Publié le 15 Feb 2016 - 20:34
CHEIKH AHMADOU KARA MBACKÉ NOREYNI (LEADER DU PVD)

‘’Macky a de sérieux problèmes’’

 

Ambassadeur international de la paix, comme il se définit, soucieux, dit-il, du bien-être des Sénégalais, Cheikh Ahmadou Kara Mbacké Noreyni compte une nouvelle fois s’adresser au peuple sur des choses de grande ‘’importance’’. Ce sera  au début du mois de mars prochain. Mais en attendant, le marabout qui a reçu hier EnQuête, demande au chef de l’Etat de libérer Karim Wade, d’avoir une position ferme sur la question de l’homosexualité, de faire moins de politique et de se consacrer au travail. Entretien.

 

Serigne Modou Kara Mbacké, vous envisagez de tenir une grande conférence publique vers le début du mois de mars. Pouvez-vous nous en parler ?

Je marche, avec mes enfants, vers une révolution. Vers la fin du mois (3 mars), je vais tenir une conférence publique à la place de l’Obélisque et, à cette occasion, je vais faire des précisions sur la démocratie au Sénégal et la laïcité. En d’autres termes, nous allons faire une révolution constitutionnelle, politique et culturelle. Ce sont des révolutions que je prépare et qui concernent le quotidien de tout individu. A l’issue de cela, je vais tenir une conférence de presse et je répondrai à toutes vos questions. Les journalistes entendront des choses qu’ils n’ont jamais entendues, auxquelles ils ne s’attendaient même pas. Egalement, nous allons donner des solutions émanant de Serigne Touba. On ne fera pas de critiques mais, on est à l’ère de la révolution. C’est moi qui invite à cette conférence publique et c’est toutes mes structures qui sont impliquées. La démocratie et la laïcité seront abordées suivant les préceptes de Borom Touba. Ce sont des sujets très sérieux que je vais aborder.

Justement, le président de la République a annoncé une réforme constitutionnelle de 15 points, impliquant la démocratie et la laïcité. Des responsables religieux de Touba s’offusquent déjà de l’intangibilité des dispositions relatives à la forme républicaine, et surtout à la laïcité pour dire que c’est une porte ouverte aux dérives. Qu’en pensez-vous ?

Présentement, ce ne sont pas les dits de Macky qui m’intéressent. Ce sont mes considérations qui m’importent. Macky et moi, on en reparlera. Ce que je veux, c’est parler au peuple, livrer mon message de choses importantes. Ce que je peux vous dire, c’est que Macky ne peut rien faire qui n’ait pas été fait jusque-là. C’est un héritage laissé par les colons qu’il a trouvé là. Mais nous allons y mettre un terme. Nous voulons éveiller les Sénégalais et ce n’est pas une rupture brusque que nous comptons faire.

Oui mais, vous pensez quoi du point 15 relatif à la laïcité et qui est intouchable, selon Macky Sall ?

Oui, c’est verrouillé. Lui, il a le droit de verrouiller ce qu’il veut, c’est le pouvoir exécutif. Cependant, tôt ou tard, il va quitter le pouvoir. Nous, à ce moment là, on pourra y toucher quand on sera au pouvoir. Car notre souci, ce n’est pas que les ‘’toubabs ‘’ soient en colère ou non. Notre souci sera le bien être des populations. Vous savez, Macky Sall est brave, il se bat mais présentement, ‘’dafa nekk ci gouteu ‘’, il a de sérieux problèmes. Les choses ne vont pas être faciles pour lui dans le futur. Il a beaucoup de contraintes. En plus, il fait trop de politique. S’il se concentrait davantage sur le travail, ce serait mieux pour lui.

Vous pensez qu’il n’est pas à la hauteur de sa mission ?

(Il rit). Non, vous savez, tout le monde joue sa partition dans cette mission…

L’actualité, c’est aussi le débat sur la double nationalité de Wade père et fils. Qu’en pensez-vous ?

Ce sont des choses dont je ne veux pas parler car elles ne présentent aucun intérêt pour les populations. C’est simplement de la politique politicienne. C’est de la polémique inutile. Ce n’est pas intéressant du tout. C’est comme mettre les uns en prison et laisser les autres en liberté.

