Publié le 7 May 2012 - 13:53
3 QUESTIONS À… - JOSÉ DA SILVA DE LUSAFRICA

''Cesaria Evora a ouvert le marché européen à d'autres artistes de son pays''

 

À Dakar où il participe à la deuxième édition du Salon de la musique africaine, José Da Silva, producteur, directeur de Lusafrica, évoque le souvenir de la diva cap-verdienne Cesaria Evora, disparue en décembre dernier.

 

L’arrivée de Cesaria Evora sur le marché européen du disque, au début des années 1990, a-t-elle créé des opportunités pour des artistes des pays africains lusophones ?

 

Bien sûr ! Ne serait-ce que pour les autres artistes cap-verdiens. Ça leur a ouvert le marché international. Au-delà, Cesaria Evora a réussi à faire connaître l’île parce que les gens avaient du mal à savoir où était le Cap-Vert avant. C'est grâce à Cesaria qu’ils ont pu positionner le pays sur la carte du monde. Elle est pratiquement à l’origine du développement touristique et économique du pays. Rarement une artiste africaine a été aussi importante pour son pays. Après, elle a ouvert les portes à toute la nouvelle génération cap-verdienne qui, maintenant, est connue en Europe et intéresse les producteurs européens et américains… Mayra Andrade, Lura, Tcheka, Sarah Tavarez en ont profité. Il y a aussi l’Angolais Bonga, qui était pratiquement oublié à Lisbonne. Il a pu relancer sa carrière grâce à Cesaria Evora et la musique qu’elle a faite.

 

 

Le nom de Cesaria Evora était-il comme un label sur lequel les autres artistes ont pu se vendre, ou était-ce vraiment le public qui a cherché à en connaître plus pour ce type de musique en particulier ?

 

Le succès de Cesaria Evora vient, à l’origine, du bouche à oreille. Les télévisions n’avaient pas voulu d’elle au début. Donc, c’est vraiment le public qui a fait la notoriété de Cesaria Evora. Et automatiquement, quand on aime un artiste, on s’intéresse à son univers, à ses sonorités, à son pays, à tout ce qui est autour de lui. C'est ça qui, de fil en aiguille, conduit les gens vers d’autres artistes…

 

 

La disparition de Cesaria Evora change-t-elle quelque chose dans la politique de votre maison, Lusafrica ?

 

Non, du tout. Notre politique est toujours la même, ça n’a rien changé. Ce qui a changé, c’est le grand vide qu’elle a laissé autant dans nos cœurs que dans notre temps. Aujourd’hui, une partie de ce temps est consacrée à de nouveaux artistes, de jeunes talents avec qui on travaille. On continue à promouvoir le catalogue de Cesaria et à travailler à des propositions d’hommages qui vont toujours dans le même sens de valoriser son catalogue.

 

SOPHIANE BENGELOUN

 

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