Publié le 6 Mar 2015 - 05:05
CHAMBRES AFRICAINES EXTRAORDINAIRES

Pourquoi Hissein Habré et pas Idriss Déby 

 

Si les Chambres africaines extraordinaires n’ont pas initié de poursuites contre l’actuel président tchadien Idriss Déby, c’est parce qu’il n’y a aucun élément objectif le mettant en cause, tout le contraire de Hissein Habré. La précision a été faite hier, par Youssoupha Diallo, procureur général adjoint près les CAE.

 

Pour beaucoup de personnes, si Hissein Habré est poursuivi, Idriss Déby doit l’être également pour avoir été son bras droit. Le procureur général adjoint près les Chambres africaines extraordinaires (CAE) Youssoupha Diallo qui intervenait dans le cadre d’un débat public organisé hier, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, par le consortium de sensibilisation sur les CAE, trouve ce raisonnement non fondé. ’’La justice ne travaille pas sur la base de rumeurs. A l’examen du dossier, il ne ressort pas d’éléments objectifs mettant en cause Idriss Déby’’, a précisé le parquetier. Tout le contraire de Hissein Habré contre qui ‘’des éléments probants ont été trouvés’’. ‘’Il n’est pas poursuivi parce qu’il a été président, mais il y a eu des éléments compromettants contre lui.’’ Sur sa lancée, M. Diallo s’est inscrit en faux contre ceux qui disent que Hissein Habré ne peut être le seul responsable des crimes commis sous son règne, de 1982 à 1990. ‘’Un auteur principal n’implique pas forcément un complice’’, a expliqué l’adjoint du procureur Mbacké Fall, tout en précisant que l’ex-président est le seul responsable.

Par rapport au silence adopté comme système de défense par l’inculpé, le parquetier a fait savoir au public que cela ne constitue aucunement un obstacle à la procédure. ‘’L’essentiel, c’est que Habré soit mis en état de se défendre avec le respect du principe contradictoire’’, a ajouté Youssoupha Diallo. Me Yaré Fall, un des conseils des victimes, a abondé dans le même, en soutenant que la stratégie du silence n’entache en rien l’équité du procès. D’ailleurs, l’avocat désapprouve ce système de défense, dans la mesure où, selon lui, ‘’le procès est une occasion pour Habré de se défendre par rapport aux accusations portées sur lui’’.

Enseignant à la Faculté de droit, El Hadj Omar Diop a formulé des critiques concernant les CAE pour déplorer la construction ou plutôt la rénovation de la prison du Cap Manuel, avant même que le procès ne se tienne. ‘’La justice, c’est la prévention. C’est comme en matière de santé, car on n’attend pas d’avoir des malades pour construire des hôpitaux’’, a répliqué le procureur général adjoint, non sans souligner que si Habré était incarcéré dans une prison pas conforme à son statut, les organisations de défense des droits de l’Homme seraient les premiers à crier au scandale. ‘’Les CAE lui ont fait une grande faveur, en l’envoyant au Cap Manuel au lieu de Rebeuss’’, a renchéri Me Yaré Fall.

Se prononçant sur le thème du panel : ’’Chambres africaines extraordinaires : Hissein Habré renvoyé en procès, quels premiers enseignements pour la lutte contre l’impunité en Afrique ?’’ Mme Fatou Kama de la Raddho a déclaré : ‘’l’affaire est une référence dans la lutte contre l’impunité. 

FATOU SY

 

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