Voilà un autre point qui ne cesse de défrayer la chronique. L’emprisonnement de Karim Wade, on en parle toujours

Vous savez, si le fils de Abdoulaye Wade est coupable de ce pourquoi il est détenu en prison, il y en a d’autres qui méritent la prison autant que lui mais, qui sont libres, pour des raisons politiques. Et si c’est vrai qu’il a fait ce dont il est accusé, celui qui emprisonne aurait dû se faire emprisonner lui-même. (Il rit) Encore une fois, c’est de la politique politicienne. A vrai dire, c’est comme dans la jungle, les bêtes se dévorent. On a beau demandé aux guides religieux de faire des prières, ça ne va pas régler les problèmes.

Donc, vous n’êtes pas de ceux qui disent que grâce aux prières de nos érudits, le terrorisme n’atteindra pas le Sénégal

Non. Vous savez, on peut avoir le nécessaire et le mettre de côté, sans en faire bon usage. Effectivement, on a des prières. Par exemple, la perdrix ne vient pas dire au chasseur : attrape-moi. Serigne Touba nous a laissé un legs important mais, c’est à nous d’en faire bon usage. D’ailleurs, à ce propos, je suis en train de chercher quelqu’un qui puisse me mettre en rapport avec les chefs djihadistes,  pour leur enseigner la paix, leur faire comprendre que les armes ne règlent pas les problèmes.

Vous vous étiez également prononcé sur la caricature de Serigne Touba

Oui, et j’ai dit que l’idée de cette caricature est de François, un homme âgé de 53 ans.

Vous voulez parler du Directeur de la Rédaction de Jeune Afrique, François Soudan…

Non, ce n’est pas le directeur de la Rédaction de Jeune Afrique. Il s’agit d’un autre François. Et à propos de ça également, je peux vous dire que je suis contre les marches qui ont été tenues pour dénoncer cette caricature. Je ne fais pas de marche pour dénoncer.  Une marche vers le Palais, c’est ce qui pourrait m’intéresser si par exemple les tenants du pouvoir refusent un jour de partir, alors que le peuple leur a tourné le dos de manière démocratique. Mais on n’en est pas encore arrivé là. Mais, concernant Serigne Touba, ce n’est pas la peine d’en faire. La personne peut régler lui-même son problème. Il y a une solution dans tous ses écrits. Serigne Touba a laissé un legs et je le rappelle souvent indirectement au Chef de l’Etat.  Mais bon, je ne peux mettre des idées par force dans la tête de quelqu’un. Serigne Touba, il faut d’abord y croire.

Est-ce dans le cadre de votre mission comme ambassadeur itinérant que vous vous évertuez à rappeler au Président Sall des écrits de Serigne Touba ?

Ambassadeur itinérant, jamais. Je suis Ambassadeur international pour la paix. Le Chef de l’Etat ne peut pas être mon patron. Je suis un simple citoyen sénégalais et il est le président de la République. Je l’accepte. Mais c’est impensable qu’il soit mon patron. C’est à cause du statut que Serigne Touba m’a donné, ce qu’il a fait de moi. Il me fait savoir et me fait faire des choses que personne ne peut faire.

 Que pensez-vous du débat sur l’homosexualité

Vous savez, l’homosexualité a toujours existé dans ce monde. C’est une maladie et une malédiction. Le Président doit avoir  une position ferme et intransigeante à l’encontre de l’homosexualité et de tous les autres actes contre-nature. Il n’y a rien dans ce monde qui n’a jamais existé. C’est comme la guerre entre les arabes, ça n’a pas commencé aujourd’hui et elle perdure encore.  En tout cas le conflit entre la Palestine et  Israël n’est pas près de prendre fin. Seul Serigne Touba peut y mettre un terme et les gouvernants ne l’ont pas compris. Bamba a la solution à tous les problèmes, c’est le sauveur de l’humanité. Seuls quelques-uns le savent, de véritables spirituels.

 Le PVD va-t-il présenter un candidat à la prochaine présidentielle ?

A ce rythme, je ne pense pas qu’il va y avoir des élections. Mais, si la présidentielle est  organisée en 2017, le Pvd aura son candidat. C’est ce qui est logique. Mais, observons d’abord pour voir si Macky Sall va appliquer ce qu’il avait dit. Et prions pour que l’ange de la mort et son équipe nous laissent encore sur terre, parce qu’on ne sait jamais.

AISSATOU THIOYE ET I KHALIL WADE

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