Publié le 8 Apr 2014 - 22:37
CENTRE D’INTERPRÉTATION DU DELTA DU SALOUM (CDIS)

Un ''poumon'' qui peine à respirer... 

 

Le Centre d’interprétation du Delta du Saloum (CDIS) a pour but de promouvoir les îles du Saloum dans les différentes composantes du patrimoine culturel et touristique. Cependant, un an après son inauguration, il peine à démarrer officiellement ses activités.

 

Véritable poumon de la vie culturelle de la communauté rurale de Toubacouta, le Centre d’interprétation du Delta du Saloum (CDIS) a pour but de promouvoir la préservation du patrimoine culturel et naturel du Delta du Saloum. Cependant, ce centre inauguré le 5 mai 2013 est en apnée, puisqu’il peine à se faire adopter par les Toubacoutois.

La cause ? Un projet mal ficelé, selon ses détracteurs qui dénoncent un investissement inapproprié, car ‘’nous aurions aimé que ce centre soit construit près des hôtels‘’, estiment les artisans sculpteurs.

Mais, pour le gérant Mahécor Diouf, il faut laisser le temps aux habitants du village de s’habituer à cet endroit qui n’a que 10 mois d’existence et qui attend encore la délivrance des instruments juridiques du ministère de la Culture pour clarifier son statut.

Ce qui ne l’empêche pas d’accueillir des répétitions pour les troupes théâtrales, des réunions et des cours de sensibilisation pour la protection de la zone classée de 5 000 ha du Delta. Le centre, dont les murs couvrent 2 ha offerts par la communauté rurale, fonctionne grâce à une subvention de sa direction de tutelle et a une double vocation, culturelle et environnementale.

Plus qu’un poumon, le centre est devenu le cœur de la vie communautaire, selon le fils du chef de village, Souleymane Mané. ‘’C'est devenu le point de rencontre et de réunion pour toutes les affaires concernant la vie de la communauté. Et il n’est en aucune manière réservé aux seuls artisans de la localité, comme le pensent beaucoup de personnes'’, déclare-t-il.

En effet, les façades ocres qui accueillent le village artisanal, un des éléments centraux du projet, suscitent des chamailleries entre certains artisans. Pour le gestionnaire, cet édifice a été construit dans le but d’offrir un cadre aménagé pour l’artisanat local afin qu’il puisse exposer ses œuvres, ajoute-t-il.

Mais ce sentiment n’est pas partagé par Mamadou Dieng, président du syndicat dit Cadre de concertation des artisans de Toubacouta. Une structure qui polarise 55 groupements d’intérêt économique (GIE), des coiffeurs aux sculpteurs en passant par les antiquaires. Il dénonce le cahier de charges de l’instauration du village artisanal, avec la création de 38 box à toutes les formes d’artisanat.

''Au début du projet, on nous avait promis la création d’un véritable village commercial, avec des ateliers pour les artisans. Mais le centre ne nous propose que des box très exigus et sans protection, car dénués de portes ; ce qui pose un problème de sécurité pour nos œuvres qui coûtent très cher'', affirme M. Dieng.

A ses yeux, il est nécessaire aux artisans de pouvoir travailler sur place, car il n’est pas commode de déplacer les œuvres qui sont très fragiles, ajoute-t-il. D’où son appel au dialogue pour permettre l’équipement du centre en matériel et assurer le démarrage des activités du village ouvert aux détenteurs de carte de la Chambre de commerce de Fatick, affirme-t-il.

Mais pour le gestionnaire Mahécor Diouf, ce lieu est seulement dédié à l’exposition ou à servir de vitrine pour l’artisanat local afin de caser les antiquaires qui harcelaient à longueur de journée les touristes.

En dehors de ce village, le foyer des femmes organise des ateliers de formation en marketing pour les coopératives féminines, ainsi que dans le domaine de la transformation des produits halieutiques. ''C'est un espace de promotion de la production féminine. Elle comporte en son sein une case des tous petits qui en est son complément car les enfants pourraient s’y retrouver pendant que leurs mamans sont en activité’’, ajoute-t-il.

Le CDIS, 400 millions, 6 bâtiments et 6 employés

Le Centre d’interprétation  du Delta du Saloum (CDIS) a été financé par le Fonds de développement espagnol et des organisations du système des Nations-Unies (PNUD, UNESCO, OMT).

Il est constitué de 6 bâtiments (un musée, un village artisanal, une salle polyvalente, un théâtre de verdure, le foyer des femmes et le centre d’informations touristiques). Le personnel se compose de 6 personnes : le directeur, une animatrice culturelle et quatre vigiles pour assurer la sécurité des lieux. Coût du projet : 400 millions de francs Cfa.

Le CDIS a pour objectif d’aider les populations à découvrir et comprendre le patrimoine culturel, et de mettre en valeur le ''riche'' patrimoine culturel en vue d’un développement touristique dans la localité.

Il veut aussi contribuer au développement économique de la région par le tourisme et la création d’emploi en passant par le maillage culturel de la région de Fatick. Il s’adresse en priorité aux populations locales, aux jeunes scolarisés mais également aux touristes appelés à découvrir les richesses culturelles et touristiques du Delta.

Mamadou Makhfouse Ngom

 

 

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