Publié le 29 Aug 2014 - 18:02
CITE FADIA

Ndiambé Guèye ou la fin tragique d’un caïd

 

Ndiambé Guèye alias ‘’James’’, décédé avant-hier, fait encore parler de lui. Le mystère sur l’identité de l’homme qui est tombé du deuxième étage de l’immeuble où il logeait, entraîne toutes sortes de supputations. Présenté comme un homme généreux par ses proches, l’homme aurait été un caïd depuis longtemps dans le viseur des services de sécurité.

 

Mercredi 27 août. L’ombre de  Ndiambé Guèye dit ‘’James’’ plane encore sur la cité Fadia. L’homme est tombé du deuxième étage de son immeuble. Un balcon en verre qui s’est fissuré, des débris jonchant un sol tapissé de sang témoignent encore du drame. En refusant  de répondre à l’invitation de la Division des investigations criminelles, en présence de sa troisième épouse et de sa fille de 16 ans, ‘’James’’ a pris le parti de sauter, non sans imaginer qu’il allait atterrir sur une des grilles de protection.  Il a ‘’fracassé’’ le balcon du premier étage, avant de se faire éventrer par des grilles en fer qui servent de mur de protection.

Une mort brusque et tragique qui stupéfie des populations qui ont assisté au triste spectacle survenu le 26 août, vers les coups de 14 heures. ‘’J’ai tenu à assister mon fils pendant deux heures, le temps que les sapeurs-pompiers l’évacuent’’, confie la maman du défunt, rencontrée chez elle, à l’Unité 3 des Parcelles Assainies. Elle confie que l’horrible scène n’a pas troublé sa sérénité et qu’elle a essayé d’être forte et de soutenir un ‘’enfant exemplaire au cœur d’or.’’

A la Cité Fadia, où logeait Ndiambé Guèye, une atmosphère de deuil règne. Le nom du défunt suscite des regards pleins de suspicion. Certains nous foudroient du regard au moment où chez d’autres, le regard inquisiteur en dit long sur la réputation du défunt. ‘’On ne le connaît pas‘’ ; ‘’on ne sait rien de lui‘’ ; ‘’il vivait avec ses trois copains’’. Des voisins se braquent et ne veulent piper mot sur le défunt. D’autres ont vite fait d’associer son nom aux événements survenus à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). D’aucuns lui imputent la mort de l’étudiant Bassirou Faye. ‘‘C’est pourquoi quand la Dic est venu le cueillir chez lui, il a cherché à fuir’’, explique-t-on, avec tout le sérieux du monde. Pour quelles raisons ?

Fin d’un caïd

Certains soulignent que ‘’James’’ a sauté du 2e étage quand il a vu les flics chez lui. ‘’Il ne s’y attendait guère. Il avait l’habitude de corrompre son monde, il ne pensait pas qu’il serait arrêté un jour. La Dic, la gendarmerie étaient à ses trousses, ils ont pu lui mettre la main dessus grâce à un soutien du commissariat de Golf Sud. C’est un gros calibre qui est tombé. Il ne s’attendait pas à mourir, mais il a battu en retraite parce qu’il n’avait plus le choix, son sort était à jamais scellé.‘’

Généreux

D’autres témoignages laissent prospérer le mystère sur la profession du défunt.  Personne ne veut lever un coin de voile sur les activités professionnelles de ‘’James’’.  Pas même sa maman : ‘’je ne peux rien vous dire sur ce point, laissons mon fils reposer en paix’’. Entourée de ses proches, Mme Mbacké, une intellectuelle, qui jouit d’une bonne réputation, reste digne dans l’épreuve, après l’enterrement de son fils. C’était avant-hier, vers les coups de 19 heures. Une forte pluie venait de disperser l’assistance endeuillée. ‘’C’est un signe. Un signe de la Miséricorde d’Allah. Qu’on cesse les élucubrations. Que les gens se taisent. Cette pluie montre la grandeur du disparu. Laissons-le se reposer en paix’’. ‘’James est au Paradis’’. Tour à tour, la maman de ‘’James’’, sa tante paternelle, ses nièces et d’autres proches scandent les mêmes propos.

Tous soulignent que la pluie vient de disculper le défunt, un homme qui était d’une générosité débordante. ‘’Sa générosité était connue de tous, c’est un homme qui soutenait tous ses proches financièrement. Je pouvais le solliciter à n’importe quelle heure, il ne se débinait jamais. Qu’il repose en paix’’, confie sa tante  paternelle qui clame du coup sa fierté d’avoir un fils d’une exemplarité sans commune mesure. ‘’La presse doit cesser de distiller des contrevérités. Si ‘’James’’ avait détenu par devers lui  36 millions de F Cfa, toute sa famille aurait été au courant. Toutes ces informations sont fausses’’. Du côté des voisins, on acquiesce de la tête sans aucun commentaire.

L’enfant terrible de la famille

Toujours est-il que ce portrait angélique du défunt contraste avec celui dressé par des sources policières, de même que par des proches de la famille qui ont eu le courage de verser dans certaines confidences.  ‘’James’’ était recherché par la Dic, pour escroquerie et blanchiment d’argent portant sur 36 millions de F Cfa.  Ce n’est pas fortuit si le Procureur, de même que d’autres autorités, ont vite fait de venir sur place constater sa ‘’chute’’. ‘’C’est un gros calibre qui est tombé’’. Pour d’autres sources, il était activement recherché à cause de son implication dans plusieurs affaires d’escroquerie et abus de confiance. 

Agé de 38 ans, Ndiambé Guèye était issu d’une bonne famille dont il aurait été l’enfant terrible. Tous ses frères et sœurs, dit-on, ont réussi socialement. On les présente comme des exemples de vertu. Sa mère s’est retroussée les manches pour réussir leur éducation, mais de mauvaises fréquentations auraient dévié son fils du droit chemin. Parmi celles-ci figurerait sa troisième épouse qui n’a pas été reconnue par sa famille. ‘’James’’ a trouvé la mort dans leur appartement sis à la cité Fadia. Elle l’aurait encouragé à se maintenir sur une pente sinueuse. D’ailleurs, sa mère ne fait même pas cas d’elle. ‘’Je suis fière de mes deux belles-filles qui m’ont toujours honorée’’, dit-elle, ignorant royalement la troisième femme.

Une vie de mensonges

Pourtant, du côté des proches de cette dernière, on souligne que la mort de ‘’James’’ a permis de clarifier certaines choses. Il ressort des témoignages que la troisième épouse ne savait pas qu’elle avait des coépouses. ‘’C’est aujourd’hui, que son épouse s’est rendu compte de l’existence de ses deux coépouses.  Elle a toujours pensé que son mari était policier. Sa déception a été grande. Elle a craqué. Son univers s’écroule’’, confie-t-on.

Matel BOCOUM

 

 

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