Publié le 4 Mar 2017 - 03:54
CINEMA D’AILLEURS

Quand l’Afrique porte ses réalités à l’écran

 

Le Festival panafricain de cinéma et de la télévision d’Ouagadougou permet aux cinéphiles de découvrir tous les cinémas d’Afrique. Chaque pays a ses réalités et ses préoccupations qu’il reproduit à l’écran.

 

Le Fespaco a reçu hier la projection de deux produits burkinabés. Il s’agit de ‘’ça tourne à Ouaga’’ de la danseuse, comédienne et chorégraphe Irène Tassembedo. Un film qui raconte comment se passent les tournages de Ouagadougou. Les scènes sont reproduites. Donc, c’est comme un film dans un autre. Il y a un réalisateur à l’écran, deux comédiens, des techniciens, une maquilleuse et un traiteur. Le scénario  peut être résumé à ce qu’a dit l’une des comédiennes dans le film et qui fait office de traiteur dans la création : ‘’Je suis dans ce métier depuis 20 ans et tout le monde couche avec tout le monde’’. Cela en a tout l’air suivant l’histoire d’Irène.

Le comédien et la comédienne étaient mari et femme. Réunis autour du plateau pour la dernière séquence d’une série, ils font ‘’palabre’’. La femme a découvert que quand ils étaient mariés, il l’avait un jour trompé avec une maquilleuse. Cette dernière s’avère être celle qui est engagée pour le tournage de la série. Le réalisateur quant à lui distribue de l’argent de gauche à droite alors qu’il n’a payé aucun ses techniciens, encore moins les comédiens. Les techniciens sont ceux qui critiquent tout le monde mais ne le font jamais devant eux.

La scripte est toute belle, s’habille sexy, roule des yeux pour charmer les hommes du plateau. Elle rêve d’avoir un jour son premier rôle au cinéma. Le caméraman lui fait croire qu’elle est faite pour ce métier et y arrivera. Sur le plateau de tournage, chacun essaie de rouler l’autre, soit pour de l’argent soit pour le sexe. ‘’J’ai essayé de tailler un costard à chacun’’, a d’ailleurs expliqué la réalisatrice. Si c’est cela le monde du cinéma, seuls les caïmans peuvent s’en sortir.

Après ‘’On tourne à Ouaga’’, ‘’Wallay’’ a été projeté. Il est lui aussi un film d’un réalisateur burkinabé, Béni Goldblat. C’est une création qui raconte le retour forcé d’un jeune Burkinabé né en France, Ady. Il est ce qu’on peut appeler un enfant impoli dont le père ne sait plus quoi faire avec lui. Il lui fait croire que sa visite sur la terre de ses aïeux, c’est juste pour le temps des grandes vacances.

 A son arrivée au pays, chez son oncle, il découvre le contraire. Ce frère de son père veut le faire travailler de force afin qu’il lui rembourse l’argent qu’il lui a volé. Ady prenait de l’argent que son père envoyait à ce dernier quelquefois. Il n’aura pas à se donner entièrement pour rembourser les 500 000 volés. Une épreuve lui permet de retrouver son passeport et de faire comprendre à son oncle qu’il n’est pas impoli mais juste rebelle. Un beau film tourné en France et au Burkina qui fait découvrir au public le quotidien des habitants de Gao.

Dans l’après-midi était diffusée au ciné Neerwaya ‘’Wulu’’. Il est réalisé par le Malien Daouda Coulibaly. Il est tourné entre le Mali et le Sénégal et le rôle principal est interprété par le célèbre acteur africain Ibrahima Koma. Ce dernier a donné de la puissance au film. Il y est d’abord apprenti ‘’Car’’ et est nommé Ladji avant de devenir ensuite trafiquant de drogue. Intelligent, il déjoue souvent les pièges et sait aussi comment faire pour ne pas être pris. Un jour, en allant à Tombouctou pour une livraison, il tombe dans une embuscade avec ses deux autres amis vendeurs de drogue. L’un d’entre eux y perd la vie. Le deuxième n’ayant pas pu  supporter le choc, finit par perdre la tête. Essayant par tous les moyens de le ramener à la raison en vain, Ladji le tue. Ce qu’il a du mal à supporter par la suite. Il gagne beaucoup d’argent, sort sa sœur de la prostitution mais n’arrive pas à être tranquille. Le film est en compétition dans la catégorie long-métrage. 

BIGUE BOB (envoyée spéciale à Ouagadougou)

 

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