Publié le 2 Jul 2019 - 18:56
CAUTION ELECTIONS LOCALES

Les partis politiques proposent leurs montants

 

Conformément aux articles 240 et 279 du Code électoral, le ministre de l’Intérieur a invité, hier, tous les partis politiques à des échanges, en vue de fixer le montant de la caution pour les élections locales. Déjà, les propositions faites varient entre 100 000 et 30 millions de F Cfa.

 

Les partis politiques légalement constitués (314) ont eu l’occasion, hier, de proposer des montants quant à la caution à déposer pour les prochaines élections locales. Ils s’accordent sur le fait que la caution tout comme le parrainage participent à la rationalisation des candidatures.

Parmi ceux qui ont répondu présent à ce rendez-vous de recherche de consensus, si certains pensent qu’il est temps que le Sénégal se réfère aux standards internationaux et stabilisent enfin ses termes de référence, beaucoup estiment que l’initiative du ministre de l’Intérieur vient à point nommé, car permettant des échanges ouverts avec l’ensemble des formations politiques.

Par contre, le Front de résistance nationale (Frn) représenté par son coordonnateur Moctar Sourang, estime que cet aspect des élections doit être pris en charge par le dialogue national déjà entamé. Et qu’en outre, il faudrait également discuter du processus électoral dans son ensemble et particulièrement des contours du parrainage. Un point qui, d’ailleurs, fait presque l’unanimité chez les participants, contrairement aux recommandations de l’Union européenne qui préconisait la suppression du parrainage lors des élections municipales et départementales.

Sur les 34 partis et coalitions qui se sont exprimés, les propositions varient entre 100 000 et 30 millions de F Cfa par commune et/ou département. Et ce, en fonction de plusieurs déterminants : la taille des communes, la nature des listes (issues de coalitions ou individuelles), les disparités économiques et la pléthore de listes (2 747 en 2014 pour 240 partis politiques).

Concernant le dernier point, il semble qu’une hausse de la caution, entre 15 et 30 millions de F Cfa, pourrait résoudre le problème. Il a également été proposé la formation de coalitions plutôt que des candidatures individuelles.

Le Parti démocratique sénégalais n’a, pour sa part, émis aucune proposition de montant, mais plutôt des conditions. ‘’Si vous nous assurez que les élections se tiendront le 1er décembre 2019, conformément au calendrier électoral et le respect du Code électoral, notamment des dispositions portant sur le parrainage, alors nous sommes pour une caution, quel que soit le montant’’, a déclaré Magate Sy, représentant du parti.

Points de désaccord

Tout comme ses camarades de parti, le professeur Amsatou Sow Sidibé affirme que ce débat doit uniquement être soulevé au dialogue national. Elle a déploré ‘’un manque d’organisation’’ et qualifie la rencontre du jour de ‘’perturbation’’, puisque le dialogue national suit son cours.

‘’Nous sommes à 5 mois de la date que vous avez suggérée. Et selon le code, on ne peut pas réformer les textes à moins de six mois de l’élection, à moins qu’il y ait consensus. Je n’en ai pas vu ici’’, ajoute-t-elle comme autre raison de désaccord face à la démarche du ministère de l’Intérieur. A l’en croire, le ministère devrait également se poser la question d’où viennent ces fortes sommes déposées comme caution ? ‘’De l’argent sale’’, affirme-t-elle, avant de conclure : ‘’J’aimerais vraiment savoir où va tout cet argent encaissé.’’

Poursuivant son argumentaire, le professeur de droit à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar pense qu’il faudrait revoir la substance du parrainage. ‘’Pour l’élection présidentielle, on nous a demandé de déposer les listes de parrains et la caution. Tout en sachant que les listes permettent de valider la candidature. Comment peut-on demander une caution à quelqu’un qui n’est pas encore candidat ? Il y a un problème’’, a-t-elle expliqué.

Le montant arrêté par le ministre l’intérieur sera connu le 3 juillet prochain, conformément au Code électoral qui stipule que la décision doit être prise 150 jours avant le scrutin. Ainsi, selon lui, c’est face à une contrainte de temps qu’il ne peut attendre les conclusions du dialogue national, quant à cette question. Surtout que ce rendez-vous est mentionné dans le Code électoral.

EMMANUELLA MARAME FAYE

 

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