Publié le 17 Oct 2012 - 08:30
CHUTE DES CÉLÉBRITÉS MÉDIATIQUES

A qui le tour ?

 

 

Contrairement à ce que le titre de cette modeste contribution pourrait suggérer, je nourris présentement beaucoup de sympathie, voire de la commisération, pour les vaillants hommes de presse, soldats de la communication, demeurés toujours dignes, en dépit des multiples tentations et des dérives inhérentes à ce noble métier, qu’est le journalisme, et dont les événements malheureux que nous connaissons viennent d’éclabousser la corporation. M’inscrivant en faux contre l’adage, complaisant, qui voudrait faire admettre que chaque corps de métier a ses brebis galeuses, je considère qu’il ne saurait constituer une excuse valable pour nous exempter d’une nécessaire, constructive et salutaire introspection.

 

Et je suis d’autant plus chagriné que les deux icônes de la profession, qui viennent de connaître des chutes vertigineuses, étaient considérés dans l’imagerie populaire comme des "modèles", des chantres de la vertu, des porte-drapeaux de l’éthique journalistique. Adulés par les médias, ils ne se sont jamais gênés, toute modestie souvent rangée au placard, de dispenser de véritable leçons de morale et d’instruction civique à leurs compatriotes. L’un d’entre-eux poussait même la vantardise jusqu’à étaler à longueur d’ondes sa ferveur religieuse, avec force détails sur son culte dévotionnel, comme pour mieux anesthésier toute velléité de doute dans la conscience de l’opinion. Autrement dit, ils auront usé et abusé de la bonne foi de leurs concitoyens, de la générosité de corps de leurs confrères, pour se bâtir une aura, une notoriété solide et souvent lucrative.

 

Mais la mystification aura été de courte durée. Car, tout le monde sait – du moins ceux qui ont la chance d’avoir la foi – que le "Meilleur des Juges" qui, dans toutes les religions révélées, n’a de cesse de fustiger les comportements sociaux moulés dans l’hypocrisie pure, ne tarde jamais, en l’occurrence, de remettre les pendules à l’heure. Surtout si les "faussaires" se couvrent outrancièrement du manteau de la foi, pour mieux asseoir leurs détestables stratagèmes. Allant même jusqu’à imputer froidement à des tiers les tares qu’ils entreprennent de combattre, et dont, paradoxalement, ils sont eux-mêmes imbibées jusqu’à la moelle ! En effet, dans la foulée des épisodiques sursauts libérateurs d’un peuple, luttant légitimement pour la prise en charge de ses préoccupations, ils ont prétendu accompagner le mouvement, qui ambitionnait de se débarrasser des tenants du Pouvoir. Sous les feux des projecteurs, ils faisaient et défaisaient l’actualité ; délivraient allègrement, à qui mieux-mieux, des certificats de bonne conduite ; entreprenaient de séduire une opinion biaisée, qui ne demandait qu’à avoir des porte-voix, supposés crédibles, pour porter le plus haut et prolonger le plus loin possible leurs mémorables suppliques. Réputés soutiens du peuple, dans sa résistance farouche aux abus d’un régime, leurs thèses, serinées à longueur de colonnes et d’onde dans un verbe facile, prétendaient démontrer que "ce combat est une œuvre de salubrité publique", car "yaxana-niou jikoyi" (ils ont pervertis nos bonnes mœurs), professaient-ils doctement. Ils auront réussi, même auprès des plus sceptiques, à se poser comme d’authentiques porte-étendards du patriotisme, mais aussi de la sobriété et de la vertu. Mais Dieu, qui sait tout ("Je suis proche de vous que votre veine jugulaire"), connaissait leurs mobiles profonds. Allah savait, au même moment où ils vulgarisaient éloquemment leurs thèses, qu’ils étaient déjà, foncièrement et sournoisement, empêtrés dans les pires incarnations de la décadence morale et de la débauche. De véritables porteurs de contre-valeurs et de contre-modèles pour la Jeunesse et pour la Presse.

 

Et Allah, qui a horreur des "mounafikhounes" (hypocrites), au point de leur avoir consacré une sourate spéciale dans le Saint Coran, semble les avoir patiemment attendu au tournant. Pour limiter les dégâts. Ne fut-ce que pour abréger la désorientation de frêles consciences juvéniles, avenir de toute Nation, mais malheureusement enclines à prendre pour parole d’Evangile, ou Coranique, tous ce que professent les hommes publiques, talentueux communicateurs de surcroît. Une jeunesse, manquant déjà suffisamment de repères, dans ce monde turbulent et sujet à de profondes crises de valeurs, pour que de prétendus éducateurs ne viennent en rajouter à son désarroi ! Et le glaive du "Grand Justicier" de s’abattre sans ménagement. "Dieu n’aime pas les hypocrites", martèle-t-Il à suffisance dans les Saintes Écritures, rejoignant en cela ce grand penseur occidentale qui disait "qu’on peut tromper une partie du peuple tout le temps, ou tout le peuple une partie du temps, mais pas tout le peuple tout le temps" !

