Publié le 27 Jan 2012 - 16:42
CASSES DANS LES TRANSPORTS PUBLICS

Quand le serpent se mord la queue

Bus Dakar dem Dikk

 

Une image symbolique a attiré notre attention au terminus de bus de Liberté 5. Une foule d'individus composée à 75 % de jeunes étudiants, de travailleurs adultes...fouettés par un vent frais poussiéreux attendait, impatiemment, le départ de ces véhicules de transports publics. Tout à fait un peu à l'écart, était garé un bus, complètement incendié, victime de l'action destructrice des vandales.

 

 

Une scène en réalité voulue. Parce que les autorités de Dakar Dem Dikk ont décidé de sensibiliser les usagers et les populations en général, sur l'impact négatif des casses de bus sur le fonctionnement de leur société. Il y a, en effet, assurément de quoi réfléchir après le véritable cri du cœur lancé par les travailleurs de cette société à propos des effets destructeurs du vandalisme social que subit de plus en plus la fameuse grande entreprise de transport public Dakar Dem Dikk.

 

 

Quelque 175 bus détruits, depuis plus d'une décennie, par les vandales à l'occasion de manifestations sur la voie publique. Manifestations à caractère social, sportif ou politique. Un bus mobilisant en moyenne 7 employés et coûtant à peu près 150 millions, un rapide calcul donne comme résultat 16, 250 milliards de nos francs. Elles sont donc énormes, les pertes cumulées subies dans les casses par la société Dakar Dem Dikk! Et la désolation a atteint un paroxysme tel chez les travailleurs de cette boîte que ceux-ci ont entrepris de dérouler cette opération de sensibilisation.

 

 

Sans nous attarder sur la légitimité ou non de tous ces actes de désespoir qui sont à l'origine de ces malheureuses casses répétitives, disons que le problème, c'est quand ce type de vandalisme urbain est l’œuvre du Sénégalais démuni. Ce Sénégalais basique qui, après s'être bien défoulé, après avoir bien déchargé sa bile et son amertume sur ces ''grosses caisses'' métalliques roulantes, est, dès le lendemain, ou parfois même, quelques heures après, le premier à l'arrêt ou au terminus, attendant impatiemment...un bus Dem Dikk ! Un cycle d'une irrationalité infernale. Comme dans l'histoire où le serpent se mord la queue.

 

Jules Diop

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