Publié le 30 Jan 2019 - 15:52
CHANGEMENT OU MAINTIEN DU FRANC CFA

La Bceao s’invite au débat

 

Selon le directeur national de la Bceao pour le Sénégal, le franc Cfa est une monnaie qui se porte à merveille. Qu’ils ont en réserve de change cinq mois d’importations. De ce fait, il ne faut pas écouter ce qui se dit dans les réseaux sociaux.

 

La cérémonie de vulgarisation du dispositif de soutien au financement des Pme/Pmi des Etats membres de l’Uemoa, tenue hier à Ziguinchor, après Dakar et Kaolack, a servi de tribune au directeur national de la Bceao pour le Sénégal, Ahmadou Al Haminou Lô, pour ‘’rassurer’’ les Sénégalais sur les avantages qu’offre le franc de la Communauté financière africaine (F Cfa). Le débat autour du franc Cfa, dit-il, ne devrait plus être d’actualité, parce qu’il s’agit d’une monnaie qui est retournée aux Africains, à l’accession à la souveraineté internationale.

‘’Les présidents, à l’époque, ont pris deux ans pour discuter avec la partie française sur l’avenir de cette monnaie.  Il s’agissait soit d’aller seuls ou de rester dans la communauté avec la même monnaie. Mais surtout avec quelle monnaie. Vous entendrez souvent l’expression ‘monnaie de change’. Les chefs d’Etat de l’Afrique de l’Ouest voulaient d’une monnaie qui les insère à l’économie internationale. Donc, ils ont décidé de reprendre leur banque centrale, de conserver cette monnaie ; mais surtout de chercher une assurance tout risque comme un véhicule, pour dire que si je manque de réserve de change, il y aura un partenaire qui va m’accompagner. C’est pourquoi la Banque centrale a été totalement africanisée en 1975 et le siège transféré à Dakar. On aurait compris ce débat, à cette date’’, déclare-t-il.

Même si la Bceao est une banque centrale en partenariat avec la France, il estime que l’Hexagone n’a aucun droit de veto, contrairement à ce que l’on affirme souvent dans la presse. Selon le directeur national de la Bceao, la France participe au Conseil d’administration. Elle a un représentant tout comme les autres Etats, et est effectivement partie prenante à la monnaie.  En l’occurrence, elle garantit sa convertibilité et permet à chaque fois que les pays membres se retrouvent sur les marchés extérieurs, de pouvoir emprunter, parce que ces marchés savent que ces pays-là ne manqueront pas de devises.

Elle permet aussi de pouvoir importer, de rendre cette monnaie stable. A l’en croire, le franc Cfa est l’une des meilleures monnaies africaines, à côté du franc marocain. ‘’Elle est une unité de compte qui vous permet de l’utiliser au Sénégal et ailleurs. Elle est un intermédiaire dans les échanges. Et, surtout, elle est une réserve de valeur qui permet de pouvoir garder la même valeur d’une année à une autre, contrairement à des pays où, dans la journée, les prix peuvent changer. Le franc Cfa est une monnaie qui vous garantit cette stabilité’’, plaide-t-il.

‘’Excepté l’après d’évaluation, le pays n’a jamais connu l’inflation’’

A l’en croire, tout ce qui est dit dans les réseaux sociaux est faux. Ce qui, selon lui, relève du paradoxal, c’est comment les Africains peuvent accorder du crédit à quelqu’un qui se réclame de l’idéologie de l’extrême droite. ‘’C’est quelqu’un qui se réclame ouvertement xénophobe, anti émigrés et qui fait croire qu’il veut défendre les intérêts des Africains devant le partenaire français. Il faut qu’on sache raison garder, sans émotion. Cette monnaie est notre monnaie ; elle ne souffre d’aucune souveraineté’’, affirme Al Haminou Lô, non sans rappeler que les Etats ont décidé de rester ensemble, de confier cette monnaie à la Banque centrale qui, aujourd’hui, descend sur le terrain pour dire simplement qu’elle n’est pas là pour l’inflation, mais pour le développement. Il estime qu’il faut, donc, garder cette monnaie, pour éviter de rentrer dans un scénario d’instabilité.

‘’Nous sommes un pays qui n’a jamais connu l’inflation, excepté l’après d’évaluation. Et aujourd’hui c’est une monnaie qui se porte à merveille. Nous avons en réserve de change cinq mois d’importations. C'est-à-dire que les pays de l’union peuvent arrêter d’importer pendant cinq mois, la Banque centrale ne sera pas à court de devises. Et mieux, vous avez les meilleurs taux d’intérêt dans le monde. Ils sont à 2,5 %, contrairement au niveau des autres pays où il tourne entre deux, voire trois chiffres. Dans un pays comme le Venezuela, il y a des ruptures de médicaments. Vous ne l’aurez jamais dans nos pays, parce que nous avons une gouvernance orthodoxe au niveau de la monnaie et des finances et parce que nos Etats sont aujourd’hui ceux qui disposent des taux de croissance les plus élevés’’, se félicite le directeur national de la Bceao pour le Sénégal.

Il s’exprimait lors de la cérémonie de vulgarisation du dispositif de soutien au financement des petites et moyennes entreprises (Pme) et des petites et moyennes industries (Pmi) tenue, hier, à Ziguinchor, en présence des acteurs en provenance de la Casamance naturelle et de Kédougou. C’est la troisième du genre, après celles de Dakar et de Kaolack, co-organisée par la Direction nationale de la Bceao et le département du Commerce à travers la Direction des Pme/Pmi. A l’occasion, le ministre du Commerce, Alioune Sarr, qui a présidé la séance, a indiqué que la mise en œuvre opérationnelle de ce dispositif important de la Banque centrale constituera une belle et unique occasion d’entamer un processus qui s’aligne parfaitement à la politique initiée par le président de la République et qui, à terme, favorisera davantage la promotion et le développement des Pme/Pmi.

Selon la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), ce dispositif vise à apporter une réponse appropriée à la problématique de l’accès des Pme/Pmi au financement bancaire, à travers les incitations offertes par la Banque centrale aux établissements de crédit et une meilleure organisation de l’accompagnement de ces entreprises. Son objectif est de créer un écosystème favorable à la Pmi/Pme, notamment à son financement, afin de permettre la création d’une masse critique de petites et moyennes entreprises performantes, en vue d’augmenter la contribution de cette catégorie d’entreprises à la création de richesses et à la lutte contre le chômage.

HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)

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