégal en 2015 ?

2015, c’était il y a deux ans. Dans mon esprit, il n’y a pas de revanche à prendre contre l’Algérie. Ça reste un match de football. Je ne veux pas que les joueurs entrent dans le terrain avec cet état d’esprit de revanche. Le contexte a changé, les entraîneurs ont changé, les joueurs ont changé. Beaucoup de choses ont changé entre-temps. On a à cœur de jouer ce match et de le gagner. Ça fait plaisir d’entendre dire que nous faisons partie des équipes les plus cohérentes dans le jeu, dans l’état d’esprit et dans la façon de faire. C’est un mini championnat et on a bien débuté. Maintenant, on va aborder la CAN comme des matches de coupe. On sait que le mini championnat finira demain soir mais le plus difficile pour nous reste à venir. Ce n’est pas le moment d’être dans l’euphorie. Le plus important, c’est de passer le cap des quarts de finale.

La défense et les cartons jaunes pris ?

Les cartons font partie du football. Quand on est défenseur, on est amené à prendre des cartons. Comme je le dis à mes joueurs, on ne peut pas rentrer sur le terrain en se disant que je ne veux pas prendre de cartons parce que je prépare les quarts de finale. Mais en même temps, il faut essayer de trouver cet équilibre. On a constitué un groupe équilibré où il y a une polyvalence. Il y a des garçons qui sont capables de reculer d’un cran en passant de milieu de terrain à défenseur central. On a aussi des garçons qui ont eu une formation de défenseur central mais qui sont aussi capables de jouer sur le côté. On concoctera une équipe très équilibrée où les joueurs se sentiront bien.

Différence entre jouer une CAN et diriger une équipe à la CAN ?

Oui il y a une différence, ce n’est plus la même chose. Aujourd’hui, le niveau de la CAN a encore plus évolué et les équipes sont encore meilleures. Les schémas tactiques deviennent de plus en plus rigides. L’organisation est encore beaucoup plus difficile à passer et les équipes sont mieux organisées. Ce n’est plus la même chose. Avant, la hiérarchie était respectée. Les grandes nations de football restaient les grandes équipes. Mais aujourd’hui, vous avez vu que sur le continent, tout le monde est capable de tenir tête à tout le monde. Je pense que c’est intéressant de savoir qu’il n’y a plus de petite équipe ou de petit match.

Même quand on a de très grands joueurs qui évoluent dans les grands clubs en Europe, on peut se faire accrocher par une équipe dont les joueurs sont quasiment inconnus. C’est le charme du football et de cette CAN. Il y a seize équipes très fortes sur ce continent qui sont au Gabon pour la même chose, le même objectif final. Durant la Coupe d’Europe, c’est différent. Souvent il y a des petites équipes et la hiérarchie est mieux respectée. Aujourd’hui en Afrique, beaucoup de choses ont changé. Quand j’étais joueur, il y avait des matches qu’on savait pouvoir gagner à 100%. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. C’est le football africain qui y gagne. Ce sont les joueurs qui y gagnent aussi.

Algérie, bête noire du Sénégal ?

J’ai eu la chance de l’avoir battu en 2002. Je ne me rappelle pas qu’on l’ait battu depuis lors. C’est juste pour vous dire les difficultés que le Sénégal a de jouer contre l’Algérie. Algérie-Sénégal, c’est une affiche, un des classico du football africain, un des grands rendez-vous du football africain. Tout le continent regardera ce match. On a à cœur de bien jouer parce que c’est important de gagner ce match. En le gagnant, on passe de six à neuf points. C’est un grand challenge et un grand défi pour nous mais il ne faut pas s’attendre à un match facile face à l’Algérie. C’est une bête blessée et je connais l’Algérie, j’ai des amis algériens. Je sais qu’ils ont une fierté et un orgueil. Je peux vous garantir que ce ne sera pas facile.

Une préférence pour les quarts de finale ?

Je n’ai pas de préférence pour les quarts de finale parce qu’à ce stade de la compétition, toutes les équipes se valent. Le Sénégal est prêt à jouer contre n’importe quelle équipe. Pour aller le plus loin dans cette compétition, il faut, de toute façon être prêt à affronter n’importe quelle équipe. On doit être prêt à battre toutes les équipes et monter. Tous les matches vont être difficiles. Il faut être prêt physiquement, mentalement. Sinon ça va être très compliqué. Depuis deux ans, nous travaillons sur ça. Tous nos matches sont donc importants. On sera attendu demain (aujourd’hui) et ce sera aussi le cas en quarts de finale. Ce sera intéressant pour les joueurs mai aussi pour nous. Pour les compétiteurs, c’est aussi pour ces moments-là qu’on joue au football.

Moyens de battre l’Algérie ?

Incha Allah, c’est ce qu’on veut. Avoir les moyens ne veut pas dire le faire. Sur les seize équipes qui sont là, chacune a les moyens de remporter la CAN. De génération en génération, le Sénégal a toujours eu les moyens de remporter une CAN. Le Sénégal ne l’a pas encore fait jusqu’à présent malgré nos grands joueurs, nos grandes équipes et nos grandes ambitions. Nous espérons, sur cette CAN, aller le plus loin possible. Pour y arriver, il faut gagner tous les matches. Il n’y a pas de secret. Entre vouloir et pouvoir, il y a une grosse différence. Ce que je sens parmi mes joueurs, c’est qu’ils en veulent. Ils sont motivés et sont concentrés. Ils ont envie d’écrire leur propre histoire. Depuis le début, j’entends toujours 2002. C’est à eux aussi de faire oublier cette génération. Faire oublier cette génération, c’est faire mieux qu’elle. Non seulement aller en finale mais remporter cette coupe. J’ai confiance en eux et je sais qu’ils veulent la gagner.  

Babacar Keita (envoyé spécial)

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