 

L’imposture n’avait que trop duré. Il était impératif que Dieu y mît un terme, au grand soulagement des victimes permanentes de leur mauvaise foi, et pour l’honneur des valeureux professionnels de la Presse (et Dieu sait s’ils sont légion), dont nous partageons encore une fois la douleur, consécutivement à ces désagréable traumatismes, causés par deux irresponsables, qui en faite n’étaient que des intrus ayant infiltré, de longue date, la profession, pour assouvir d’obscures desseins. Les structures d’autorégulation, dont les acteurs des médias se sont pertinemment dotés, ont du pain sur la planche. Un travail titanesque les attend. Car, les deux mastodontes qui viennent de chuter ne seraient que la partie visible de l’iceberg. Le carnet d’adresse saisi auprès du célèbre "amant", protagoniste du violent pugilat ayant permis à la Police, et à l’opinion, de démasquer ce prétendu journaliste-donneur-de-leçon et de mettre à nu son horrible penchant, risque de provoquer un véritable tsunami, s’il s’avère que le "boy-friend" y consignait minutieusement les coordonnées des honorables "clients", qui louaient ses services !

 

Les professionnels, acquis à la noblesse du métier et fières de s’acquitter religieusement de leur noble credo professionnel, "informer-éduquer-divertir", ont du souci à se faire. Car, au-delà des ces douloureuses "métastases", qui défraient présentement la chronique, et qui font la honte de leur profession, comment prévenir ces non-moins pernicieux cas de "journalistes-chevaux-de-Troie" qui semblent avoir embrassé cette belle profession que pour s’en servir comme instrument de manœuvre politicienne, ou de faire-valoir personnel, sur lequel ils s’appuient opportunément pour monnayer leurs services ? L’histoire récente démontre suffisamment que c’est à l’heure du "partage du gâteau", qu’ils se découvrent sous leurs véritables visages. De véritables quémandeurs (silencieux) de postes de sinécure, se couvrant de la profession d’homme de presse, parfois en surfant sur les louables combats de la Société civile, allant même jusqu’à simuler des "haal" (transes) sur des podiums politiques de vitupérations d’une candidature controversée de la dernière présidentielle ! Leurs traits communs ? Ils avancent masqués. Mais, une fois la victoire acquise par le camp qu’ils entreprenaient insidieusement de courtiser, ils finissent par faire tomber le masque. Et toute honte bue, vont allègrement servir les nouveaux maîtres, dans des planques taillées sur mesure, sur lesquelles ils n’avaient de cesse de jeter l’anathème, les qualifiant de "sucettes", ou de voie de détournement de deniers publics. Ils auront grugé un noble métier et trompé toute une opinion, qu’ils s’évertuaient de séduire, pour finalement assouvir des buts égoïstes et mesquins, sur fond d’un militantisme improvisé à la 25e heure ! Ils se seront servis de la bonne foi de la Presse et de la crédulité de l’Opinion, comme avec de vulgaires mouchoirs kleenex.

 

Effectivement, on ne les entend plus. Que sont devenus leurs thèmes favoris, lors de ces virulents débats médiatiques, qu’ils avaient l’art de susciter, sur les inondations, les délestages, les hausses vertigineuses des prix des denrées de premières nécessités, la mauvaise gouvernance, etc. ? Des causes pour lesquelles ils s’improvisaient, il n’y a guère, en bon Samaritain volant au secours d’un peuple spolié. Ils sont devenus subitement amnésiques, honteusement aphones. Mais ils apparaissent aussi, et surtout, comme de dangereux contre-modèles pour la jeunesse, de plus en plus en perte de repères.

 

Mais Dieu saura reconnaitre les Siens. Le peuple aussi, lequel n’oublie jamais facilement ses renégats, dussent-ils se vêtir successivement, et subtilement, de multiples manteaux, pour brouiller les pistes, ou exceller dans les pires formes de tortuosité politique. Car, l’histoire a suffisamment démontré que les "akh" (dettes morales) dues à un brave peuple, de surcroît accablé par le Destin, ne passent jamais facilement par pertes et profits. Ces "akh", longtemps contenues, arriveront inexorablement, un jour ou l’autre, à maturité, et tel un boomerang se paieront cash, en se retournant de manière imparable vers les cibles qui les auront procréées. Les deux "mounafikhounes" qui viennent, scandaleusement, de dégringoler avec fracas du haut de leur piédestal (usurpé) en savent quelque chose !

 

Bassirou Thioune

Enseignant à la retraite

 

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