Publié le 10 Mar 2019 - 17:09
CELEBRATION DU 8 MARS

Le plaidoyer d’Aïssata Tall Sall pour l’entreprenariat féminin 

 

Pour que les femmes participent pleinement au développement économique de leur pays et du continent, il est nécessaire de les aider dans leur volonté d’entreprendre, de leur donner les moyens, ceci autour de l’économie solidaire. C’est ce qu’a soutenu hier la députée Aïssata Tall Sall, Présidente d’honneur de l’Association des femmes de l’Asecna qui célébraient la Journée mondiale des droits de la femme, à l’image de la communauté internationale.

 

A travers le monde, les études ont démontré, selon Me Aïssata Tall Sall, que les femmes africaines sont les plus entreprenantes. ‘’Quand on parle d’entreprenariat féminin, elles sont en tête. C’est quelque chose qui nous interpelle. Ce qui signifie que nous avons une double responsabilité face à ce chiffre. La première, c’est d’aider les femmes dans leur volonté d’entreprendre, de leur donner les moyens autour de l’économie solidaire’’, plaide la députée-mairesse de Podor. Aïssata Tall Sall s’exprimait hier, lors d’une conférence organisée par les femmes de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna) pour célébrer la Journée mondiale des droits de la femme.

Présidente d’honneur de cette association, l’avocate indique qu’il est important que les Etats eux-mêmes soient ‘’conscients’’ de cette capacité ‘’formidable’’ que les femmes africaines ont à se lancer dans l’entreprenariat pour pouvoir les soutenir. ‘’La deuxième responsabilité que nous avons, c’est de faire de telle sorte que ces femmes soient organisées pour que cet entreprenariat soit structuré. Ceci, afin qu’elles sortent de l’informel et gagnent plus de revenus, pour pouvoir participer au développement de nos pays respectifs. Car ce sont les femmes qui portent le destin de ce continent. Plus elles s’engageront dans la voie du développement, plus elles travailleront, plus on leur donnera les capacités juridiques, physiques, économiques de pouvoir le faire, plus l’Afrique s’en sortira plus vite et mieux’’, dit-elle.

En fait, pour Aïssata Tall Sall, le combat que les femmes sont en train de mener doit être ‘’pour les hommes et avec eux, pour les enfants et avec eux aussi’’. Il ne doit pas être mené d’une manière ‘’solitaire’’ pour les femmes. ‘’Il nous faut encore 202 ans pour que l’égalité soit consacrée entre les hommes et les femmes. Certes, nous ne serons pas là, de même que nos filles ou petites-filles. Mais notre devoir, notre responsabilité, c’est d’engager ce combat jusqu’au bout et elles prendront le relais’’, souligne-t-elle.

‘’Il faut rappeler que 30 % des femmes sont battues par…’’

Sur ce, la parlementaire signale aussi qu’entre les hommes et les femmes, il y a un écart dans le traitement salarial de 26 %. Ce qui veut dire qu’à poste de responsabilité identique, à compétence égale, les femmes ont 26 % de moins de salaire que les hommes. ‘’Nous devons également combattre cela. Parce que c’est aussi une égalité qui doit incomber et dont les femmes doivent bénéficier. Il faut également rappeler que 30 % des femmes sont battues par leur mari, frères, père et parfois par leurs propres enfants. Ce qui est beaucoup. C’est quelque chose de dégradant et d’humiliant pour les femmes. Nous devons également nous battre contre cela’’, lance la mairesse de Podor.

Pour sa part, la directrice d’’’Intelligence magazine’’, Amy Sarr Fall, a fait savoir que quand on parle de l’inclusion financière, on pense souvent que les femmes n’ont besoin que d’argent. ‘’Ainsi, on donnait beaucoup de financements. Mais, au bout de quelques années, on a compris que ces financements, à quelques exceptions, deviennent éphémères. Parce qu’on n’arrive pas à pérenniser ces investissements. Aujourd’hui, si on veut vraiment aider les femmes, il faut les aider à inscrire leurs filles à l’école’’, estime-t-elle. Car, Amy Sarr Fall pense qu’au Sénégal, il y a ‘’énormément de gaspillage intellectuel’’, avec un taux important de jeunes filles qu’on sort de l’école pour les marier, etc. ‘’Si vous voulez que ce combat féministe prospère, il ne faut pas tourner le dos à nos valeurs, nos convictions religieuses. Il faut ce que ce combat féministe soit inclusif. On n’a pas besoin d’aller vers des revendications extrêmes. Il faut tout simplement se mettre à l’évidence. A savoir que les femmes constituent 50 % de l’humanité’’, renchérit la directrice d’’’Intelligence magazine’’.

Donc, à chaque fois qu’on privera une fille de son droit à l’éducation, Amy Sarr Fall soutient qu’on privera l’humanité d’une ‘’force importante’’. Pour cela, elle affirme qu’il faut nécessairement cultiver la ‘’solidarité féminine’’. C’est-à-dire se battre pour les femmes qui n’ont pas la chance d’être épanouies et qui, peut-être, ne le seront jamais.

‘’Seulement 28 % des chercheurs dans le monde sont des femmes’’

En effet, malgré les efforts consentis pour l’éducation des filles et des jeunes femmes dans les carrières scientifiques, selon la spécialiste genre de l’Organisation internationale du travail (Oit) au Sénégal, les progrès sont lents. ‘’Selon les estimations de l’Institut des statistiques de l’Unesco, seulement 28 % des chercheurs dans le monde sont des femmes. Ce taux de participation constitue un obstacle qui empêche les femmes d’être à l’origine de l’innovation. A travers le continent, les femmes n’ont presque pas accès à la technologie et à l’innovation. A la facture numérique dont souffre le continent, s’y ajoute celle des inégalités liées au genre’’, informe Fatime Ndiaye.

De son côté, la directrice générale d’Interactes Madame Digitale défend que l’entreprenariat ne se résume plus à la microfinance, à l’accès au crédit de 5 000 ou 10 000 dollars. ‘’On parle aujourd’hui de la nouvelle force économique qu’est l’économie numérique. Ainsi, elle invite les femmes à penser différemment et à réfléchir sur ce que l’économie numérique peut leur apporter. Si vous-mêmes vous ne changez pas vos habitudes, vous avez des enfants qui sont très à l’aise avec des plateformes en ligne. Dans la sous-région, il y a des pays comme le Nigeria ou le Ghana où les gens font des choses extraordinaires, grâce à l’économie numérique’’, préconise  Mariam Kamara.  

MARIAMA DIEME

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