Publié le 6 Mar 2017 - 16:40
CLAP DE FIN 25E FESPACO

‘‘L’étalon’’ hennit une 2e fois pour Alain Gomis

 

Jusqu’à ce samedi, le réalisateur malien Souleymane Cissé était le seul Africain à avoir gagné deux fois l’étalon d’or de Yennenga. Désormais, on en dira de même pour Alain Gomis. Le jeune Franco-sénégalais a remporté une nouvelle fois le grand prix long-métrage fiction au festival panafricain de cinéma et de l’audiovisuel de Ouagadougou (Fespaco).

 

Le cri du cheval a été fort et perçant, samedi soir, au Stade omnisport de Ouaga 2000. L’étalon de Yennenga a henni pour le lion Alain Gomis. Comme en 2013, le réalisateur franco-sénégalais a remporté le plus prestigieux prix du Festival panafricain de cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), avec son 4e long métrage ‘‘Félicité’’. Il est le 23e lauréat de cette compétition qui en était à sa 25e édition, cette année. Grâce à ce prix, Alain Gomis entre un peu plus dans l’histoire du cinéma africain. Avec son collègue et doyen malien Souleymane Cissé, ils sont les seuls à avoir trusté cette récompense. Nul autre, aussi grand soit-il dans ce continent, n’a eu ce privilège. Pourtant, après le clap d’ouverture beaucoup n’y croyaient pas à cause de la fraîcheur de son précédent sacre. Car avec ‘’Tëy’’, Alain Gomis a été sur la plus haute marche du podium, en 2013, lors de sa première sélection à la biennale cinématographique.

En 2015, il était absent de la compétition. Il signe son retour en 2017. Les pessimistes pensaient que, même si son film est techniquement bien construit, avec un scénario bien écrit, ‘‘Tey’’ serait un handicap. Que nenni ! ‘‘Le film qui a été choisi l’est grâce à la puissance de son sujet et la rigueur avec laquelle le réalisateur l’a travaillé ainsi que la qualité technique de la réalisation et de la production’’, a partagé le président du jury long-métrage Nour-Eddine Saïl. D’ailleurs, c’est pour cela que le prix du meilleur son a été décerné au film. ‘’Ce qui manque souvent aux cinématographies africaines et celles mondiales en général c’est le son. Mais dans ‘’Félicité’’, la qualité du son est plus qu’étonnante’’, s’est réjoui M. Saïl. ‘’Félicité’’ a gagné aussi le prix ACP/ UE (Afrique-Caraïbes-Pacifique/Union Européenne) grâce auquel il sera distribué et accompagné à travers le monde.

Avec le Yennenga, Alain Gomis repart avec une enveloppe de 20 millions. ‘’Je remercie toutes les équipes qui ont fait que ce film existe. Je remercie cette formidable comédienne qu’est Véro Tshanda Beya. Je voudrais dédicacer ce prix à ceux à qui je pense, à Cheikh Fantamady Camara, ce grand soldat du cinéma récemment disparu et qui continue de nous inspirer. Je pense à Khady Sylla, à Sembène Ousmane, à tous ceux qui m’ont inspiré, à ce jeune et brillant réalisateur burkinabé parti trop tôt, Adama Salé. Je dédicace ce prix aux jeunes réalisateurs et réalisatrices. Je voudrais qu’ils croient en eux, qu’ils se battent’’, a-t-il dit avec émotion. Il a également remercié son producteur, le directeur de Cinekap, Oumar Sall, grâce à qui le film a pu être réalisé.

L’étalon d’argent est allé au réalisateur béninois Sylvestre Amoussou pour ‘’L’orage africain, un continent sous influence’’. Le Marocain Said Khallaf n’a pas su faire mieux que son compatriote Hicham Ayouch qui avait reçu l’étalon d’or, l’année dernière. Il s’est contenté de celui de bronze pour ‘’A mile in my shoes’’.

Ousmane William Mbaye sacré avec ‘’Kemtiyu, Seex Anta’’

Un autre ‘’soldat’’ sénégalais qui trône sur le Fespaco, en attendant le jubilé d’or, l’année prochaine, c’est Ousmane William Mbaye. Comme Alain Gomis, ‘’Willy’’ ou ‘’Yessay’’ comme l’appellent ses proches était au Fespaco en 2013. Il avait alors gagné le 3e prix documentaire. Pour la présente édition grâce à ‘’Kemtiyu, Seex Anta’’, il a remporté le prix documentaire doté d’une enveloppe de 3 millions de F CFA. Une consécration de plus pour ce réalisateur prolixe qui travaille beaucoup sur la mémoire. Il est le lauréat du prix ACP/UE catégorie documentaire.

Son film, comme ‘‘Félicité’’, sera accompagné dans la distribution. Il pourrait ainsi faire le maximum de festivals dans le monde. Gilbert Balufu de la République démocratique du Congo s’est adjugé la deuxième place dans la catégorie documentaire. C’est ‘’Congo, les silences des crimes’’, qui le sacre. ‘’Un point de détail dans l’histoire du ballet’’ est arrivé en 3e place. Il est réalisé par l’Egyptien Hisham Abdel Khalek.

‘’Tundu Wundu’’ d’Abdou Lahad Wone  pas en reste

Par ailleurs, la plus grande et la plus belle consécration de la soirée de clôture du Fespaco est celle du réalisateur Abdou Lahad Wone. Dans une catégorie où étaient sélectionnées 21 séries télévisuelles dont ‘’Jikulumessu’’ qui a eu du succès en Afrique francophone ou encore ‘’Sœurs ennemies’’ qui passe sur Tv5 monde, ‘’Tundu Wundu’’ les a coiffées au poteau avec une enveloppe de 2 millions. Pourtant, la série, après une première saison à succès, a eu du mal à trouver un financement pour la suite. C’est finalement la chaine A+ qui a déboursé pour Lahad Wone et son équipe. Grâce à cette deuxième saison, il est sur le toit de l’Afrique aujourd’hui. ‘’Ce prix a été décerné à cette série pour la qualité de l’écriture du scénario et le casting bien fait’’, selon le président du jury séries télévisuelles, Issa Serges Coelo.

BIGUE BOB (envoyée spéciale à Ouagadougou)

 

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