Publié le 28 Dec 2018 - 21:39
CANCER DU COL DE L’UTERUS

Le vaccin de la controverse 

 

Jamais, dans l’histoire du Sénégal, un médicament ou un vaccin n’a causé autant de polémiques. Même le vaccin contre la poliomyélite n’a pas suscité autant de controverse. De l’Europe à l’Asie, en passant par les amateurs, les cliniciens, les techniciens, tout le monde est devenu expert en la matière. Les uns ont même demandé le retrait de ce vaccin qui a été introduit dans le Programme élargi de vaccination. Ce fut dur, dur !, pour le gouvernement, notamment le ministère de la Santé qui a peiné à convaincre la population. Alors que les services d’Abdoulaye Diouf Sarr pensaient avoir fait le plus dur pour convaincre les parents de faire vacciner leurs enfants, la sortie critique d’un médecin sénégalais vivant en France est venue mettre Ko le ministère.

Il a fallu reprendre toute la communication à zéro. Cette fois-ci, en lieu et place des chefs de service ou des directeurs, c’est le ministre de la santé, en personne, qui a apporté la réplique, avant de signer un communiqué. Pensant avoir convaincu son monde, Abdoulaye Diouf Sarr a pris une autre volée chez les députés. C’est l’honorable député Théodore Chérif Monteil qui, dit-il, en tant que scientifique, a émis les plus sérieux doutes sur l’opportunité de ce programme, sur son caractère éthique et son efficacité. 

Avant de demander si le pays dispose de données chiffrées prouvant l’efficacité de ce vaccin. ‘’Sur quel spectre, sur quel horizon temporel ? J’ai de sérieux doutes, pour la simple et bonne raison qu’il faut un recul de 15 à 20 ans, le temps nécessaire pour qu’une infection par le papillome virus évolue vers un cancer.  Est-ce que les effets secondaires de ce vaccin sont minimes par rapport à la protection contre la maladie ? Ce sont les effets secondaires de ce vaccin qui ont conduit le gouvernement japonais, en 2013, à retirer sa recommandation sur le vaccin’’, a-t-il soutenu, non sans se poser des questions sur le caractère éthique de ce programme, parce que, dit-il, l’examen du mode de financement de l’Oms révèle des risques de collision et conflit d’intérêts’’.

Pour le député, ce programme n’est pas opportun. A l’en croire, vacciner un enfant de 9 ans contre un virus qu’il ne peut contracter que lors d’un rapport sexuel, conduit tout de suite vers une remise en cause des valeurs éternelles de ce pays. ‘’Il va faire penser que ce vaccin exclut la pratique du frottis. Les gens vont penser que lorsqu’ils sont vaccinés, ils n’ont plus besoin de pratiquer le frottis’’, a-t-il plaidé.

En guise de réponse, le ministre a demandé aux Sénégalais de faire confiance aux autorités sanitaires. Selon lui, la scientificité à laquelle il croit en la matière, c’est celle attestée par l’Organisation mondiale de la santé (Oms). ‘’On a vu tellement de spéculations autour de ce vaccin. Mais je vous souligne que beaucoup de pays l’ont dans leur dispositif de prévention. La France vient de l’élargir aux garçons. Ce qui veut dire qu’entre une spéculation scientifique et des analyses scientifiques avérées, il y a une différence. Je demande à la population sénégalaise de faire confiance en leur système de santé, de faire confiance en leur gouvernement’’, a-t-il rassuré.

A l’en croire, le vaccin qu’ils ont introduit dans le système de prévention des enfants, c’est pour lutter contre le cancer du col de l’utérus qui fait énormément de ravages. ‘’La seule scientificité qui vaut dans ce domaine, ce n’est pas celle des organes de presse. Parce que beaucoup de gens sont en train d’écrire, d’épiloguer sur le sujet. Mais il faut se demander ce que dit l’Oms sur ce plan et qu’est-ce qui se passe dans d’autres pays qui l’ont introduit. Ce vaccin a fait ses résultats, même si on nous parle d’effets indésirables. Nous avons suffisamment de moyens pour garantir la sécurité des populations’’, a précisé Abdoulaye Diouf Sarr.

La dengue met à nue le système

Elle est apparue au moment où on s’y attendait le moins, en avril dernier. Ce, après sa grande présence en 2009, quand la dengue a touché presque toute la population de Dakar et en 2017 à Louga. Cette année, cette maladie bénigne a touché le cœur du mouridisme, au moment où l’on se préparait pour le Magal de Touba. Ce fut la consternation chez les populations. Surtout que c’est à Fatick que de nombreux cas ont été diagnostiqués et pris en charge par les services du ministère de la Santé. Tout le monde a alors pensé que la maladie avait migré vers Touba. Mais il n’en était rien, puisque les personnes diagnostiquées à Touba n’avaient jamais quitté la ville.

Dans ce combat, tous les départements du ministère et des services de l’hygiène se sont mobilisés pour arrêter cette épidémie. Le combat fut dur, car les moyens ne suffisaient pas. Le ministère ne pouvant pas pulvériser tout le pays. Le malheur ne venant jamais seul, il y a eu des cas à Darou Mousty. Ce fut la panique. Ils ont dû faire avec les moyens du bord, en organisant également des séances de nettoyage et d’assainissement avec les populations des différentes villes. Cette épidémie a mis à nue le système sanitaire qui manque de moyens pour la prise en charge de cette maladie qui n’a ni médicament ni vaccin. Le traitement des personnes infectées se faisant de façon asymptomatique. 

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