Publié le 15 Jun 2019 - 03:07
CANCERS FEMININS

Les travailleuses du sexe plus exposées 

 

Sur 500 travailleuses du sexe, plus de 70% sont porteuses du Papillome virus humain à l’origine des cancers féminins.

 

Le papillome virus humain (Hpv) est responsable d’infection sexuellement transmise. C’est l’un des virus les plus fréquemment transmis.  Une étude menée par les acteurs de la lutte contre les cancers, démontre que sur un peu moins de 500 travailleuses du sexe (prostituées), le taux de portage en présence de Hpv est de plus de 70%. Selon le Professeur en microbiologie au Laboratoire de bactériologie de l’hôpital Aristide Le Dantec, Alimatou Diop Ndiaye, cela veut dire que sur 100 travailleuses du sexe (Ts), 70 d’entre elles portent le Hpv. Cependant, précise le Professeur, cela ne signifie pas qu’elles font le cancer mais elles ont déjà le virus.  

Ce pourcentage, dit–elle, est énorme par rapport à la population générale où le taux de prévalence est de l’ordre de 13%. ‘’Les Ts, du fait de leur activité, sont plus à risque d’être infectées par le Hpv. Nous avons constaté que le fait d’être infecté par le Hpv augmente le risque d’avoir le Vih. Elles sont beaucoup plus vulnérables. C’est pourquoi elles doivent être dépistées et avoir un suivi régulier. Cela permettra de suivre celles qui seraient porteuses si elles commencent à développer des lésions. Il est possible de les traiter avant qu’elles n’évoluent vers le cancer’’, a expliqué le Pr Ndiaye au cours d’un séminaire international sur les cancers féminins en Afrique, organisé par la Ligue sénégalaise contre le cancer  (Lisca) en partenariat avec l’Union internationale contre le cancer (Uicc).

Pour la présidente de la Lisca, le Dr Fatma Gueunoune, cet atelier est un pas vers une réflexion sur une urgence régionale, mais aussi une chance de se réunir et d'identifier ensemble des solutions concrètes pour unir les forces et coordonner les actions. Parce que, dit-elle, la région paye un trop lourd tribut aux cancers féminins alors que des solutions existent. ‘’L'appel à l'action de l'OMS pour l'élimination du cancer du col de l'utérus et le projet de stratégie mondiale qui fait actuellement l'objet de consultations régionales, montrent un engagement mondial pour plus d'équité dans l'accès à la vaccination, à la détection précoce et aux traitements. Nous savons que les cancers féminins sont en Afrique, les premières causes de décès. Elles sont les plus touchées et il faudrait que l’on puisse s’engager ensemble pour lutter contre les cancers féminins dans la sous-région’’, a plaidé le Dr Gueunoune.

Selon lui, le vaccin contre le cancer du col de l’utérus est primordial. Il faudrait que l’on puisse vacciner les enfants de 0 à 15ans pour leur permettre de se protéger contre le cancer du col. ‘’Le Papillome virus humain qui est le facteur primordial du cancer du col de l’utérus, persiste longtemps après les premiers rapports sexuels et même les premiers attouchements. Donc il faudrait que l’on puisse protéger les filles avant même les premiers attouchements. Dans les pays scandinaves, ils ont vacciné toutes les petites filles et les garçons. Ce vaccin n’empêchera pas de faire le dépistage plus tard chez ces filles vaccinées. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons éradiquer le cancer du col en Afrique’’, a-t-elle soutenu. A son avis, allier la vaccination et le dépistage, pourrait éradiquer ces formes de cancers au Sénégal et en Afrique. 

VIVIANE DIATTA

 

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