Publié le 31 Aug 2015 - 21:35
DJIBO ET LES MARRONS DU FEU !

Djibo et les marrons du feu!

 

Dire de Djibo Kâ qu’il est un ‘’cas’’, sauf à vouloir faire un mauvais ou trop facile jeu de mot, c’est lui reconnaître, au moins, une qualité : il a du nez, il a du ‘’flair’’ ! Il est ‘’prévoyant’’, dans le sens où il sait voir loin et très souvent avant tout le monde. Quant à ce qu’il fait de sa ‘’préscience’’, c’est une autre histoire. Une toute autre histoire vraiment. Car s’il est vrai que sa ‘’voyance’’ lui permet de gérer bien, sinon au mieux, sa propre carrière et celle de ses fidèles, elle ne lui a pas permis, jusqu’ici, de récolter tous les fruits que lui promettaient les si magnifiques fleurs qu’il arborait.

Il avait quitté le Ps parce qu’il se voyait et se sentait barré, dans ses ambitions, par l’ascension, irrésistible, pensait-il, d’Ousmane Tanor Dieng. Mais si sa scission fut un succès électoral assez inattendu, celui-ci ne devait être qu’un feu de paille. De l’ordre de ces victoires dont on dit qu’elles sont ‘’à la Pyrrhus’’ ! Puisqu’en effet, son succès aux législatives de 1998 a constitué un très fort signal en direction de M. Moustapha Niasse, lequel entra, lui aussi et aussitôt en dissidence. Or, s’ils sont sortis tous les deux du même moule, c’était quand même à plusieurs années, comme des générations, de distance : ils n’avaient pas la même ancienneté et, partant, la même légitimité !   Ce qui fait que tous ceux qui hésitaient devant l’aventure que lui, pouvait représenter à leurs yeux, se sont rués pour apporter leur soutien à Niasse dès que celui-ci se fut prononcé !

Si bien qu’Abdou Diouf a été mis en ballotage. Djibo, qui en était le principal artisan, du moins aux yeux de l’Histoire, pressentit aussitôt qu’il ne pourrait jamais être payé, justement, de retour ainsi qu’il l’avait escompté au départ ! Lui qui avait tout déclenché, en jetant les marrons dans le feu, se trouvait ainsi en situation de ne plus pouvoir en retirer ne serait-ce qu’un seul pour lui-même ! Ce pourquoi il a tenté une pirouette et une volte-face ultime qui tournèrent vite très court.

Son ralliement, tardif, à Diouf ne profitera, au soir du second tour, ni à l’un ni à l’autre : c’est Wade qui devint Président et Niasse Premier ministre ! Le tragique de cette affaire, c’est qu’il n’y aura, au terme de la séquence, absolument aucun gagnant : tous auront perdu, certains quelque chose d’important et d’autres tout ! Tous les principaux protagonistes seront à terre à l’exception notable d’Abdou Diouf. Car, pour lui, il ne s’agissait que du pouvoir ! Niasse n’aura joui de son triomphe que durant quelques mois et Idrissa Seck qui était le maître-marionnettiste quelques années seulement. Puis Wade lui-même, 12 ans et son fils collatéralement autant. N’est-il  pas vrai qu’il y a quelque part une vraie justice, la Justice immanente !

Et qui donc, finalement, en fin de compte, tout compte fait, qui donc a tiré les marrons du feu ? Ces mêmes marrons veux-je dire, que Djibo avait, fort imprudemment, jetés dans les braises en 1996-97 ! Eh bien ! C’est Macky Sall dont le parti porte, comme par hasard, les mêmes  couleurs ! Djibo vient de le rejoindre et consent à l’appuyer, ce dont je me réjouis et beaucoup, pour tous les deux.

C’est que le Président a besoin, et très cruellement, de talents et d’experts. Sa bonne volonté et son ardent désir de bien faire ne sont, certes, plus à démontrer mais ils n’y suffisent pas. Tant il est vrai que l’enfer est pavé de bonnes intentions et que comme le disent nos parents wolofs : ‘’L’on va au marché avec ce que l’on a en poche.’’ Il est ainsi urgent et impérieux même que Macky Sall soit aidé et que les vrais patriotes lui apportent leur appui et leur concours.

Car, ce que je disais à propos des perdants de la parenthèse Wade était incomplet. Si des gens, personnellement, ont perdu beaucoup dans ce triste épisode, le plus grand perdant et de très loin, vraiment, c’est bien le Sénégal lui-même dans ses valeurs, dans son économie, dans ses  mœurs politiques. Si bien qu’il lui faudra des lustres et des lustres pour se remettre de cette espèce de tsunami qui l’aura ravagé. C’est dans cette optique, cette œuvre de salut public, carrément, qu’aucune aide et aucun talent ne doivent être négligés ou découragés. Surtout pas ceux d’un homme de la qualité de Djibo Kâ qui n’avait pas peu contribué à ébranler ce qu’il faut, de fond en comble, reconstruire aujourd’hui : une maison Sénégal qui sera redevenue habitable par tous et pour tous, Pds compris. 

 

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