Publié le 19 Nov 2017 - 03:39
CHANSON POPULAIRE ET CONSCIENCE POLITIQUE

La musique et la politique, un couple éternel

 

Le professeur Ibrahima Wane a tenu, cette semaine, au Raw Material Company, une conférence sur le thème : ‘’Chanson populaire et conscience politique.’’ Le professeur de littérature et civilisations africaines à l’Ucad est notamment revenu sur la particularité du chant dans le milieu politique.

 

Le chant est l’expression qui accompagne toutes les circonstances. C’est l’avis du professeur de littérature et civilisations africaines à l’Ucad, Ibrahima Wane, qui a tenu une conférence, mardi, au Raw Material Company. Il s’est penché sur le thème : ‘’Chanson populaire et conscience politique.’’ D’après le conférencier, ‘’la chanson populaire est, dans un pays, un cadre d’expression et d’infusion de la conscience politique, et un espace d’affrontement pour le contrôle de la construction de la réalité et de l’opinion’’. Et sa particularité, tient-il à préciser, ‘’est d’atteindre un public beaucoup plus large, car elle a un pouvoir de mobilisation et d’influence’’.

Ainsi, c’est d’abord, selon M. Wane, ‘’un agrément, une production qui permet de transmettre le sens de façon rapide, parce qu’elle est instrumentalisée’’.

Et la politique est aussi un jeu d’influence et un rapport de forces. ‘’La musique a été un moteur et un réflexe, parce qu’elle sert à dire les sentiments, les difficultés, les rêves, les joies, les frustrations des populations. C’est une sorte d’écho sonore de ce que vivent les populations. Et il n’y a pas mieux pour influencer en termes de public et en termes de capacité de circuler dans le temps et dans l’espace’’, constate-t-il. Par conséquent, elle constitue un ‘’moteur’’, parce qu’elle pousse à l’action en conscientisant, en indiquant, mais surtout en exprimant des frustrations et des rêves.

En Afrique de l’Ouest, dit le Pr. Wane, la production musicale a joué un rôle décisif, pendant la période coloniale comme au cours des premières décennies d’indépendance, dans la reconstruction de la mémoire, la ré-interrogation de l’ordre social et la redéfinition de l’espace territorial. ‘’La musique et la politique ont eu ce qu’on peut appeler un pas de deux pas de deux. Depuis nos origines, nos sociétés se sont très politisées dans leur organisation jusqu'à la sphère moderne qu’on vit. La politique a toujours été accompagnée par la production musicale’’, explique-t-il.

Toutefois, rappelle-t-il, ‘’la chanson populaire chante quelqu’un qu’on érige en modèle, car elle a le pouvoir de formater la vision du monde et la conscience de celui qui l’écoute. Et, dans le domaine social, c’est extrêmement important, en termes d’influence’’. Comme exemple de chanson populaire, le Pr. Wane cite un morceau d’Ablaye Mboup, ‘’Sunu Réw’’, et un du duo Pape et Cheikh, ‘’Yataal Gueew’’. ‘’Dans le domaine de la mobilisation, ces deux morceaux ont joué un rôle important dans l’influence politique. Ils demandaient à tous les Sénégalais de se mobiliser, car étant tous dans une même pirogue. Donc, il serait important que la pirogue vogue avant qu’elle ne fasse tomber tout le monde dans le piège’’, analyse le professeur Wane.  

HABIBATOU WAGNE

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