Publié le 21 Jul 2015 - 16:33
CEREMONIE D’OUVERTURE DU PROCES DE HABRE

Habré et ses partisans crient à l’indignation

 

Le procès de Hissein Habré s’est finalement ouvert hier à Dakar, après plus d’une décennie de procédures. Le premier procès d’un ancien dirigeant africain en terre africaine a tenu ses promesses. Chronique de la cérémonie d’ouverture d’une ‘’journée tant attendue’’ et tumultueuse.

 

2 juillet 2013, inculpation de Hissein Habré ; 20 juillet 2015 ouverture de son procès. Le septième mois de l’année n’est pas le porte-bonheur de l’ancien homme fort de N’Djamena. Le  président du Tchad, entre juin 1982 et décembre 1990, en exil au Sénégal depuis son éviction du pouvoir, fait face à son destin judiciaire. Au grand bonheur de la défense et au grand dam de ses partisans. Hissein Habré est poursuivi par la juridiction ad hoc des Chambres africaines extraordinaires (CAE) pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes de tortures.

 Hier, l’ambiance était au rendez-vous, lors de la cérémonie d’ouverture. La salle 4 du tribunal de Dakar a été prise d’assaut par les journalistes des médias nationaux et étrangers qui, une fois n’est pas coutume, ont bien profité de la levée des restrictions qui pèsent habituellement sur l’introduction d’appareils dans le prétoire. Des groupes de cameramen, de photographes, de techniciens étaient presque indissociables des éléments pénitentiaires d’intervention et des avocats. Malgré cette arrivée matinale, ils ont trouvé le principal intéressé dans le box des avocats, drapé dans un long vêtement immaculé. Habré s’est tout de suite mis en colère quand les flashs des appareils ont crépité. ‘’Arrêtez ça ! Vous n’avez pas le droit !’’ a-t-il lancé d’un ton fougueux.

La révolte de Habré

A une heure de l’ouverture de la cérémonie, c’était le branle-bas d’interviews autour des avocats de la partie civile. Comme l’on pouvait s’y attendre le prévenu ainsi que ses partisans ont mis à profit ce moment pour dénoncer ‘’une mascarade judiciaire’’. A 9 heures passées de quelques minutes, c’est l’homme fort du procès qui est entré en scène, dans une pièce savamment orchestrée. Indisposé par la présence de son ex-avocat Me Ciré Clédor Ly ? Tout semble l’indiquer, car Hissein Habré s’est levé du box des avocats où il était assis pour le désavouer. ‘‘C’est un faux avocat !’’ a-t-il lancé, avant de se mettre à clamer tout haut : ‘’Allahou Akbar !’’, ‘’Allahou Akbar !..., vous êtes une bande de traîtres’’, en brandissant un chapelet noir, contrastant avec son habillement traditionnel blanc qui ne laissait transparaître qu’une bonne partie du visage.

Suffisant pour que les éléments pénitentiaires d’intervention le conduisent dans le box réservé aux accusés d’où il a suivi la suite des évènements. Alors que les interviews reprenaient, deux individus présentés comme ses neveux, échaudés par la révolte de leur oncle, se sont levés pour chauffer la salle avec des ‘’vive Habré !’’ ‘‘ A bas les traîtres ! ’’, ‘’L’Afrique restera debout !’’. Les forces de l’ordre, statiques un instant, se sont finalement décidées à les évacuer de la salle par la force, une vingtaine de minutes avant l’arrivée de la Cour, à 10h05. Une séance d’ouverture qui s’est résumée en la présentation du parquet général et des avocats de la partie civile ; la défense ayant boycotté l’évènement.

Ousmane Laye Diop

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